Publié le 5 Jun 2019 - 02:39
SOCIETE DE GESTION DU PATRIMOINE DU TER

Le Ter prend du sable dans le moteur

 

En marge, hier, de l’adoption du projet de loi autorisant le gouvernement à créer la société de gestion du patrimoine, le ministre Oumar Youm est revenu sur l’arrêt des travaux du Ter, le prix du trajet, entre autres sujets.

 

‘’Les travaux du Train express régional seront réceptionnés fin juin 2019. Il y aura ensuite une phase de pré-exploitation, entre juin et décembre. La période d’exploitation commerciale est fixée, entre janvier et mars 2020. Mais, on ne peut pas être péremptoire sur le délai d’un projet comme le Ter qui nécessite d’être sécurisé’’. Ainsi s’exprimait, hier, le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, de l’Equipement et des Transports. C’était en marge de la session ordinaire unique de l’Assemblée nationale qui a porté sur l’adoption du projet de loi n°08/2019 autorisant la création de la société de gestion du patrimoine du Train express régional.  

Ainsi donc, Dakarois et Sénégalais devront prendre leur mal en patience. Le train mettra encore du temps pour rouler dans la capitale et ses environs. Cette première phase du projet s’étend sur 36 km et relie Dakar à la nouvelle ville de Diamniadio. La deuxième, qui joindra Diamniadio à l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, s’étend sur 19 km et va coûter, selon le ministre Oumar Youm, 160 milliards F Cfa. En tout, le Ter vaudra environ 818 milliards F Cfa.

Pour ce qui est du coût du trajet, l’Etat tient à ce qu’il soit accessible. Oumar Youm explique : ‘’Le président de la République a voulu que le train soit populaire. Le prix sera certainement subventionné. Au vu de l’importance de l’investissement, si on devait appliquer le plein tarif, les coûts allaient exploser. L’Etat a donc décidé que le prix ne doit pas dépasser 1 500 F.’’

Arrêt des travaux

Pendant ce temps, à Rufisque et sur nombre des axes qui jalonnent le chantier, les populations s’impatientent. Ils ont été nombreux, les députés, à regretter l’arrêt des travaux, depuis quelque temps. Le ministre confirme et minimise. ‘’Effectivement, il y a eu 48 heures de suspension des travaux qui nous ont permis de négocier avec les entreprises. Le chantier a repris, même si c’est timidement. Les malentendus ont maintenant été levés. Nous pensons que dans maximum une semaine, le chantier sera dans une phase très active pour nous permettre de respecter le délai de fin juin 2019’’.

Questions importantes laissées en rade

Hier, au terme de débats ennuyeux et superficiels entre députés de l’opposition et du pouvoir, la loi a finalement été adoptée en procédure d’urgence, dans une écrasante majorité. Des questions importantes telles que la rentabilité du projet, la date de démarrage de la deuxième phase ont été laissées en rade. La plupart des interventions ont, en effet, porté sur la nécessité d’ouvrir le capital aux privés nationaux. Ce qui a eu le mérite de tirer le député Abdoulaye Makhtar Diop de sa réserve. Il a ainsi expliqué à ses collègues qu’une société nationale est une société dont le capital social est entièrement souscrit par l’Etat, comme la Sones, par exemple.

Pour le député Souleymane Ndoye, par contre, il s’est surtout agi de s’ériger en porte-parole de toutes ces populations qui souffrent le long des travaux du Ter et de la menace de l’hivernage qui arrive à grands pas. ‘’L’arrêt des travaux, dit-il, hante les riverains à Rufisque. Il faut rappeler que la ville a été divisée en deux, depuis le démarrage de ces travaux. C’est maintenant un parcours du combattant pour rallier les deux parties de Rufisque. Les populations souffrent terriblement. Par ma voix, elles vous expriment leurs préoccupations par rapport à l’hivernage qui arrive. Parce que le système de canalisation n’est pas encore en place’’, relaie-t-il, non sans saluer les vertus de l’infrastructure.

Même son de cloche chez son collègue de l’opposition, Mame Diara Fam. Celle-ci, pour sa part, a exprimé les récriminations de sa commune Guinaw-Rail. ‘’Nous déplorons l’enclavement dont nous sommes l’objet, du fait des travaux. Nous le déplorons depuis fort longtemps, mais il n’y a toujours pas de solution. Il y a aussi un problème de sécurité qui se pose. Certains sont à proximité des rails et devraient normalement quitter les lieux. Je pense que c’est là un problème de sécurité publique. Il faut aller sur le terrain pour constater de visu ce qui se passe sur place’’, recommande la responsable libérale.

SOCIETE D’EXPLOITATION DU TER

La loi de l’omerta

Le ministre Oumar Youm a rappelé que, du fait des travaux, 12 000 personnes ont été impactées et l’Etat a versé 53 milliards F Cfa en termes d’indemnisation. Il a aussi reconnu qu’il existe encore des impactés qui n’ont pas reçu leurs fonds. A l’en croire, c’était dû à un problème de preuves et parfois à des problèmes d’héritage. ‘’Mais nous allons bientôt dépasser cette situation. L’Etat a même fait mieux, en trouvant des terres pour accompagner les personnes affectées’’.

En ce qui concerne le capital social de la société, Oumar Youm signale qu’il est, pour le début, fixé à 100 millions F Cfa, mais pourrait bien évoluer à l’avenir. Il faut cependant souligner que cette société de gestion n’est pas à confondre avec celle qui aura en charge l’exploitation du Ter.

Le ministre Youm n’a pas du tout voulu s’épancher sur cette dernière, prétextant que c’est une société de droit privé. Ce qu’on sait maintenant, c’est qu’elle est dénommée Seter (Société d’exploitation du Train express régional).

Sur la géographie du capital, voici la réponse servie par le ministre : ‘’C’est une société de droit privé. Ce n’est pas du ressort de l’Etat. C’est la société nationale des chemins de fer et ses partenaires. La société est déjà créée ; elle est dénommée Seter. Cette société va collaborer avec la société de patrimoine. C’est tout ce que je peux dire sur ce sujet’’, lance-t-il.

MOR AMAR

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