Publié le 17 May 2019 - 01:36
SERIGNE MBOUP, PRESIDENT CHAMBRE DE COMMERCE KAOLACK

‘’Pourquoi je suis candidat à la mairie de Kaolack’’

 

Le président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Kaolack, Serigne Mboup, a récemment déclaré sa candidature à la mairie de la ville. Dans cet entretien, il revient sur ses motivations.

 

Pourquoi avez-vous senti le besoin de vous présenter aux prochaines élections locales, pour diriger la mairie de Kaolack ?

Comme vous le savez, je suis le président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Kaolack, qui représente les opérateurs économiques. La chambre a ainsi une vocation pour le développement économique de la région. Et nous avons déjà fait beaucoup de choses dans ce domaine. Maintenant, au niveau où nous sommes, il nous faut la confiance de la population pour aller beaucoup plus loin dans ces efforts pour le développement économique de ce terroir.

Au Sénégal, les collectivités locales sont assimilées à des postes politiques. Or, elles devraient normalement être des démembrements de l’Etat pour contribuer à la gouvernance des affaires publiques.

Est-ce une manière de dire qu’en l’état actuel des choses, les collectivités locales ne jouent pas pleinement leur rôle ?

On ne peut pas dire qu’elles ne jouent pas leur rôle, mais c’est leur orientation qu’il faudrait revoir. A quelques exceptions près, comme la mairie de Sandiara qui est dans une logique de développement économique de sa région, la plupart n’ont qu’une vocation politique et sociale. En ce qui nous concerne donc, nous avons une autre vision de l’orientation de ces collectivités locales. Comme nous avons réussi à le faire avec les chambres de commerce qui, avant notre arrivée, étaient plus tournées vers la politique.

N’est-ce pas une manière d’avoir un pied dans la chose politique ?

Non, ce n’est pas ça notre objectif. Nous ne sommes pas non plus de l’opposition. La mairie est juste un démembrement de l’Etat dont la vocation est juste d’être plus proche des populations. Dans notre conception, une collectivité locale, pour accomplir convenablement sa mission, ne peut pas être contre l’Etat. Et puis, il ne faut pas oublier que pour la première fois, Kaolack a voté à 58 % pour Macky Sall. C’est parce qu’il a promis de redonner à la capitale du Saloum son statut de ville carrefour. Mais si le président de la République nourrit cette ambition de développer Kaolack et que, derrière lui, il n’a pas de personnes qui réfléchissent sur l’économie et le développement, il ne pourra pas atteindre cet objectif. Notre vision repose ainsi sur deux options. La première consiste à sensibiliser les populations pour qu’elles s’acquittent de leurs devoirs. La seconde est d’aider l’Etat à leur rendre la pièce de leur monnaie, en leur assurant de meilleures conditions de vie.

Pourquoi maintenant ?

Parce que nous avions des missions différentes. Ma mission, jusque-là, était de faire avancer les opérateurs économiques de la région. On ne peut pas tout faire d’un seul coup. Moi, je suis un homme de défis. Au début, j’étais à Dakar ; à un moment, j’ai senti le devoir d’aller dans mon terroir. La mission qui me reste est de m’occuper de l’ensemble de la population, non plus des opérateurs économiques seulement.

Ne craignez-vous pas des représailles ?

Non ! Pas du tout. Peut-être des compétitions. Nous sommes quand même dans un pays démocratique, civilisé… Les gens vont certainement essayer de nous attaquer, mais nous allons nous défendre.

Vous pensez avoir des arguments pour remporter ces élections ?

Je dis clairement qu’il y a deux choses. La première, j’ai déclaré ma candidature pour voir la situation, mais aussi je vais faire un diagnostic de la situation, les besoins de la population. Si nous réussissons à faire savoir à la population ses devoirs et réclamer ses droits, ça sera un acquis. Nous aurons la chance de gagner les élections. La mairie n’est qu’une représentation de la population. Et cette dernière doit prendre son destin en main.

Nous n’avons pas misé uniquement sur la mairie pour faire avancer le pays. Si nous gagnons c’est bien, au cas contraire, cela ne va pas nous empêcher de continuer à travailler pour la région de Kaolack. Nous avons une équipe dynamique, car l’équipe que nous voulons mettre en place n’est pas seulement  constituée d’opérateurs économiques. Elle est composée d’intellectuels, d’hommes politiques, etc. Nous voulons avoir un conseil municipal qui réunit tout le monde, où chacun est capable de gérer une municipalité. Nous évoluons dans le secteur de  l’économie, nous établissons des méthodes et statistiques. Dans chaque chose, il faut voir les préalables, voir si nous avons la chance de pouvoir remporter les élections et de pouvoir gérer. Tu peux gagner les élections et ne pas pouvoir gérer, parce que tu n’as pas la population derrière toi.

Quel jugement portez-vous sur le bilan de l’actuel maire ?

Nous ne le jugeons pas. Nous ne sommes pas dans la logique de dire si ce qu’elle a fait est bon ou mauvais. Je préfère dire ce que je peux faire pour ma ville. Je laisse à la population le soin d’apprécier le bilan de l’actuelle équipe municipale. Si les populations pensent que le maire a bien travaillé, elles vont naturellement la reconduire. Au cas contraire, elles vont sanctionner pour élire quelqu’un d’autre.

Comment appréciez-vous la situation économique à Kaolack ?

Il y a de l’espoir à Kaolack. L’organisation de la foire a été un grand succès, avec plus de 200 000 visiteurs. Kaolack est une ville carrefour. Il faut toujours de bonnes solutions pour faire renaitre la région, car tout est là. Il est possible qu’un jour, la région de Kaolack arrive au même niveau que Dakar. On peut même faire plus. En 1911, Kaolack était beaucoup plus développée que Dakar. Nous voulons redonner à cette région ses lettres de noblesse.

Comment voyez-vous la suppression du poste de Premier ministre ?

C’est la volonté du chef de l’Etat. Je ne juge pas les actes du président de la République. Dans le monde, il y a des pays comme les Etats-Unis qui n’ont pas de Premier ministre. Le plus important, c’est de voir les politiques mises en place par le gouvernement et les résultats produits. Ce que je vois, c’est qu’il a mis en place une équipe dynamique, jeune. Et je pense que les choses commencent à bouger.

AIDA DIENE

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