Publié le 1 Jan 2013 - 18:00
SOULEYMANE NDENE NDIAYE

Allah n'était pas obligé !

 

La République m'aura tout donné ! Par le biais de L’École publique, avec des maîtres imbus des meilleures valeurs de notre société, que n'ai-je obtenu que je ne mérite pas plus que bien de mes condisciples ? Le fils de fonctionnaire de l'Etat que je suis (mon défunt père était  Assistant Social), reconnaît toute l'efficace générosité de « l'ascenseur social » qui donnait, à chacun de nous, la chance de gravir, au mérite, les échelons d'une société qui ne faisait guère de cadeaux aux plus faibles et aux moins chanceux...

 

De la chance, j'en ai eu ! J'en remercierai pour toujours Dieu, le Miséricordieux, le Très Miséricordieux ! Il faut reconnaître que m'engager en politique, il y a plus de trente ans, alors que les affres de l'opposition ne présageaient guère de lendemains qui chantent, a été un catalyseur de la trajectoire.

La République et le Peuple. Le peuple de ma ville de Guinguinéo dont j'ai l’honneur, depuis une décennie, de présider le Conseil Municipal. La République qui m'aura fait connaître toute la rigueur du service de l'Etat et les servitudes des prestigieux titres de Conseiller du Président de la République, Ministre-Conseiller, Ministre, Ministre d'Etat et de Premier Ministre....

 

Le Peuple et la République. Je leur en serai, éternellement, reconnaissant. Mais surtout à l'Omniscient que va toute ma gratitude.

 

CAR ALLAH N'ÉTAIT PAS OBLIGÉ...

Mes deux mandats de député, des 03 juin 2007 et 1er Juillet 2012, ont été  mes plus grandes fiertés. Représenter l'ensemble des Sénégalais m'a procuré, certainement, plus d'orgueil que le plus prestigieux des postes auxquels j'ai été nommé.

J'étais un élu ! Un élu du Peuple ...

 

DÉSILLUSIONS.

 

Les insultes l'ont disputé, à longueur de journée, aux invectives, chahuts et quolibets souvent entre députés d'un même groupe parlementaire. Point de débats de fond ! Le temps de parole réduit, comme peau de chagrin, à une minute pour chaque orateur quand le Président de séances jugeait le nombre d'inscrits trop important…

 

Les discussions autour du coût de la vie, de la sécurité intérieure et extérieure de notre pays, de l’incontournable baisse du coût du loyer, de l'indispensable réforme de l’Administration, de la place de choix que doit retrouver notre Diplomatie dans la Sous-Région, en Afrique et dans le concert des Nations ne sont guère les bienvenues si elles ne sont pas renvoyées aux calendes grecques !

 

L'Assemblée Nationale est devenue le lieu, par excellence, de cette nouvelle façon de faire la politique que j'abhorre tant ! Celle de faire appel aux plus bas instincts de nos concitoyens, les plus destructeurs de notre substrat culturel, pour divertir le peuple des vraies urgences de son quotidien...

Le mauvais exemple donné, il est normal qu'on en retrouve les stigmates dans toute la structure sociale du pays de Mamadou Dia, Valdiodio Ndiaye et d’Ibrahima Sarr...

 

Dans les «grands places», les cars rapides, autour des « trois normaux » de thé et surtout sur les réseaux sociaux, est donnée à voir au monde une image pitoyable du Sénégal ....

 

Des noms sont jetés en pâture, des vies innocentes brisées par des internautes lâchement installés derrière d'anonymes claviers et prétendant exercer leurs droits sacrés de citoyens/internautes. Liberté d'expression ? Oui bien sûr ! Mais surtout liberté de tuer ...

 

Il y a encore, dans ce pays, des hommes qui préfèrent mourir plutôt que de léguer à leur descendance un nom sali par l'opprobre de médisances faisant le tour du monde invisible du Net. Des gens pour qui « la mort sociale » est pire que la fin de l'existence ...

 

La solidarité mécanique que nous impose la pratique partisane m'a, je dois le reconnaître, beaucoup gêné ces dernières semaines... Devoir appliquer les décisions d'un groupe, quand bien même je n'en partage pas les motivations du moment, ne fait pas partie de mon tempérament …

 

Jamais un leadership politique ne s'est imposé à moi, qui ne soit adossé à la Compétence ou au Mérite. Le dernier est celui de Maître Abdoulaye Wade. L'héritage politique qu'il nous laisse est l'objet de toutes sortes de critiques injustes, méchantes et gratuites. Elles viennent surtout d'hommes et de femmes qui lui doivent tout, qu'il a promu aux plus hautes fonctions et à qui il a confié les plus hautes responsabilités… Ainsi va la vie !

Pour ma part, je remercie Dieu de m'avoir permis de croiser le chemin de ce grand homme. Il m'a formé, formaté, aidé et promu à toutes sortes de responsabilités qui m'ont permis, d'être connu partout au Sénégal et ailleurs.

 

Laissons le temps au temps ! Quand les esprits se seront repris et les cœurs apaisés, gageons que justice lui sera rendue. En attendant, je me fais le devoir d'assumer cet héritage, au sein de ma formation politique naturelle : le Parti démocratique sénégalais (PDS), en exigeant un droit d'inventaire sur les douze années durant lesquelles nous avons exercé le pouvoir.

 

Que ceux qui m'attendent au sein du parti au pouvoir sachent que rien, dans mon éducation et mon parcours ne me prédispose à la transhumance ! Un mot d’une telle vulgarité que je souhaite le voir honni du vocabulaire et de la pratique politiques.

 

Non, Messieurs, je ne mange pas de ce pain-là moi ! Il y a beaucoup de choses que j'ignore mais une dont je suis sûr : JE SAIS QUI JE SUIS  ET D'OÙ  JE VIENS !

 

LA JUSTICE PARLONS-EN

 

Je rends encore ici un vibrant hommage à nos Magistrats ! Ils ont fait la preuve de leur compétence, de leur loyauté mais aussi d’une indépendance qu'il faut à tout prix préserver.

La justice doit, en toute circonstance, être rendue dans des conditions de sérénité.

Elle doit travailler dans un climat indispensable à son vertueux exercice et surtout dans le respect strict des principes directeurs de la procédure pénale, sans haine ni esprit revanchard.

 

JE NE SUIS PLUS DÉPUTÉ DU SÉNÉGAL

 

Je me mets en réserve de cette République qui a plus le souci des intérêts partisans que de ses citoyens. De ce microcosme où construire la « société idéale », qui structure tout projet politique, est devenue une gageure. Je suis sûr qu'il me reste beaucoup à faire pour mon pays le Sénégal... Mais le mieux à faire aujourd’hui, est d'observer et de faire vigie !

JE NE SUIS PLUS DÉPUTÉ DU SÉNÉGAL. J'AURAIS PU NE JAMAIS LE DEVENIR... CAR ALLAH N'ÉTAIT PAS OBLIGÉ...

 

 

 

ME SOULEYMANE NDÉNÉ NDIAYE

 

Ancien Premier Ministre

Avocat au Barreau du Sénégal

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