Publié le 8 Mar 2019 - 01:52
SITUATION HUMANITAIRE PRECAIRE AU BURKINA FASO

Les acteurs tirent la sonnette d’alarme

 

L’insécurité et les conflits intercommunautaires plongent le nord du Burkina Faso dans une situation chaotique. Selon la mission humanitaire de l’Onu qui vient de boucler un séjour dans le pays, il faut 100 millions de dollars pour sauver les populations de l’insécurité alimentaire.  

 

Le Burkina Faso est frappé par une situation humanitaire précaire, à cause des conflits qui ont émergé dans le Nord et dans la région du Sahel. C’est le constat de la sous-secrétaire générale des Nations Unies aux Affaires humanitaires et coordinatrice des secours d’urgence. De retour d’une visite de trois jours dans les régions impactées par les conflits, Mme Ursula Mueller décrit des conditions de vie difficiles des populations. Elle s’exprimait à l’occasion d’une table ronde portant sur la situation humanitaire au Burkina Faso organisée, ce mercredi, au Goethe Institut, à Dakar.  Elle en a profité pour lancer un appel aux  bailleurs de fonds, aux agents humanitaires et au gouvernement burkinabé d’agir pour éviter le pire. Elle a ainsi partagé ses expériences et a fait des recommandations.

En effet, selon Mme Mueller, l’insécurité alimentaire, l’absence des services sociaux de base, la démographie galopante et l’insécurité sont les principaux problèmes notés dans cette zone du Sahel. ‘’A cause de l’insécurité galopante qui sévit dans la région, en janvier 2019, plus de 1 000 écoles ont été fermées affectant 150 000 élèves et 120 000 personnes étaient affectées par la fermeture de 4 formations sanitaires ainsi que du fonctionnement en service minimum’’, a-t-elle déclaré. Avant de préciser qu’en ‘’2018, une superposition de plusieurs facteurs a plongé près d’un million de personnes dans une crise alimentaire et nutritionnelle aiguë’’. Ainsi, la situation nutritionnelle reste préoccupante dans l’ensemble du pays avec un taux de 8,4 % et un taux de malnutrition aiguë sévère de 1,6 % chez les enfants de 6-59 mois, selon les résultats préliminaires de l’enquête nutritionnelle de 2018. Le rapport d’enquête de la mission onusienne note que ‘’plus de 67 000 personnes seront dans une situation d’insécurité alimentaire chronique au cours de l’année 2019’’.

En plus, précise toujours la responsable humanitaire, les groupes armés harcèlent les civils, enlèvent et assassinent des informateurs présumés ou des agents de l’Etat, brûlent des écoles et menacent des membres du corps enseignant. Ce qui fait que le pays est confronté à des déplacements internes. En janvier 2019, une nouvelle série d’attaques violentes et des affrontements intercommunautaires ont engendré le déplacement de 36 000 personnes. Le pays traverse donc une crise sécuritaire complexe nécessitant une action humanitaire. La communauté humanitaire estime à 100 millions de dollars les fonds nécessaires pour apporter une assistance d’urgence à près de 900 000 personnes au Burkina Faso.

La prolifération des armes aggrave la situation

Selon toujours le rapport d’enquête de la mission onusienne, l’insécurité est devenue une source de déplacement et de malnutrition de la population locale ainsi que des refugiés. En effet, en plus de la population locale, cette zone frontalière avec le Mali accueille plus de 25 000 réfugiés dont la plupart fuient le nord du Mali à cause de la présence des groupes armés. La prolifération des armes rend ainsi plus violents et meurtriers les conflits qui risquent de s’aggraver pendant l’année 2019, avec des incidents violents et des déplacements de population. 

‘’La situation au nord du Burkina s’est beaucoup dégradée.  Le gouvernement a d’ailleurs déclaré l’état d’urgence dans beaucoup de régions pour régler les questions de sécurité’’, renseigne Abdou Dieng, Directeur régional du Programme alimentaire mondial (Pam). Il précise, par ailleurs, que la situation qui prévaut au Burkina Faso doit inciter les autres pays du Sahel à adopter des politiques préventives des conflits.

Avertissement pour le Sénégal

Concernant le Sénégal, le directeur régional du Pam rappelle ‘’qu’aucun pays n’est à l’abri. C’est pourquoi, il est intéressant d’apporter des solutions au problème des populations. Tous les pays qui ont eu des négligences à un moment donné le payent cash’’, estime-t-il. Avant d’ajouter : ‘’Pour l’instant, ce n’est pas le cas au Sénégal, mais cela ne veut pas dire que c’est impossible. Nous devons être vigilants et aider les plus pauvres. Il y a des efforts qui ont été faits et il faut continuer dans ce sens ou même faire plus.’’ 

ABBA BA

 

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