Publié le 10 Oct 2015 - 00:19
SESSION SPECIALE PRE-RENTREE

Le gouvernement jette les bases d’un dialogue social

 

Instaurer un dialogue social entre les différents partenaires de l’école, c’est l’ambition du ministère de l’Education nationale déclinée hier. Une session spéciale pré-rentrée de deux jours se tient actuellement. Les enseignants demandent le respect des engagements.

 

Les acteurs de l’éducation nationale se réunissent en session spéciale pré-rentrée. L’objectif, cette année, est d’aller vers un apaisement du climat social dans le secteur. Ainsi, la rencontre vise à amener les partenaires de l’école à créer les conditions d’une année scolaire stable apaisée, sous l’impulsion du Haut Commissariat du Dialogue Social. Cette structure veut être au centre des initiatives de dialogue entre le gouvernement et les acteurs de l’éducation. Hier, la présidente de cette institution tripartite, Innocence Ntap Ndiaye, a soutenu que cette session tend à jeter les bases de mécanismes adaptés au dialogue social au niveau de l’éducation pour permettre à ce secteur de jouer pleinement son rôle dans le développement économique. ‘’Sous ce rapport, le comité du dialogue social du secteur et de la formation a un rôle primordial à jouer. Regroupant en son sein tous les acteurs, le comité doit être le réceptacle de la synergie des actions de prévention et de résolution des conflits qui peuvent survenir dans le secteur de l’éducation’’.

Innocence Ntap Ndiaye est d’avis que la restauration de la confiance entre différents acteurs passe par un climat apaisé. Le ministre de l’Education nationale Serigne Mbaye Thiam a, pour sa part, fait cas de l’engagement de la communauté internationale à régler les difficultés résiduelles que connait le système éducatif et de formation au niveau de tous les pays sous-développés en voie de développement. ‘’Ce contexte est favorablement à une mobilisation de financement, à des niveaux jamais atteints, pour l’horizon 2030, de la qualité de l’enseignement, formation professionnelle et du développement intégré de la petite enfance, entre autres’’, a dit le ministre. Serigne Mbaye Thiam d’ajouter que le pays est dans les mesures de réunir les conditions propices à prendre en charge la question de l’éducation, en adéquation avec la vision de la communauté internationale. Selon lui, il y a des progrès réalisés et des défis à relever. C’est pourquoi, il appelle à une mobilisation de tous, durant cette session de deux jours pour arriver à un consensus autour de l’instauration d’un climat apaisé et stable.

Le ministre de la Fonction publique, Viviane Bampassy, a elle insisté sur la sincérité et la responsabilité, en vu d’arriver à un système éducatif performant. Elle a aussi rappelé l’engagement du gouvernement à respecter les accords signés. Prennent part aussi à cette session, les ministères l’Economie et des Finances, de la Formation professionnelle, la société civile, la COSYDEP, l’association des parents d’élèves, entre autres.

‘’Ce panel est venu après son heure’’, selon les enseignants

Dans la lignée de leurs déclarations de ces derniers temps, les syndicalistes d’enseignants ont déclarés hier leurs inquiétudes quant à une année scolaire apaisée. Ils attendent toujours de l’Etat qu’il tienne ses promesses. Les syndicalistes de l’enseignement attendent des résultats probants, à la sortie de cette rencontre de deux jours. Ils exhortent le gouvernement à respecter ses engagements pour une amélioration des conditions d’enseignement. Selon le secrétaire général des Enseignants Libres du Sénégal (SELS), Oumar Wally Zoumarou,  cette session ne peut pas être considérée comme une session pré-rentrée, pour l’unique raison que la rentrée est déjà effective, aussi bien pour le personnel enseignant que pour les élèves.

‘’La rentrée est déjà effective. Sur l’objectif général, nous sommes tout à fait d’accord qu’il faudrait, dans un contexte pareil, que tous les acteurs puissent se retrouver, dès l’entame de l’année scolaire 2015 2016’’, déclare Oumar Wally Zoumarou. A son avis, ‘’ces retrouvailles permettront de répertorier la totalité des difficultés qui pourraient contribuer à déstabiliser le système et instaurer un climat de conflit’’. ‘’A ce niveau, poursuit-il, en tant que partie syndicale, nous avons fini de jouer notre partition, déjà en l’annonçant à l’opinion et tous les acteurs concernés par le système éducatif notre volonté de tendre vers une année stable’’. Celle stabilisation doit passer par le respect des différents engagements que le gouvernement a pris avec les syndicats d’enseignants.

‘’ Nous voulons des paroles sincères et véridiques’’

‘’Nous, partie syndicale, nous sommes preneurs. Maintenant, faudrait-il que toutes les questions qui seront abordées durant cette session, le soient dans un contexte de sérénité, mais également de sincérité. Nous voulons, au moins pour une fois, que la vérité puisse jaillir de ces joutes, mais également que la sincérité puisse prévaloir’’, continue Zoumarou. Le SG du SELS salue le caractère particulier de cette rencontre qui est l’une des premières activités du Haut Conseil du Dialogue Social. D’autant plus qu’auparavant, il s’agissait de réunions conviées en période de crise. Pour lui, le dialogue social n’a jamais été institutionnalisé dans le secteur de l’éducation.

Le coordonnateur de l’un des deux Grands Cadres syndicaux, Mamadou Lamine Dianté, souligne que cette rencontre a été initiée, pour se faire une idée sur le niveau d’exécution des accords. Or, dit-il, ‘’le comité de suivi s’est réuni le 17 septembre et a montré que rien n’a été fait dans les engagements pris par le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dione’’. D’ailleurs, il rejoint son collègue pour dire que le panel est venu, bien après son heure. Le secrétaire général du Cadre Unitaire Syndical des Enseignants du Moyen et du Secondaire (CUSEMS), Abdoulaye Ndoye, attend pour sa part l’application des points d’accords consignés dans le procès-verbal signé le 06 mai. ‘’Nous attendons des réponses concrètes, précises. On ne peut pas passer notre temps à discuter et faire des leçons de patriotisme, de civisme aux enseignants’’, fulmine-t-il. Faisant l’analyse de la situation, il estime que toutes les conditions ne sont pas réunies pour un démarrage des enseignements.

‘’Cette rencontre peut être considérée, comme celle de la dernière chance’’

 Le coordonnateur de l’autre Grand Cadre, Abdou Faty, ne voit qu’un éternel recommencement. ‘’Nous attendons du gouvernement une volonté. Heureusement, ils sont bien représentés et nous pensons qu’ils prendront des décisions et que les seconds couteaux ne nous mettront pas encore les bâtons dans les roues et refaire un éternel recommencement’’. Le syndicaliste estime que ‘’cette rencontre est une rencontre de dernière chance’’, et espère que les choses vont changer avec l’implication du haut conseil. 

AIDA DIENE

 

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