Publié le 16 Feb 2019 - 01:58
SITUATION CRITIQUE DE LA FACULTE DES LETTRES

Le Sudes tire la sonnette d’alarme 

 

Le Syndicat unique des enseignants du Sénégal/Section enseignement supérieur et recherche (Sudes/Esr) a tenu, hier, une conférence de presse pour se prononcer sur la situation alarmante qui sévit à la faculté des Lettres et sciences humaines de l’Ucad. Pléthore d’étudiants, manque de professeurs, d’infrastructures et une subvention dérisoire de la part de l’Etat sont, entre autres, les maux qui gangrènent cette faculté.

 

La section supérieure du Syndicat unique des enseignants du Sénégal (Sudes) a tenu, hier, une conférence de presse pour alerter l’opinion sur la situation inquiétante à la faculté des Lettres et sciences humaines de l’Ucad.  Avant ce point de presse, les syndicalistes avaient organisé plusieurs rencontres avec le doyen de la faculté, les enseignants-chercheurs, le personnel administratif, technique et de service pour discuter de la situation.  Il est ressorti de ces rencontres que ‘’la situation de la Flsh a désormais atteint un point tellement critique que si rien n’est fait, il sera impossible de continuer d’y enseigner’’, renseigne M. Hady Ba, Secrétaire général du Sudes/Section enseignement supérieur et recherche.

La faculté des Lettres de l’Ucad est confrontée à un surpeuplement et à un déficit en professeurs qui ne permettent pas d’assurer une bonne formation aux étudiants. En effet, avec un effectif de 32 mille étudiants, la Fac de Lettres ne compte que 207 enseignants-chercheurs. Ce qui donne un ratio de plus 150 étudiants par professeur, alors que la norme préconisée par l’Unesco pour les pays pauvres est de 25 étudiants par professeur. Ce qui fait de cette faculté une bombe sociale. ‘’Avec ses 32 mille étudiants, la faculté des Lettres et sciences humaines de l’Ucad fait deux fois l’effectif de l’Ugb et plus que l’effectif de toutes les universités du pays, y compris l’Uvs’’. 

‘’C’est une université dans une université’’, explique le secrétaire général du Sudes/Section enseignement supérieur et recherche, M. Hady Ba. A titre de comparaison, le syndicaliste a indiqué que là où cette faculté dispose de 207 enseignants pour former 32 mille étudiants, l’université de Saint-Louis en a 300 pour 15 mille étudiants. Ce qui a des conséquences négatives sur la formation, avec l’impossibilité de faire les travaux dirigés (Td).

En plus, pour assurer la continuité de la formation, la faculté des Lettres a mis en place des critères très stricts pour l’admission au Master. Et malgré cela, ‘’tous les étudiants qui remplissent les critères et qui sont méritants ont des problèmes pour se faire encadrer. Cette année, on compte 20 étudiants par enseignant pour les encadrements en Master. Ce qui ne permet pas de les encadrer correctement’’, regrette M. Ba.  

Côté infrastructures, c’est le même constat. La faculté est obligée d’emprunter, les mercredis et les samedis, des salles au lycée Delafosse pour pouvoir assurer les Td.  Pour pallier ce problème, ‘’la faculté a réhabilité beaucoup d’infrastructures qui lui appartiennent ou qui lui sont attribuées par l’université. Elle a engagé des constructions, mais elle n’arrive pas à les achever, parce que ses budgets ne le lui permettent pas’’, précise M. Ba. Concernant le budget aussi, les acteurs ont l’impression que cette faculté est oubliée par l’Etat. Hady Ba d’informer que la faculté fonctionne presque exclusivement grâce aux droits d’inscription de ses étudiants. ‘’L’Etat n’octroie qu’une subvention de 110 millions de francs Cfa pour 32 mille étudiants, au moment où l’Ugb, avec 15 mille étudiants, reçoit une subvention de 10 milliards. De même que l’Insep, avec 700 étudiants, reçoit exactement la même somme que la Flsh’’.

L’autre problème souligné par les syndicalistes est le déficit de personnel administratif et de service pour gérer cette pléthore d’étudiants. ‘’Il y a 48 personnes de support à la Fac dont 24 contractuels. Or, on ne peut pas garder des contractuels indéfiniment. La faculté forme des contractuels pendant un an et ces gens-là sont obligés de partir, parce qu’elle ne veut pas leur donner des Cdi’’, regrettent-ils. Avant d’ajouter : ‘’Tout cela donne l’impression que l’Etat a décidé, d’une certaine manière, d’abandonner les littéraires. On a un ministre qui semble considérer que les lettres et sciences humaines ne servent à rien. Et donc, ça n’a pas à être financer. Ce qui est un vrai problème, parce que la majorité de nos bacheliers sont des littéraires.’’

Remèdes

C’est pourquoi le Sudes/Section enseignement supérieur et recherche demande au gouvernement d’ouvrir en urgence une centaine de postes d’enseignants-chercheurs affectés à la Flsh et une cinquantaine de postes de personnels de support. Mais aussi d’augmenter la subvention affectée à la faculté. Ils ont également appelé les autorités à travailler de concert avec le doyen de la faculté à l’achèvement des infrastructures dont il a commencé la construction et de lancer un ambitieux programme de construction d’infrastructures dans l’enceinte de ladite faculté.

ABBA BA

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