Publié le 6 Jan 2016 - 01:04
STRATEGIE

Orange se lance dans la banque en rachetant Groupama Banque

 

L'opérateur historique qui lorgne également Bouygues Telecom a fait des «fintechs» son principal axe de diversification. Sa banque en ligne ouvrira en 2017.

 

Lors de la présentation de son plan stratégique 2015-2020 à l’automne dernier au Grand Palais, le PDG d’Orange, Stéphane Richard, l’avait annoncé : le principal, pour ne pas dire unique, axe de diversification pour l’opérateur historique dans les prochaines années sera les «fintechs» qui entendent révolutionner la finance en la mixant avec les technologies de la communication. Mais pour asseoir en France une stratégie déjà à l’œuvre en Afrique avec le service à succès Orange Money ou en Pologne avec Orange Finanse, le leader français des télécoms avait besoin de s’associer avec un acteur du secteur. C’est chose faite depuis lundi après-midi, Orange ayant annoncé être rentré en négociations exclusives avec l’assureur mutualiste Groupama en vue de lancer sa nouvelle offre de banque en ligne dans l’hexagone en 2017.

Dans un communiqué, le numéro un français des télécoms qui envisage également une fusion avec Bouygues Télécom précise qu’il prévoit de racheter 65% de Groupama banque. « Les services proposés couvriront les activités de banque au quotidien, l’épargne, ainsi que les crédits et l’assurance », indique l’opérateur. Ce nouveau service baptisé Orange banque sera dans un premier temps disponible en France avant de partir à la conquête d’autres pays européens comme l’Espagne et la Belgique. Il pourra s’appuyer sur le réseau de boutiques Orange et les agences du groupe Groupama. Lors de la présentation de son plan stratégique, Stéphane Richard avait précisé qu’Orange ambitionnait de dégager 400 millions d’euros supplémentaires à l’horizon 2018 grâce à sa diversification dans les fintechs, soit deux fois le revenu annuel de Boursorama, première banque 100% en ligne française.

En octobre dernier, l’opérateur avait déjà lancé en France Orange Cash, son service de paiement mobile sans contact. Un dispositif devenu national après des expérimentations dans différentes villes comme Strasbourg, Lille ou Nice, qui permet de payer des transactions d’un montant inférieur à 20 euros en passant son smartphone juste au dessus du terminal du commerçant. Pour des montants supérieurs, le consommateur doit taper un code. Téléchargeable gratuitement, l’aplication ne fonctionne cependant pas à ce jour avec les iPhone d’Apple, la marque à la pomme privilégiant son propre service de paiement sans contact Apple Pay lancé en 2014 outre-Atlantique mais toujours pas disponible en France.

Pour Orange,  qui fait le pari d'offrir des services financiers à des prix bien plus compétitifs que les acteurs bancaires traditionnels - leurs marges restent très confortables -, les fintechs constituent désormais le principal relais de croissance. Fort de ses 27 millions d’abonnés – et probablement plus de 35 millions demain s’il rachetait Bouygues Télécom –, l’opérateur rémunère son service Orange Cash grâce à son partenariat avec Visa sur les recharges par carte bancaire et sur les transactions. Après les services de paiement et de transfert d’argent en Afrique, Europe centrale et depuis peu en France, il s’attaque maintenant au marché bancaire avec une offre complète. Un marché très « mature » mais de plus en plus concurrentiel dans l'hexagone. Comme le confiait récemment un de ses dirigeants à Reuters, «si l’on ne le fait pas, quelqu’un comme Google le fera ». L’un n’exclut peut-être pas l’autre.

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