Publié le 24 Apr 2017 - 21:13
SORTIE ALBUM – LETTRE DU CONTINENT

Mamj Rassoul, entre spiritualité et engagement politique

 

Passer du hip-hop au reggae. C’est le saut que vient de faire l’artiste Mamadou Diop dit Mamj Rassoul. Après un 1er album bien accueilli, il sort un 2e, ‘’Lettre du continent’’, riche en sonorités avec des textes bien écrits. Un succès qu’il a présenté à la presse vendredi soir à Dakar.

 

Depuis le 25 mars dernier, le deuxième album de l’artiste Mamadou Diop dit Mamj Rassoul est dans les bacs. Un opus de 13 titres tout en reggae intitulé ‘’Lettre du continent’’. Il a été réalisé au Mali dans le studio du grand Manjul, un Franco-malien qui a arrangé les albums de grands noms de la musique africaine comme Amadou et Mariam, Tiken Jah Fakoly ou encore de la star guinéenne Takana Zion.

Pour cette production, Mamj a donc traversé la frontière, à la recherche du meilleur arrangeur. Une initiative payante, car aucun des 13 titres ne se ressemble. Chacun d’entre eux à une identité qui lui est propre. A cela s’ajoute l’âme donnée à cette production. Mamj l’a voulu africaine. ‘’Chaque titre de cet album dévoile la richesse des instruments de musique africains’’, informe son auteur. En effet, on trouve dans ‘’Lettre du continent’’ au moins 20 sonorités différentes allant des rythmes de la kora à ceux du ‘’ngon’i’’ ou encore du ‘’Oud’’ et ‘’bolon’’. On y trouve un peu de tout cela, mais savamment mis en harmonie.

Mamj a vraiment mis le paquet pour la réalisation de cet album. Car, ce n’est pas que la musique qui est captivante dans ‘’Lettre du continent’’. Les thématiques proposées sont plus qu’actuelles et les messages délivrés fort opportuns. Aux terroristes, par exemple, il rappelle que Dieu est Amour. Donc, nul ne doit se ‘’barricader derrière l’Islam’’ pour commettre des atrocités. ‘’Il ne faut pas utiliser l’Islam pour régler des problèmes géopolitiques’’, argue-t-il. Qui mieux que lui pour savoir que le vrai musulman ne saurait tuer au nom de Dieu des innocents.

Mamj Rassoul a passé 10 années dans une école coranique. Ainsi, il maîtrise le Coran et connaît les enseignements du Prophète Mouhamad (PSL). D’ailleurs, il en reprend quelques dans ‘’Ya Mouhamad (PSL)’’, une chanson en hommage au prophète de l’Islam. Mamj nous y révèle ‘’des passages du Coran dans lesquels Mouhamad (PS donne une leçon de bonne vie à ses compagnons, pointant du doigt les différences de leurs semblables. C'est une révélation du "Soufisme", œuvre de tolérance, charité et pardon, valeurs pouvant sauver l'humanité’’, dit-il.

 

‘’J’ai été un talibé de maison. J’apprenais le Coran…’’

En outre, son parcours l’a inspiré et poussé à faire une chanson sur la vie de ces enfants exploités et qu’on fait mendier. ‘’Talibé de la rue’’ est le titre qu’il leur dédie. ‘’Moi, j’ai été un talibé de maison. J’apprenais le Coran tous les jours, et on nous interdisait d’aller mendier dans les rues. Le faire ne relève d’aucune loi islamique. Ceux qui le font faire aux enfants les exploitent’’, dénonce-t-il.

Ce parcours académique a eu d’autres ‘’séquelles’’ sur le chanteur. Il est d’une spiritualité qui se sent dans ses compositions et même dans sa manière d’être. Il est ‘’Baye Fall’’ et de ceux qui pensent qu’un ‘’Baye Fall est un bienfaiteur qui apporte beaucoup à sa communauté, tel un gardien du temple, véhiculant un esprit de partage, d'harmonie’’. Dans ‘’thank and praises’’, il rend grâce à Dieu. Pour lui, quoi qu’il arrive, on doit rendre grâce à Dieu, parce que tout ce qu’Il fait est juste.

Par ailleurs, les problèmes que vivent le monde en général et l’Afrique en particulier font parler la muse de cet artiste mbourois résidant à Nianning. C’est ainsi qu’il rappelle à la France sa ‘’dette d’honneur’’ envers l’Afrique, dans la chanson ‘’Black Blanc Beur’’. Pour lui, la participation des tirailleurs sénégalais aux deux guerres mondiales a permis à la France d’être libre. Aussi, aujourd’hui, considère-t-il que la France ne peut nier ou renier son multiculturalisme.

Ce pays et bien d’autres dits du Nord devraient revoir leurs relations avec l’Afrique et ne plus faire dans l’hypocrisie, comme il le crie dans ‘’Babylone frappe et crie’’. D’autant plus que le continent mère ne mérite pas cela. Les vicissitudes vécues par ce dernier l’ont poussé à écrire ‘’Sabari’’ pour dire à tous ceux qui pillent l’Afrique qu’ils doivent arrêter. L’Afrique aussi a droit au ‘’Freedom’’. 

BIGUE BOB

Section: