Publié le 8 Feb 2019 - 00:34
SORTIE D’ABDOULAYE WADE

La société civile condamne 

 

La société civile, notamment le Conseil des organisations non gouvernementales d’appui au développement (Congad) et le Forum du justiciable, condamne les propos tenus par l’ancien président de la République Abdoulaye Wade. Interrogés par ‘’EnQuête’’, les responsables de ces deux organisations appellent le peuple et particulièrement la jeunesse à la sérénité pour une élection apaisée.

 

Empêcher la tenue de la Présidentielle du 24 février prochain, c’est ce que veut l’ancien chef de l’Etat Abdoulaye Wade dont la candidature du fils a été recalée par le Conseil constitutionnelle. Dans une vidéo envoyée mardi à ‘’EnQuête’’, le leader du Parti démocratique sénégalais (Pds) déclare qu’ils sont ‘’en train de travailler sur un programme d’actions qui se déroulera en trois phases, d’ici le 23 février’’. En plus, ‘’une action est prévue dans la journée du 24 (Ndlr : jour du vote) et une autre le lendemain’’. Un dessein que le président du Conseil des organisations non gouvernementales d’appui au développement (Congad), Amacodou Diouf, déplore et condamne ‘’en âme et conscience’’.

Le responsable de la société civile estime que la situation nationale n’appelle pas à la violence. ‘’Même si c’est voilé, on est aujourd’hui dans une situation assez stable. Depuis le démarrage de la campagne électorale, nous n’avons pas noté beaucoup de couacs, même s’il y a eu des évènements malheureux. Nous pensons quand même que la situation est gérable. Donc, lancer des slogans ou donner des mots d’ordre de sorte que les gens soient dans une situation indésirable, nous le condamnons. Le Sénégal est un pays de paix. Nous avons toujours connu des élections apaisées’’, dit-il au téléphone d’’’EnQuête’’.

Ainsi, M. Diouf appelle le peuple sénégalais à ‘’ne pas être anéanti’’ par les déclarations de ces gens. Aujourd’hui, pour le président du Congad, les Sénégalais doivent aller vers la construction de ce pays et raffermir les acquis qu’ils ont obtenus. ‘’Quel que soit celui qui gagnera. Nous appelons le peuple sénégalais à la sérénité, à la paix, à la concorde nationale. C’est ce qui nous importe et nous nous battrons pour que les Sénégalais puissent entendre cette voix que nous lançons. Afin qu’il y ait des élections libres, transparentes et démocratiques au Sénégal’’, renchérit-il.

‘’La mentalité sénégalaise a évalué par rapport à la chose politique’’

Ayant récemment sillonné les 14 régions du pays, dans le cadre de la préparation des assises nationales de la société civile, Amacodou Diouf souligne qu’ils ont eu 14 réunions régionales qui regroupaient des organisations qui venaient même des départements et des communes d’arrondissement. En réalité, le président du Congad rappelle que la mentalité sénégalaise a évalué par rapport à la chose politique. ‘’Et ça, il faut l’admettre et l’accepter. Ne pas le faire est une cécité intellectuelle grave qui n’entre pas dans le cadre de la culture de paix dans notre pays. Nous avons certes une société complexe, mais je suis convaincu que la majorité des Sénégalais a déjà opté pour autre chose que la violence. Les gens ont besoin de manger, de boire, d’investir. C’est ça leur préoccupation quotidienne. Qu’on les appelle à cela, qu’on apporte des solutions à leurs problèmes, c’est ce qui les intéresse’’, soutient M. Diouf.

Babacar Ba du Forum du justiciable ajoute que le Sénégalais de 2012 est ‘’différent’’ de celui de 2019. ‘’Là, j’indexe la jeunesse. D’ailleurs, nous sommes en train de faire une campagne de sensibilisation à l’endroit des jeunes pour qu’on ait des élections apaisées. Cette campagne a été lancée mardi (avant-hier)’’, informe le jeune juriste. Le slogan de leur campagne est : ‘’Pour une élection apaisée, la jeunesse s’oppose à toute sorte de violence’’. M. Ba est aussi d’avis que la jeunesse a ‘’bien compris’’ le jeu des politiques. ‘’Parce que, s’il y a des affrontements, ce sont nous les fils de paysans qui allons payer les pots cassés. Rares sont les manifestations où on a vu les enfants des leaders politiques. D’ailleurs, ils ne sont même pas là. Ils sont hors du pays. C’est nous, en tant que fils de paysans, habitants de la banlieue, qui allons nous affronter et payer les pots cassés. Il faudrait que la jeunesse soit consciente de cela, qu’elle refuse d’être utilisée à des fins crypto-personnelles. Nous le dénonçons et le regrettons’’, renchérit-il.

Le Forum du justiciable ne veut pas d’un gouvernement de transition

Si le juriste souligne que le président Abdoulaye Wade a ‘’le plein droit’’ de venir au Sénégal, ‘’maintenant, poursuit-il, il ne faudrait pas que cette venue déstabilise le pays. En tant qu’acteurs de la société civile, notre rôle c’est de faire de sorte qu’on ait une élection qui se déroule dans une grande transparence, mais également dans un climat apaisé. Mais aussi, ça devrait préoccuper le président Abdoulaye Wade’’. Au moment où nous sommes, ces acteurs de la société civile prônent la non-violence, la stabilité sociale du pays.

‘’Aujourd’hui, le Conseil constitutionnel a déjà arrêté la liste des candidats. Donc, ce qu’il y a lieu de faire, c’est de se conformer à cette décision’’. ‘’C’est vrai, tout un chacun à des réserves par rapport au Conseil constitutionnel, à son fonctionnement’’. Mais le responsable du Forum du justiciable déclare qu’actuellement, comme il a déjà arrêté la liste, il faudrait respecter sa volonté. ‘’Nous sommes dans un Etat de droit, je suis légaliste et je tiens au respect de la règle de droit. Donc, Me Abdoulaye Wade, très sincèrement, ne doit pas créer une instabilité dans ce pays. C’est vrai qu’il a dit qu’il fera des manifestations pacifiques ; on est d’accord, c’est son droit. Mais il faudrait que tout cela, toutes les manifestations qu’il aura à faire, soit en règle, se fasse en toute légalité’’, ajoute-t-il.

Ainsi, M. Ba précise qu’ils ne veulent pas de situation d’instabilité, ni d’un gouvernement de transition. ‘’Pourquoi, aujourd’hui, installer un gouvernement de transition, alors qu’on n’est pas dans une crise ? Ce sont des choses qu’il faut vraiment regretter. Le président Abdoulaye Wade n’a pas le droit de plonger le pays dans une crise que tout le monde pourrait regretter’’, prévient-il.

Il faut noter qu’après sa sortie qui défraie la chronique, l’ancien président de la République est attendu à Dakar, aujourd’hui.  

MARIAMA DIEME

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