Depuis quelques années, Seynabou Faye fait le bonheur des supporters du Dakar Université Club (Duc) sur les parquets. Derrière cette basketteuse douée, se cache une étudiante brillante. En cette journée mondiale de la femme, EnQuête vous plonge dans l’univers de cette talentueuse sportive.

Quand on parle de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar comme espace de sport-études, Seynabou Faye en est un exemple parfait. Cette étudiante allie bien les deux. Elle est tout aussi brillante étudiante qu’excellente joueuse de basket. Son talent de sportive, l’étudiante en Master 2 de droit privé option droit des assurances l’a mis au service du club universitaire de Dakar. Sa passion  du basket, on la ressent dès qu’on franchit la porte de sa chambre au pavillon F de la cité Alioune Sitoë  Diatta (ex Claudel). Maillots et blousons par-ci, chaussures de sport par-là, médailles  accrochées au mur, ici on baigne plus dans une ambiance sportive qu’estudiantine.

La maîtresse des lieux est vêtue d’un sous-vêtement rouge qui tombe sur une culotte verte. Seynabou Faye, 25 ans révolus, teint noir,  avec son mètre  90, avait, dès le bas âge, les prédispositions pour réussir au basket tout en poursuivant ses études.

Issue d’une famille sportive

Son histoire avec le ballon orange remonte à son enfance. Chez les Faye, le sport est une affaire de famille. Dans la fratrie de neuf enfants, tout le monde est  sportif. Du coup, inutile de demander à Seynabou quand est-ce qu’elle a commencé le basket. Elle y est née. Seynabou a suivi très tôt les recommandations de son père, un adjudant-chef de la gendarmerie. Un homme intransigeant, attentionné mais très attaché à la discipline et au travail. ‘’Mon père nous a toujours exhortés à suivre ses traces pour réussir dans les études et dans le sport. Il était gardien de but dans l’équipe de la Gendarmerie, vice-champion d’Afrique en Taekwondo et champion du Sénégal de lancer du javelot à deux reprises’’, dit-elle.

Celui-ci avait établi un emploi du temps strict pour ses enfants : un temps pour le travail, un autre pour les études et quelques moments de loisirs.  A la Caserne Samba Diéry Diallo de Dakar où vivait toute la famille Faye, le terrain de basket était l’espace de jeu favori de Seynabou. C’est là-bas qu’elle a récité ses premières gammes de future basketteuse. Très jeune, elle a commencé à développer un talent précoce. Au fil des années, Seynabou se perfectionne à force de s’entraîner comme une forcenée. En 2001, ses efforts commencent à payer. Nabou, comme l’appellent ses amis et proches, débute sa carrière sportive au mini basket du club Asfo (Association sportive des fonctionnaires) juste après l’obtention de son entrée en sixième. Quatre ans plus tard, le brevet de fin d’études moyennes en poche, elle intègre la catégorie cadette du Dakar Université Club.

Son ascension au sein du club estudiantin est fulgurante. Elle passe vite en junior puis en sénior où elle a été intégrée plus tôt que prévu. Le talent qu’elle dégageait à son âge avait convaincu ses entraîneurs à la surclasser. Le coach Dame Diouf (actuel adjoint du sélectionneur de l’équipe national de basket masculin sénior, Porfirio Fisac De Diego), qui a découvert son talent et sa perspicacité, a précipité son intronisation lors de la finale du  Championnat national de basket  2007 contre le Saint-Louis Basket Club. Nabou n’avait que 18 ans et venait d’être jetée dans le grand bain. L’ailière du Duc est dépeinte par sa sœur Dado Faye, basketteuse au Jaraaf de Dakar, comme une  personne intransigeante. ‘’Elle est rigoureuse dans le jeu et elle défend bien. Mais elle doit encore travailler son adresse et à prendre des initiatives", l’invite-elle.

Voyage à Tunis en 2011, un mauvais souvenir

 Durant son enfance, Seynabou Faye  a  fait un cursus  scolaire normal.  "Elle a toujours fait de bons résultats. C’est pourquoi j’ai toujours invité mes autres enfants à suivre ses pas car elle est disciplinée et travailleuse", renseigne son père, Abdoulaye Faye.

 Amatrice de la musique rap "Galsen", elle aime aussi suivre les sketchs et émissions comme  "Dinama Nekh ", "Un café  avec", "Sen petit Gallé" et jouer au "Candi crush". Seynabou a eu une inclinaison précoce pour la littérature et les sciences sociales tant et si bien qu’elle a naturellement choisi le droit après  le baccalauréat. La voix saccadée et changeant souvent de posture sur son lit avec ses 71 kg, le numéro 10 du Duc raconte avec amertume son voyage en Tunis avec son club pour un match amical contre  les Aigles de Carthage.

Cette aventure a entraîné ce qu’elle appelle aujourd’hui la tache d’huile de son parcours universitaire : redoublement en Licence 2 en 2011. Cet échec a provoqué l’ire de sa mère qui n’a  jamais cru en sa réussite dans le sport. Cette dernière qui s’est toujours opposée à la  pratique du basket-ball par sa fille a été finalement convaincue par le père qui a fait une carrière sportive remarquable. Seynabou Faye a remporté tous les trophées régionaux et nationaux du basket-ball avec le Dakar Université Club : Coupe du maire de Dakar, coupe Arc-en-ciel, Challenge  IAM (Institut supérieur de ménagement),  finale play-off, Coupe du Sénégal. En 2013, elle a participé aux Jeux de la Francophonie à Nice (France). Une compétition réservée aux filles âgées de moins de 25 ans.

La timidité est l’un de ses caractères, ce qui constitue un obstacle pour elle, selon Salimata Diatta, capitaine des Duchesses : ‘’Nabou a beaucoup de potentialités et de qualités à montrer. Elle est talentueuse,  mais  c’est sa timidité qui l’empêche de s’imposer dans l’élite’’. L’ailière du Duc a gagné les Championnats universitaires du Sénégal à trois reprises. Les deux avec l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar 2009 et 2010 et l’autre  sous les couleurs de l’institut supérieur d’entrepreneurship et de gestion (ISEG). En 2010, elle était sacrée meilleure joueuse de cette compétition.

Inscrite en Master II droit privé option Droit des assurances au titre de l’année universitaire 2014-2015, l’étudiante doublée de basketteuse envisage de poursuivre sa carrière professionnelle en alliant toujours études et sport pour faciliter son intégration en équipe nationale. Son rêve est de réussir sa vie pour être au service de son pays. Célibataire, Nabou Faye compte sur un homme  fidèle et sincère pour la réalisation de ses nobles ambitions.

Oumar Bayo Ba