Publié le 2 Oct 2019 - 17:08
SECTEUR DE LA BOULANGERIE

Une nouvelle homologation du prix de la farine annoncée

 

Une nouvelle homologation du prix de la farine est annoncée hier, par le directeur du Commerce intérieur (Dci).

 

Après des années de désaccords, les acteurs du secteur de la boulangerie et le ministère en charge du Commerce sont sur le point de trouver un terrain d’entente. Ainsi, des travaux ont été tenus ces derniers jours, en présence de tous les acteurs du secteur. Après les conclusions des travaux du comité technique sur la farine boulangère, il est retenu, selon le directeur du Commerce intérieur (Dci), de réviser les prix de la farine. L’objectif d’une telle décision est de les ‘’stabiliser’’, en tenant compte des fluctuations du marché mondial du blé.

Ainsi, Ousmane Mbaye informe qu’il a été décidé l’homologation du prix de la farine à 17 300 F Cfa le sac pour la farine ordinaire contre 18 000 F Cfa auparavant. Et aussi l’intégration, dans l’homologation, de la nouvelle farine améliorée (une nouvelle farine qui contient des améliorants de panification), avec un prix plafond de 17 800 F Cfa le sac. ‘’Le prix, une fois validé par un acte réglementaire, il ne sera plus possible à un quelconque meunier de vendre la farine à un prix supérieur à celui-là. En 2014, la farine améliorée ne faisait pas l’objet d’une administration de prix, parce qu’elle n’existait pas. Aujourd’hui, le comité a jugé nécessaire de soumettre ce nouveau type de farine à une administration des prix’’, précise le Dci.  

En dehors du prix de la farine, il est aussi prévu d’élaborer une réglementation visant à assainir le secteur de la boulangerie. Ceci, à travers un projet de décret et un projet d’arrêté d’application qui apportent, selon lui, des ‘’innovations’’ en termes de réglementation de l’accès à la profession, de formalisation des relations entre boulangers et distributeurs, de renforcement des exigences d’hygiène et de salubrité, et d’informations du consommateur. Et, aussi, d’introduire un quatrième format de pain, de poids supérieur, à déterminer en fonction des régions, à vendre exclusivement dans la boulangerie et ses prolongements. ‘’Cette proposition présente l’avantage d’offrir la possibilité aux boulangers de proposer du pain de meilleure qualité aux consommateurs tout en captant toute la marge de distribution, afin de mieux rentabiliser l’activité boulangère’’, ajoute-t-il.

D’après M. Mbaye, ce projet de texte intègre également les dispositifs institutionnels chargés d’encadrer le secteur de la boulangerie. ‘’C’est vrai que le Conseil national de la consommation est là pour suivre toutes les panoplies qui interpellent la consommation de façon générale. Mais aujourd’hui, les difficultés que rencontre le secteur sont telles qu’il est nécessaire d’instituer des mécanismes institutionnels pour la prise en charge des problèmes de façon permanente. C’est pourquoi il a été retenu de réorganiser le comité de suivi. Mais l’autre innovation, c’est de mettre dans chaque région un comité régional de suivi. Il y a aussi des sanctions qui sont prévues’’, renchérit le Dci.

A ce propos, M. Mbaye renseigne que le texte réaffirme les dispositions de tous les textes qui existaient, relatifs au code de l’hygiène et celui de l’environnement. Selon lui, le projet de texte a été adopté en collaboration avec tous les acteurs.

Les boulangers veulent l’application des textes

Pour sa part, le président de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (Fnbs) soutient qu’il y a toutes les dispositions légales pour éradiquer le problème de la boulangerie au Sénégal. ‘’Pour nous, le souci, ce n’est pas une question de prix, c’est surtout l’application et l’applicabilité des lois et décrets. Nous avons de sérieux problèmes en termes d’assainissement. Si, aujourd’hui, l’anarchie continue, nous aurons des soucis. C’est à vous de nous aider pour l’application et l’applicabilité des textes, notamment sur la vente du pain dans les boutiques, sa distribution, etc.’’, affirme Amadou Gaye.

D’après lui, les boulangers admettent aussi que leurs équipements sont vétustes. Et ils consomment beaucoup plus d’énergie. ‘’Nous souhaitons aussi que vous organisiez régulièrement des ateliers de mise à niveau. Pour qu’on puisse mieux comprendre les dispositions qui sont prises dans les textes. Nous sommes prêts à accompagner tous les efforts que l’Etat va faire. Mais il faudrait quand même qu’il nous appuie et que les associations de consommateurs jouent leur rôle par rapport à la sécurité alimentaire de la population. Il ne faudrait pas qu’on se focalise uniquement sur le prix’’, plaide-t-il.

Ainsi, le président de la Fnbs invite la tutelle à avoir une ‘’autre perception’’ du secteur de la boulangerie. ‘’Parce que nous avons des emplois à préserver. Beaucoup de boulangeries sont sur le point de fermer et si cette situation continue, il y aura des pertes d’emplois’’, souligne-t-il.

En plus de la réglementation, son camarade du Regroupement des boulangers du Sénégal (Rbs) renchérit que leur principale préoccupation, c’est la structure du prix du pain. ‘’Nous devons étudier, une bonne fois pour toutes, cette question. On ne doit pas la renvoyer à chaque fois. Le Rbs, pour sa part, exige toujours la vérité des prix. C’est un standard économique. La réglementation est inévitable et nous voulons qu’elle soit une réalité. Il est également important que les associations de consommateurs soient aux côtés des boulangers’’, indique le secrétaire général du Rbs, Modou Guèye.

Aujourd’hui, si tous les engagements et autres mesures pris aussi bien par le ministère, les meuniers, les boulangers et les consommateurs sont respectés, le président de l’Association des meuniers et industriels du  Sénégal (Amis), Claude Demba Diop, estime qu’ils vont pouvoir aider leurs ‘’amis boulangers’’ à sortir de la crise dans laquelle ils sont. ‘’Depuis des années, nous avons connu énormément de gymnastique sur le prix de la farine. A travers les travaux de la commission de réglementation, j’ai bon espoir que si l’application est faite dans les règles de l’art, nous arriverons à régler définitivement le problème essentiel qui est celui de la distribution’’, témoigne-t-il.

1,2 milliard de F Cfa de chiffre d’affaires généré par jour

Le secteur de la boulangerie au Sénégal génère, chaque jour, un chiffre d’affaires de 1,2 milliard de F Cfa. C’est l’annonce qu’a faite la ministre du Commerce et des Petites et moyennes entreprises (Pme), Assome Aminata Diatta, hier, lors du Conseil national de la consommation. ‘’Avec une production journalière de près de 1 200 tonnes de farine, près de 8 000 000 de baguettes de pain (pour un chiffre d’affaires de 1,2 milliard de F Cfa) sont produites chaque jour par des hommes et des femmes afin de les mettre à la disposition des consommateurs sénégalais’’, affirme-t-elle.

D’après Mme Diatta, c’est dire toute l’importance que le gouvernement attache à ce secteur dont les principaux produits générés (farine et pain) font l’objet d’une homologation. Qui ‘’ne vise qu’à encadrer’’ les prix dans des fourchettes qui rémunèrent meuniers et boulangers, tout en restant ‘’accessibles’’ pour le consommateur sénégalais.

‘’Parallèlement à ces propositions, il me plaît d’informer le Conseil national de la consommation des directives reçues du président de la République, M. Macky Sall, qui est très sensible à un retour à la stabilité dans le secteur de la boulangerie, relativement à l’examen des modalités d’appui au financement de la Délégation à l’entreprenariat rapide à apporter au secteur de la boulangerie’’, fait-elle savoir. Avant d’indiquer que ce travail est en ‘’voie de finalisation’’ avec le partage des demandes de financement allant de 500 000 à plus de 10 000 000 F Cfa.

Il s’y ajoute le Programme d’appui et de financement du Bureau de mise à niveau qui viendra renforcer l’investissement dans le secteur de la boulangerie. ‘’J’exhorte les boulangers à s’approprier ces différents outils pour se mettre à niveau dans la production et la distribution, en perspective de l’entrée en vigueur prochaine de la nouvelle réglementation dans le secteur de la boulangerie’’, lance-t-elle.

MARIAMA DIEME

 

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