Publié le 1 Apr 2015 - 20:20
SITUATION DE LA PEINE DE MORT DANS LE MONDE

2 466 condamnations et 607 exécutions

 

En 2014, ceux qui ont payé de leur vie un crime réel ou supposé ont été évalués à 607 individus, avec tout de même une baisse de 20% par rapport à 2013. 2 466 condamnations à mort ont été prononcées, plus que l’année d’avant. Le Nigeria et l’Egypte ont fait grimper la courbe.

 

‘’En 2014, un nombre inquiétant de pays a recouru à la peine de mort pour répondre aux menaces réelles ou présumées contre la sûreté de l’État que représentent le terrorisme, la criminalité et l’instabilité interne’’. C’est par ces termes qu’Amnesty International s’est inquiétée de la situation dans son rapport annuel sur la peine de mort. En effet, l’année dernière, au moins 2 466 condamnations ont été prononcées dans le monde, une hausse de près de 500 condamnations à mort en 2014 par rapport à 2013, soit un accroissement de 28%.

S’agissant de l’effectivité des verdicts, il y a une nette amélioration, d’après Amnesty. 607 exécutions ont été recensées en 2014 contre 778 l’année dernière, soit une baisse de plus de 20%. Un chiffre qui, toutefois, ne prend pas en compte les statistiques de ‘’la Chine qui a exécuté un nombre de prisonniers plus élevé que l'ensemble des pays du globe réunis’’. Toutefois, Amnesty ne donne pas de chiffre, ‘’car ce type de statistiques y est classé secret d’État’’.

Cette situation s’explique, d’après l’organisation, par un pic constaté en Égypte et au Nigeria, où les tribunaux ont prononcé des condamnations collectives dans un contexte de conflit interne et d’instabilité politique. Par exemple, au Nigeria, le nombre de peines capitales recensées a fait un bond de plus de 500, passant de 141 en 2013 à 659 en 2014. ‘’Les tribunaux militaires ont prononcé des condamnations à mort lors de procès collectifs, condamnant environ 70 soldats lors de différents procès. Ces hommes ont été déclarés coupables de mutinerie dans le cadre du conflit armé avec Boko Haram’’.

En Égypte, ceux qui ont payé leur crime de leur vie sont à au moins 509 individus, autrement dit, il y a eu un accroissement de 400 exécutions. Lors de procès collectifs ne respectant pas les normes d’équité, relève l’organisme de défense des droits de l’Homme, 37 personnes ont été condamnées à mort en avril et 183 en juin. ‘’Les gouvernements qui recourent à la peine de mort pour lutter contre la criminalité se leurrent. Aucun élément convaincant ne vient étayer l’idée que la menace d’exécution a un effet plus dissuasif sur la criminalité que d’autres formes de châtiment’’, conteste Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty International.

Les raisons de la peine capitale

Il ajoute : ‘’Il est honteux qu’un si grand nombre d’États dans le monde jouent avec la vie des gens : ils se fondent sur l’hypothèse erronée de la dissuasion pour exécuter des citoyens reconnus coupables de " terrorisme " ou pour combattre l’instabilité interne’’. Les raisons de la peine de mort sont entre autres la lutte contre le terrorisme, contre les menaces à la sûreté de l’État, l’élimination de la dissidence politique, la dissuasion.

Il y a pourtant de quoi rassurer M. Shetty.  Des progrès non négligeables ont été notés, comparé à 2013. Le nombre d’exécutions recensées a diminué et plusieurs pays ont pris des mesures en vue de l’abolition de la peine capitale. Ce qui fait que le nombre de pays où la peine de mort a été appliquée (22 pays) est resté le même par rapport à l’année d’avant. Il s’y ajoute qu’une nette diminution de la pratique a été notée en 20 ans. Amnesty se félicite du fait que depuis 1995, date à laquelle Amnesty International avait recensé des exécutions dans 41 pays, la tendance durable vers l’abolition de la peine capitale se confirme dans le monde. 

BABACAR WILLANE

 

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