Publié le 24 Aug 2016 - 23:18
SENEGAL

Que cache la fin de la psychose terroriste

 

Tout est phénomène de mode au Sénégal. Même les questions les plus sérieuses liées à la sécurité nationale comme le terrorisme sont traitées de la même façon. On se met subitement à en parler comme si la menace est imminente et que les Djihadistes vont frapper d’une minute à l’autre et puis, subitement, personne n’en parle plus. Comme s’il y avait une trêve avec ses fondamentalistes pour épargner notre pays.

Ce début d’année a été particulièrement fertile en informations sur les risques d’attentats au Sénégal au point que beaucoup d’observateurs se sont demandé si les autorités étaient vraiment sérieuses dans leur campagne de communication qui était excessive à tous points de vue.

A cette overdose de communication des autorités sur le terrorisme, il faut ajouter la complicité des Ambassades étrangères comme la France et les Etats-Unis.

Les Ambassadeurs de ces pays n’ont jamais cessé de donner des informations en la matière. D’ailleurs, ils seraient l’auteur de l’information selon laquelle le Mali, la Côte d’Ivoire et le Sénégal seraient  dans le collimateur des Djihadistes. Et comme les deux premiers pays ont été frappés en plus du Burkina Faso, tout le monde se disait que ce sera le tour du Sénégal.

Cette polémique alimente le débat au moment où les autorités sénégalaises ont annoncé leur intention d’accueillir deux prisonniers de Guantanamo selon un accord qu’ils ont signé avec les autorités américaines. Il  s’agit de Salem Abdu Salam Ghereby et Omar Khalif Mohammed Abu Baker Mahjour Umar. Ce début du mois d’avril, la presse nationale et internationale s’est saisie de cette question. Le Sénégal fait la Une partout y compris au New York times. C’était en avril 2016.

Et au mois de juin, le rapport du Département d’Etat rend publique une information top défense : des lacunes et des failles dans le dispositif sécuritaire du Sénégal contre le terrorisme tant sur le plan législation qu’opérationnel.

Certes, des atouts ont été notés dans le rapport des Américains, mais le fait de rendre publiques ces lacunes a fait sortir de sa réserve le Directeur général de la Police qui a tenu à faire remarquer qu’aucun pays n’est suffisamment préparé face à la menace terroriste.

Ce qui a surtout étonné, c’est ce mode de communication qui peut ajouter à la psychose constatée au niveau de la population s’agissant notamment de cette question.

On a notamment dit et rabâché aux populations que c’est notre tour d’être frappé et on nous a dit aussi que nos forces et services de sécurité n’étaient pas assez outillé contre le mal.

Alors, il ne restait au Sénégal que d’être sous tutelle en matière sécuritaire. Eh bien, c’est ce qu’il a fait, en signant, avec ces mêmes américains, un accord de défense jugé historique. C’était le 02 mai 2016, quelques jours avant la publication du rapport sur nos lacunes en matière de sécurité.

C’est pourquoi, nombre de Sénégalais ont vite fait le lien en se demandant si ces informations très alarmantes sur le terrorisme n’étaient pas dictées par le souci de faire passer ces accords de défense qui ne sont rien d’autre qu’une mise sous tutelle américaine de notre sécurité après les accords avec la France.

Car, les Américains, depuis 2008, date de création de Africom, le Commandement unique pour l’Afrique, ont toujours rêvé d’avoir une base au Sénégal dont la position géographique offre de nombreux avantages stratégiques et opérationnelle.

En tout état de cause, depuis lors, la psychose terroriste a tout de suite disparu. Personne n’en parle plus. Comme si la menace terroriste avait disparu.

Or, même si la population peut être laissée tranquille en évitant de la perturber pour des informations sur laquelle elle n’a aucune maitrise, les forces de sécurité doivent maintenir la vigilance.

Aucune tutelle, du reste attentatoire à la souveraineté nationale des Etats ne saurait suffire pour baisser la garde et penser que la menace est dissipée.

Les Djihadistes se soucient peu des campagnes de communication surtout si celles-ci visent à imposer des forces étrangères dont leurs pays ont d’autres préoccupations liées notamment aux découvertes de gisements de gaz et de pétrole.

Jean-Pierre Mendy

 

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