Publié le 20 Apr 2015 - 03:38
SECTEUR TOURISTIQUE

L’incivisme des Sénégalais à l’origine de la récession

 

Le Sénégal n’est plus attractif, le tourisme en pâtit. Dans une contribution au débat sur la question lancinante de la relance et de la promotion du tourisme au Sénégal, le commissaire divisionnaire de classe exceptionnelle Cheikh Tidiane Ndiaye à la retraite ébauche des solutions.

 

La suppression du visa d’entrée simple au Sénégal, qui sera effective le 1er mai prochain, selon  le chef de l’Etat Macky Sall, est encore au cœur de l’actualité. Dans une contribution riche en informations contextuelles, le consultant en sûreté et sécurité, M Cheikh Tidiane Ndiaye, remet sur le tapis cette décision censée amorcer une mue pour la relance du Tourisme au Sénégal. Seulement pour le commissaire divisionnaire de classe exceptionnelle à la retraite, ‘’ce qui est discutable, ce n’est point de savoir si ladite mesure est opportune ; en revanche, son opérationnalité devrait être analysée par les acteurs du secteur du tourisme, en tenant compte des antécédents qui auraient dissuadé les touristes intéressés à revenir au Sénégal, autant qu’ils en avaient l’habitude et le goût. En considérant, l’antériorité presque décennale des débuts de la crise jusqu’à l’avènement de l’obligation du visa d’entrée qui date du 1er juillet 2013, une telle interrogation pas pessimiste mais prudente a bien sa place dans les projections induites par la nouvelle situation’’.

Dès lors, pour le commissaire divisionnaire, en dehors de la batterie de mesures prises ces dernières années pour développer le secteur touristique, il serait judicieux de procéder à une introspection avant de prétendre à une prospection. Dans cet élan, il est d’avis que l’incivisme des Sénégalais a fini par écorner l’image du pays qui perd en attractivité. Il dit relever ‘’un paradoxe quand on s’aperçoit par endroits, de la ruée de vagues de touristes vers des pays d’Asie et d’Afrique dont la réputation est établie de procédures d’immigration hyper compliquées et coûteuses, sans que ces destinations ne soient de la liste des destinations touristiques habituelles et de choix. Ces pays semblent avoir réussi le pari marchand pas de portée générale qui dit ‘’voilà ce que je vends, c’est à prendre en tout ou à laisser‘’.  

Dès lors, il urge,  à ses yeux, d’encourager un changement de comportements des Sénégalais appelés à être plus regardants sur la salubrité publique et leur façon d’agir. D’ailleurs, dès l’entame de son propos, il explique que la baisse de rentabilité du Tourisme de notre pays n’est pas toujours liée à des facteurs pour la plupart périphériques, mais elle a pour soubassement  ‘’les comportements inciviques qui ont des effets ravageurs sur notre tradition de la Teranga et en voie de conséquence, sur l’attractivité de la destination Sénégal, en même temps que sur tous les secteurs de notre développement économique et social’’.

A son avis, malgré la volonté affichée par Macky Sall de sauver un secteur en récession,  il aura besoin de s’appuyer sur la contribution des psychologues du tourisme et sociologues, dans la mesure où, il estime que le mal est très profond. Et c’est parce que, souligne t-il, toute la chaîne sociale en est infectée, et par voie de conséquence, on assiste à une ‘’récurrence de toutes les crises sectorielles qui, reliées les unes aux autres, entravent immanquablement et remarquablement la marche de notre société vers le l’Emergence, au sens d’émancipation sociale et de développement économique’’.

Autre remarque, les Sénégalais ne doivent pas perdre de vue que ‘’les critères de stabilité politique et de paix sociale ne semblent pas avoir de valeur absolue et uniforme, qui détermine la fréquentabilité touristique d’une destination. ‘’L’exemple est donné d’un pays sorti dernièrement d’une guerre civile décennale, et qui est en voie, dit-on, de réussir le pari de refaire son tourisme national. Que dire aussi de pays marqués par des actes terroristes sporadiques et qui ont continué, malgré tout, à recevoir le même quota de touristes, dans les mêmes périodes ?’’ Et pour promouvoir la destination Sénégal, les acteurs du tourisme devraient mettre en valeur le concept du développement endogène. Et pour cause, ‘’notre conviction est qu’un aéroport, fût-il de dernier cri au plan technologique, ne fait pas forcément d’un pays une destination touristique de choix: Dubaï ne tient pas sa place mondiale de hub touristique d’affaires de la dimension de son aéroport. De même, un bel agencement hôtelier ne fait pas forcément une destination touristique courue, si les mêmes réceptifs ne font que rappeler aux touristes les mêmes constructions et aménagements qu’ils ont laissés chez eux’’.

La relance du secteur est tributaire, selon le consultant, à ‘’l’écologie, à la disponibilité d’espaces de détente, de sites culturels et historiques, aux plages bien sûrs quand le pays dispose d’une façade maritime’’. D’où l’impérieuse nécessité de s’attaquer ‘’aux mouvements piétonniers et motorisés désordonnés dans la circulation avec des grappes d’individus qui traversent inconsidérément la chaussée et les carrefours dans tous les sens, l’altération volontaire par des individus des infrastructures et des installations routières, d’éclairage, de commodité, comme ceci est déploré à Dakar et à Thiès qui offre sur sa voie de dégagement le spectacle désolant de tous ces poteaux abattus à des fins maffieuses, les câbles extraits, recyclés et à coup sûr vendus, dans le marché urbain de fonte et de la brocante’’.

L’Etat qui a inscrit le tourisme dans son agenda des ‘’six priorités’’ du Programme Sénégal émergent risque de passer à côté, s’il feint l’ignorance face à ‘’la présence massive de tous ces individus sur les axes routiers à la faveur des embouteillages et qui slaloment entre les véhicules pour vendre journaux, cartes de crédits téléphoniques ou journaux sans se soucier du danger qu’ils courent par eux-mêmes et qu’ils font courir aux autres – les hordes de mendiants tous âges et tous sexes confondus qui essaiment la même voie publique avec malheureusement une majorité d’enfants dont les conditions d’existence sont déplorées de façon significative’’.  

Matel BOCOUM

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