Publié le 12 Jun 2018 - 17:06
SORTIE DU MINISTRE AMADOU BA

La contre-attaque de la Fepes 

 

La Fédération des établissements privés d’enseignement supérieur (Fepes) se dit déçue de la sortie du ministre des Finances Amadou Ba, au sujet de la dette du gouvernement envers ses écoles. Dans une noté publiée avant-hier, l’organisation parle de ‘’manque de considération’’.

 

‘’Outrée’’ et ‘’choquée’’ ! C’est en ces termes que la Fédération des établissements privés d’enseignement supérieur (Fepes) réagit à la sortie du ministre de l’Economie, des  Finances et du Plan. Dans un communiqué, la Fepes dénonce ce qu’elle considère comme une  tentative de ‘’diabolisation’’ des Epes de la part du ministre Amadou Ba.

‘’Nous ne nous prononcerons pas sur l’absence de solidarité gouvernementale caractérisée de la part du ministre de l’Economie et des Finances, car c’est un autre débat. Mais jamais nous n’accepterons que notre probité soit mise en doute. Car, dans cette histoire, les Epes sont plutôt des victimes. Victimes, car nous avons été grugés et bernés par l’Etat qui, depuis des années, ne respectent pas les engagements qui nous lient à travers un contrat dûment signé’’, s’insurge-t-on dans la note parvenue à ‘’EnQuête’’.

Les établissements privés d’enseignement supérieur disent ne rien comprendre du jeu entre le président de la République, qui définit la politique de la nation, et son ministre de l’Economie, des Finances et du Plan. En plus d’un manque d’interlocuteur sérieux avec qui traiter, les privés déplorent l’absence d’une communication cohérente. A cet effet, ils invitent l’Etat à tenir un discours de vérité, quelle que soit sa situation financière. 

‘’Cette sortie du ministre de l’Economie sous-tend de graves accusations. Qui peut orienter dans le privé, sans que le Mesri (ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation) ne soit au courant ? Les Epes sont-ils en train de gruger l'Etat en présentant des états financiers pour des étudiants non orientés par l’Etat ? Ces accusations gratuites et sans fondement, laissent apparaître une nette volonté de déplacer le débat. Comme il en a l’habitude à chaque fois que la situation lui est défavorable. Mais qu'il se rassure ! Jamais nous n'allons courir derrière l'ombre et laisser la proie se terrer. Face à cela, nous prenons l’opinion à témoin ; que faute de signal fort venant des autorités, les enseignements seront de nouveau suspendus et s’ensuivront une série d’autres mesures que nous annoncerons à temps opportun’’, menace-t-on.

Le porte-parole de la Fepes, Souleymane Kane, pense que les ‘’autres artifices’’ que le ministre Amadou Ba utilise, en parlant de cadrage juridique pour être en conformité avec le budget, importent peu.

Les Epes rappellent que ‘’c’est pour se conformer aux directives du chef de l’Etat, suite aux conclusions de la concertation nationale sur l’enseignement supérieur, qu’a été prise cette option d’orienter dans le privé le surplus d’étudiants que les universités publiques ne peuvent absorber. La responsabilité des Epes se limite juste à leur assurer une formation de qualité. Quant aux effectifs qui sont orientés, il serait préférable, pour le ministre de l’Economie, de voir ailleurs que chez nous’’.

D’ailleurs, les Epes demandent solennellement au président de la République de recadrer son ministre de l’Economie qui, malgré ses multiples sorties sur la bonne santé financière de l’Etat (lui et ses services, ministre délégué, chargé du Budget, directeur du Budget), n’arrive pas à régler la situation.

Dans une sortie vendredi dernier, Amadou Ba a laissé entendre qu’il est possible qu’il y ait fraude dans l’orientation des étudiants dans le privé. ‘’Il est possible, à l’insu du ministre de l’Enseignement supérieur, que des étudiants soient inscrits au niveau des écoles et que les factures reçues par le ministère dépassent largement les prévisions budgétaires. C’est possible’’, déclare Amadou qui s’empresse d’ajouter qu’il n’accuse pas le ministère. Avec cette réponse de la Fepes, une chose est sûre : si son collègue Mary Teuw Niane ne se sent pas visé (officiellement, du moins), les écoles privées, elles, se sont bien senties accusées.

MAMADOU YAYA BALDE

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