Publié le 26 Mar 2017 - 03:44
SEYDOU GUEYE (MINISTRE PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT)

‘’Nous avons toutes les raisons de rester optimistes’’

 

Alors qu’une frange de l’opposition décrète, à partir de ce 25 mars 2017, la fin du mandat présidentiel de Macky Sall, le porte-parole du gouvernement et de l’Alliance pour la République pense lui, que c’est une autre étape qui s’ouvre dans le cycle des défaites de l’opposition. Seydou Guèye, dans cet entretien avec EnQuête, revient sur le bilan du chef de l’Etat qu’il juge positif en dépit des difficultés que rencontrent les Sénégalais.

 

Monsieur le ministre, le 25 mars 2017, le Président Macky Sall aura fait 5 ans à la tête du pays. Mais selon une frange de l’opposition, c’est à partir de cette date que prend fin le mandat du président de la République. Qu’en pensez-vous ?

Cette question est derrière nous puisque les Sénégalais avaient élu le Président pour 7 ans en 2012 et ils ont tranché définitivement le débat après la décision du Conseil constitutionnel sur la durée des mandats du président de la République le 20 mars 2016, en adoptant largement le projet de réforme constitutionnelle. Je pense  plutôt qu’à partir du 25 mars 2017, c’est une autre étape qui s’ouvre, dans le cycle des défaites de l’opposition qui a une sorte d’affinité quasi naturelle avec l’échec aux élections.  Je reste convaincu que la très grande majorité des Sénégalais, qui sont les décideurs en matière électorale, ont fait le choix définitif du Président Macky Sall pour conduire leur destinée et continuer ce challenge du Sénégal émergent.

Quel bilan tirez-vous de sa gestion durant ces cinq ans ?

Un bilan largement positif, marqué par les performances économiques inédites et une grande efficacité sociale des politiques publiques. Dès son élection, et face aux urgences, le Président Macky Sall a fait le choix du courage et de l’humanité en engageant des réformes hardies, en vue de transformer structurellement notre économie, promouvoir l’égalité sociale et l’équité territoriale et asseoir les bases d’une gouvernance vertueuse.

Incontestablement, notre pays a renoué avec une croissance forte, inclusive, durable, et les retombées se font sentir dans tous les secteurs d’activités. Du monde rural aux villes, en passant par les zones périurbaines, l’espoir renaît, car les Sénégalais, qu’ils soient agriculteurs, éleveurs, fonctionnaires, ouvriers ou industriels, voient que les choses bougent et dans le bon sens.

Non seulement le Président Macky Sall a réussi à remettre le pays en marche, mais il a surtout jeté les bases d’un développement économique et social endogène. Les chantiers qui sont ouverts partout augurent des lendemains bien meilleurs que viennent consolider les récentes découvertes de gaz et de pétrole. Vue par l’extérieur, notre diplomatie conforte son rôle et sa place dans le concert des nations, la crédibilité économique, et la signature du Sénégal est renforcée. Notre pays est bien positionné dans les différents classements qui mesurent les progrès des peuples vers le développement, la gouvernance et la démocratie. Au-delà du bilan des 5 ans, nous avons toutes les raisons de rester optimistes car les perspectives sont encore plus engageantes.

Sur le plan économique et social, beaucoup de difficultés persistent surtout au niveau de la prise en charge de la demande sociale. Le régime n’a-t-il pas failli dans ce domaine ?

Absolument pas ! La demande sociale est un concept générique, je dirais même un concept valise où l’on peut tout mettre. Mais interrogez tous les secteurs de la vie sociale et vous vous rendrez compte que le Président Macky Sall a posé des actes forts, appréciés par beaucoup  de nos compatriotes. Rappelez-vous que les premières mesures qu’il a prises pour inaugurer son mandat ont porté sur la baisse des prix des denrées de grande consommation, sur celle de la fiscalité sur les salaires qui avait pour but de renforcer le pouvoir d’achat des ménages. Vous aurez remarqué qu’il n’y a pas eu de hausse sur les prix sur toute la période.

Il s’en est suivi d’autres mesures phares comme la baisse des loyers ; les bourses de sécurité familiales allouées aux 300 000 ménages vulnérables, à raison de 25 000 francs par trimestre ; la couverture maladie universelle ; et tout récemment la baisse généralisée des factures d’électricité qui intervient à un moment où les longues et interminables coupures d’électricité sont derrière nous. A côté de ces mesures salutaires, vous pouvez également consigner les programmes de rattrapage comme le PUDC, avec ses volets approvisionnement en eau, électrification, désenclavement et allégement des travaux de la femme. En toute objectivité,  les préoccupations majeures des Sénégalais ou leurs demandes multiformes sont en voie d’être réglées par le Président Macky Sall, même s’il reste encore du chemin à faire. Et je ne vous ai pas parlé des infrastructures.

Récemment, une flambée des prix des denrées de première nécessité a été notée. Comment expliquez-vous cela ?

En réalité, Il y a eu une hausse de prix de quelques denrées comme l’huile, du fait du renchérissement des cours mondiaux. Cela relève plus d’un choc exogène. Mais le gouvernement, sur instruction du Président Macky Sall, a pris les mesures idoines pour amoindrir les conséquences qui pouvaient en découler.

A côté de la flambée des prix des denrées de première nécessité, il y a le coût du loyer qui étrangle les pères de famille. Il y a beaucoup de spéculations dans ce domaine et à cause de la loi sur la baisse, les prix ont presque triplé. Comment voyez-vous cela ?

Je ne pense pas que les prix aient augmenté du fait de la loi sur la baisse des loyers. Ce qui serait un paradoxe. Au contraire, nous avons bien enregistré une baisse généralisée. Cependant, je reconnais qu’il y a eu des difficultés dans l’application de la mesure et c’est cela qui est à l’origine de nombreux contentieux entre locataires et bailleurs. C’est également la raison pour laquelle le chef de l’Etat a demandé en Conseil des ministres et au gouvernement de procéder à l’évaluation de la mesure en vue d’apporter les correctifs nécessaires, dans l’intérêt réciproque des bailleurs et des locataires.   

Le régime ne devrait-il pas, selon vous, prendre ce problème à bras le corps pour freiner la spéculation qui se fait sur le dos des populations au su et à la barbe des tenants du pouvoir ?

Comme je vous l’ai indiqué, la démarche est en cours pour recenser tous les points forts et faibles de cette mesure salutaire de haute portée sociale, que le chef de l’Etat a prise pour stopper la flambée des loyers. Attendons donc de disposer du rapport et sans nul doute, ses recommandations pertinentes seront mises en œuvre dans l’intérêt de tout le monde.

Selon vous, comment réglementer le secteur de la location ?

Le secteur est déjà réglementé. Ce qu’il nous faut plutôt, c’est d’aller vers une amélioration du dispositif législatif, réglementaire et de contrôle qui régit le secteur. Et certainement, le rapport mettra le doigt sur ce qui ne va pas dans le secteur, et préconisera  les mesures appropriées pour régler définitivement les problèmes identifiés. Vous pouvez être rassuré, l’Etat jouera tout son rôle de régulation du secteur.

Ne devrions-nous pas aller vers une deuxième baisse des prix du loyer et une fixation des prix pour protéger les locataires ?

Je ne suis pas sûr que la bonne réponse à apporter soit la spirale du toujours moins. Notre ambition est de travailler pour que les Sénégalais soient dans le plus ou le positif, en termes de richesse, de santé, de confort et de dignité, etc… Le Président Macky Sall voit large et développe une pensée tournée également vers l’anticipation en termes de mesures à prendre dans l’intérêt des locataires mais aussi des bailleurs qui ont investi leur argent dans l’immobilier. Le gouvernement travaille dans l’optique d’une solution durable en agissant aussi bien sur l’offre que la demande. C’est ce qui explique les programmes de logements sociaux notamment à Diamniadio pour les classes moyennes et celles d’en dessous, afin de faciliter l’accès au logement et à la propriété à un moindre coût.  

On parle beaucoup de logements sociaux, mais les prix sont souvent inaccessibles aux populations démunies. L’Etat ne devrait-il pas changer de paradigme ?

Le paradigme est bon et me semble porteur d’avenir. Il s’appuie sur une volonté politique de faciliter l’accès à la propriété à tout Sénégalais, qu’il soit d’ici ou de la diaspora. Ensuite, il allie le renforcement et la diversification de l’offre au soutien de la demande pour garantir sa solvabilité. A mon sens, cela constitue l’expression d’une vision politique juste et pertinente.

Ne faudrait-il pas songer à délocaliser la capitale dès lors que Dakar étouffe ?

Dakar étouffe, vous avez raison. Fort heureusement, le président de la République, avec courage et vision, a repensé la politique d’aménagement du territoire, à travers notamment l’acte III de la décentralisation, pour faire des départements et communes des territoires viables où se développent des activités socioéconomiques pouvant attirer et fixer les populations sur place. En plus de cela, il y a la politique de promotion de pôles urbains dont l’exemple emblématique est le pôle urbain de Diamniadio. Soyons patients. D’ici peu, quand la ville de Diamniadio sortira définitivement de terre, vous jugerez vous-même sur le terrain les efforts qui sont faits pour désengorger Dakar et promouvoir le développement équilibré des territoires.   

Malgré tout ce que vous dites, il n’empêche que les populations éprouvent toujours d’énormes difficultés. Est-ce que celles-ci ne risquent pas de constituer des handicaps majeurs pour le camp présidentiel lors des prochaines joutes électorales, notamment les législatives du 30 juillet 2017 ?

Au regard du bilan fort élogieux du Président Macky Sall, après cinq ans de magistrature suprême, les Sénégalais sont plus que convaincus qu’avec lui, le Sénégal ira de mieux en  mieux. Donc, je suis persuadé que lors des législatives de juillet 2017, ils voteront massivement pour la coalition présidentielle pour lui donner une majorité confortable à l’Assemblée nationale, en attendant de lui renouveler un bail de cinq ans à la tête du pays en 2019.

Sur le plan politique, certains dénoncent un recul démocratique avec beaucoup d’interdictions de manifestations politiques et d’emprisonnements de leaders politiques comme c’est le cas avec le maire de Dakar, Bamba Fall et autres. Que répondez-vous à cela ?

Si emprisonner quelqu’un qui a commis un délit établi où qui fait l’objet d’une procédure judiciaire telle que le prévoit le Code de procédure pénale, fût-il un haut responsable politique, constitue un recul démocratique, alors moi je n’ai rien compris à la promesse démocratique qui postule l’Etat de droit, la garantie des libertés individuelles et collectives comme le respect de l’ordre public. Ces deux affaires que vous évoquez sont pendantes devant la justice, donc je ne voudrais pas m’y épancher outre mesure. Mais retenez seulement que nous avons une justice indépendante animée par des magistrats consciencieux de leurs responsabilités et qui disent le droit selon leur conviction personnelle et en toute dignité.

L’affaire Khalifa Sall suscite beaucoup de commentaires. Quel est votre avis sur la question ?

Pour ce que nous en savons, c’est une affaire grave. Le commentaire est libre et chacun y va selon ses opinions et la justice dira la vérité judiciaire de cette affaire de détournement de deniers publics. Khalifa Sall est mis en examen, donc, présumé innocent. C’est au juge d’apprécier les faits et de dire le droit. Restons serein en veillant au respect et à la confiance dus à la justice de notre pays.

Beaucoup soupçonnent derrière cette affaire une tentative de liquidation d’un adversaire politique en instrumentalisant la Justice. Qu’en pensez-vous ?

Pas du tout. Les magistrats sont remarquables de dignité. C’est la loi et leur intime conviction qui fondent les décisions de justice. Mais l’un dans l’autre, c’est sûr la base de faits que ces responsables ont été incarcérés, et je précise qu’ils ne sont pas encore condamnés. Donc, encore une fois, laissons la Justice faire son travail et nous serons tous édifiés s’ils sont coupables ou non des faits qui leur sont reprochés, quand le jugement sera prononcé par le tribunal.

PAR ASSANE MBAYE

 

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