Publié le 28 Oct 2018 - 01:07
SERIGNE MOUNTAKHA BASSIROU 8e KHALIFE DES MOURIDES

Dans la continuité de Serigne Sidy Mokhtar*

 

Serigne Mountakha Bassirou Mbacké qui a succède à Serigne Sidy Mokhtar Mbacké à la tête de la communauté mouride, il y a moins d’un an (10 Janvier 2018), a inscrit son action  de tous les jours dans la continuité  du défunt khalife. 

 

C’est une lapalissade que de dire que les khalifes généraux de Touba ont été à bonne école. Mais Serigne Mountakha a très tôt montré des dispositions intellectuelles qui ont forcé l’admiration de ses pairs, de ses aînés et de ses oncles. Né à Darou Salam au début des années 1930, il fait ses humanités sous la supervision de Serigne Bassirou Tall avant de rejoindre Serigne Momar Ndoye Cissé. Il sera ensuite initié de manière plus poussée aux sciences religieuses et morales par Serigne Habibou avant d’aller se parfaire chez le voisin du nord, la  Mauritanie, en compagnie de Cheikh Moustapha Lo.

Excellent assimilateur, son statut d’érudit était une évidence à son retour et fait sa renommée dans un cercle familial mouride très avide de savoir et respectueux de savants. Le fils de Serigne Bassirou Mbacké et de Sokhna Bintou Diakhaté est très calé. Un trait de caractère qu’il tient peut-être de sa mère. Le parolier Saliou Guèye Badar raconte que cette dernière, très jeune, a voulu offrir un ‘‘hadiya’’ (présent) au fondateur du Mouridisme, Serigne Touba, et qu’impressionné par ce geste, le saint homme a apposé sa main sur elle pour la bénir. Une bénédiction qui suit la lignée de Serigne Bassirou, raconte le chansonnier puisque d’elle sont issus les plus grands érudits de la famille mouride qui ont en charge l’éducation et la formation religieuses à Porokhane, la localité d’origine de la mère de Serigne Touba.

‘‘Kër gu mak’’ à Diourbel est également placée sous l’autorité de cette famille. A cela, le nouveau khalife a ajouté sa touche personnelle avec beaucoup de daara qu’il a implantés, dont Darou Tanzil dirigé par Abdou Lahat Sané qui a en charge l’éducation de plus de 500 jeunes filles. ‘‘On passerait la nuit à les énumérer’’, avance Badar. Il est également créateur de ‘‘douna maini’’, une autre bibliothèque, certes plus modeste que celle de ‘‘daaray kaamil’’. Une formation académique solide complétée par le volet économique puisqu’il est grand producteur avec ses champs à Darou Salam Typ. A son retour de Mauritanie, la satisfaction de ses parents en bandoulière, il tenait les ‘‘fulku’’ litanies dites pendant  le ramadan, à l’initiative de son père.

Respect des aînés

Les témoignages lui attribuent des qualités humaines similaires à son prédécesseur. Détaché des mondanités, doté d’un franc-parler exceptionnel, sa grande érudition n’a jamais empêché sa soumission face à ses aînés. ‘‘Devant Serigne Bara ou Sidy Mokhtar, il s’asseyait par terre et ne mettait jamais de couvre-chef’’, déclare Iran Ndao. Des sourcils très fournis et des favoris très blancs sont les traits qui attirent tout le temps le visage pratiquement barré d’une paire de lunettes et surmonté d’une chéchia. Dans une vidéo postée sur youtube, on le voit lui-même clamer que le dernier khalife fils de Bamba, Serigne Saliou Mbacké, lui a ‘‘confié’’ spécialement la lecture du panégyrique composé par Serigne Touba, ‘‘Nourou Daarayni’’  (Ndlr : lumière des deux mondes), pour qu’à leur disparition, toutes les âmes puissent espérer trouver le Salut. Dans la même lignée, ses deux prédécesseurs ont vite compris qu’il était la valeur sûre qui était dans les dispositions de garder jalousement et fidèlement le temple. Mais lui, s’est toujours comporté en disciple soumis. La vidéo de sa contribution pour la mosquée de Darou Minam, 72 millions FCFA, remis à Serigne Bara Fallilou, a renforcé cette perception.

Quant à Serigne Sidy Mokhtar, malgré son statut de khalife, il avait fait de lui non seulement sa propre référence morale mais également son bras droit, son ‘‘diawrigne’’. Une estime qu’il lui rendait bien en retour. ‘‘Si tu commandais un front armé,  je serais parmi les premiers martyrs ou alors je massacrerai des milliers d’ennemis’’, a-t-il dit au défunt khalife, rapporte dans une ode le parolier Saliou Guèye Badar. Son engagement sans faille pour la cause de Bamba fait de lui le ‘‘reconstructeur’’ de Darou Minam où repose son père et son frère aîné.

OUSMANE LAYE DIOP

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