Publié le 3 May 2016 - 21:10
SORTIE DU CHEF DE L’ÉTAT SUR LA CRISE DU SYSTÈME ÉDUCATIF

Les syndicalistes apportent la réplique

 

Les syndicats d’enseignants n’ont pas tardé à réagir suite  à la déclaration du chef  l’Etat sur la crise scolaire au cours de la remise du cahier de doléances le 1er mai. Ainsi, pour le Saes, en faisant cette sortie, le chef de l’État ‘’remet en cause l’esprit patriotique des enseignants’’.

 

Les syndicats d’enseignants n’ont pas tardé à apporter la réplique au président de la République.  Au cours de la cérémonie de remise du  cahier de doléances par les syndicalistes, le dimanche 1er mai,  Macky Sall avait déclaré que les syndicats d’enseignants  n’ont aucune raison d’aller en grève puisque l’essentiel des accords a été respecté. Il avait dénoncé, par la suite, l’état d’un système qui prend 1/3 des recettes sans donner de résultats. Mais selon le secrétaire général du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes), section Ucad, Yancoba Seydi, ‘’le Président est très mal conseillé car ce qu’il a dit est une façon de remettre en cause l’esprit patriotique des enseignants alors qu’il sait très bien qu’il n’y a pas plus patriotes qu’eux dans ce pays’’.  ‘’’A l’université, vous verrez des enseignants qui font cours du lundi au samedi de 8h à 22 heures.  Parce qu’il y a beaucoup d’étudiants mais très peu de personnel. Les gens, parce qu’ils sont patriotes, continuent à travailler dans ces conditions inhumaines’’, déplore-t-il.

S’agissant des questions de l’enseignement supérieur qui ont été toutes réglées, selon Macky Sall, Yancoba Seydi bat en brèche.  Pour lui, le Saes a un préavis de 4 points  et aucun des points figurant sur ce préavis n’est réglé.  ‘’La réforme des titres devrait entrée en vigueur depuis le 1 er janvier 2016. Nous sommes le 2 mai et elle n’est pas encore matérialisée malgré la promesse. La question de la retraite, c’est pareille. Celle de la prise en charge sanitaire n’est pas encore matérialisée. Idem pour la prime académique. Aucun point n’a connu une matérialisation. Ce sont des promesses.  Le Président ne doit pas écouter ceux qui l’induisent en erreur ni ceux qui lui disent des choses qui sont très loin de la réalité. Tout le monde sait que les accords signés ne sont qu’à l’état de promesses qui ne sont pas mises en œuvre’’, s’indigne M. Seydi.

Le Sudes pour une séance plénière

De son côté, le secrétaire général du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (Sudes), Amadou Diaouné, demande une évaluation exhaustive de la mise en œuvre des accords pour voir s’il y a des avancées notables. ‘’Concernant les mises en solde on est passé de 5000 à dix mille, mais il reste un quota de 38 mille. C’est un problème qu’il faudrait résoudre. Sur le paiement des rappels on est passé de 12 à 28 milliards. L’ensemble des rappels d’avancement et d’intégration de l’année 2016 c’est des milliards’’, reconnaît-il. Mai, il souligne, toutefois,  que les problèmes importants sont toujours existants. ‘’

Au Sudes comme au Fuse (Front Unitaire des syndicats de l’enseignement), nous demandons au gouvernement de convoquer dans les meilleurs délais une séance plénière pour faire le point sur l’ensemble des questions restantes afin de trouver un agenda de mise en œuvre de ces points. Il s’agit  de la programmation de la mise en solde des 38 mille agents qui restent, de régler la question des lenteurs administratives avec la mise en place du dispositif informatique’’, appelle-t-il.  ‘’Tout le monde a reconnu qu’il y a des injustices qu’il faut corriger, mais jusqu’à ce jour, il n’y a aucune perspective claire. Cette question est une grosse source de frustration des enseignants et il y a un mutisme depuis octobre’’, soutient M. Diaouné.

L’Unapes demande la renégociation des accords

Concernant l’argent injecté dans le système sans donner de résultat, Amadou Diaouné soutient que ce n’est pas un point nouveau car, dit-il, les moyens injectés dans l’éducation n’ont jamais été à la hauteur des attentes. ‘’C’est comme ça depuis très longtemps. C’est un problème d’inefficacité et d’inefficience dans la gestion des ressources publiques avec l’éducation. Il faut reconnaitre qu’en matière d’éducation, sur la base de l’indice de développement de l’éducation qui est synthétique, le Sénégal, depuis très longtemps, est en retard. Si on le compare  aux autres pays africains, on accuse un très gros retard. C’est en déphasage avec les investissements qui sont faits dans le secteur. Mais c’est lié à la gouvernance du système’’, croit-il savoir.

Pour le président de l’Union nationale de l’association des parents d’élèves du Sénégal (Unapes), les responsabilités sont partagés entre les différents acteurs du système. ‘’J’ai entendu le Président demander aux syndicalistes de faire preuve de patriotisme. Nous sommes d’accord sur le principe mais nous défendons que les responsabilités doivent être partagées. Du  côté des enseignants la grève prend une véritable envergure qui porte préjudice aux enfants et au pays tout entier. Il y a aussi une responsabilité de la part de l’Etat. Il n’a pas pu respecter tous les engagements. Cependant il faut dire qu’il y a certains engagements qui ont été pris en compte’’, soutient Abdoulaye Fané.  Qui préconise une  renégociation des accords afin d’élaborer un moratoire pour permettre aux syndicats de s’accorder avec le gouvernement. ‘’Nous demandons à être  les garants des accords futurs pour pouvoir être des témoins et informer l’opinion publique sur tout ce qui se passe’’, propose M. Fané.

VIVIANE DIATTA

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