Publié le 28 Jul 2016 - 00:34
SUSPENSION DU LEADER DU PASTEF

Un lourd impôt contre Ousmane Sonko

 

Amadou Ba a décidé de faire payer à Ousmane Sonko un impôt qui le mènera au chômage. Le leader de Pastef a été démis de ses fonctions à la Dgid. Le concerné dénonce une mesure politique. EnQuête revient sur quelques dossiers brûlants qu’il a révélés.

 

Ousmane Sonko n’est plus inspecteur des impôts et domaines. Il a été relevé de ses fonctions par la Direction générale des impôts et domaines (Dgid) suite à une procédure disciplinaire initiée contre lui par le ministère de l’Economie, des Finances et du Plan. Le leader du Pastef a déclaré sur Sud Fm ne pas savoir les motifs d’une telle décision. Cependant, il reste convaincu que ‘’ça ne peut être que pour des raisons politiques, puisque c’est une demande forte de l’Apr’’. ‘’Pas plus tard que ce matin, vous avez entendu des soi-disant jeunesses républicaines réclamer notre limogeage. Vous avez entendu des députés de l’Apr réclamer la même chose’’, rappelle-t-il.

M. Sonko dit ne pas avoir connaissance d’une faute professionnelle qu’il aurait commise. ‘’J’aurais bien aimé qu’on me le signifie si c’était le cas. Mais comme il n’en est absolument rien, je ne peux pas épiloguer pour le moment sur les intentions et motivations. Il appartient à ceux qui ont pris cette mesure-là de nous dire le fondement. Nous attendons d’en savoir un peu plus’’. En attendant que le désormais agent de la Dgid ait plus d’informations, sa formation politique, le Pastef, va se réunir aujourd’hui pour donner une position sur la question.

Même si l’on ne sait pas officiellement ce qui est reproché à Sonko, il n’est pas difficile de le deviner. Depuis quelques mois, il est devenu une épine dans le pied du pouvoir, enchaînant révélation sur révélation. La dernière en date est peut-être celle de trop. Vendredi dernier, 22 juillet, Ousmane Sonko a déclaré qu’il y a eu détournement d’objectif dans la lutte contre l’enrichissement illicite.  ‘’La traque des biens mal acquis est en train de se transformer en recel des biens mal acquis (…). Des biens fonciers supposés appartenir à Karim Wade ont été récupérés mais immédiatement réattribués à des proches de Macky Sall, conseillers à la Présidence de la République’’, martèle-t-il.

Il s’agit précisément, d’après l’homme politique, de titres fonciers dont 3 ha sur la corniche. Ces avoirs qui coûtent des milliards ont, selon lui, été arrachés à leurs propriétaires qui pourraient être des prête-noms, puisque n’étant pas juridiquement des biens appartenant à Karim Wade, fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade. Autre révélation au cours de la même occasion, le financement du référendum. Le pouvoir avait affirmé que la consultation populaire avait coûté 3 milliards. Sonko soutient que c’est faux. ‘’Dans la loi de finance rectificative 2016, l’ensemble des virements de crédits opérés pour couvrir le référendum atteint les 10 milliards F CFA répartis dans différentes activités liées à l’organisation entre le ministère de l’Intérieur, la Direction générale des élections et la CENA’’.

150 milliards de gré à gré et  impôts non payées de l’Assemblée

Décidément résolu à sortir tous les cafards du pouvoir, Ousmane Sonko s’est aussi penché sur la commande publique.  A l’en croire, l’Etat a attribué un marché de gré à gré de 150 milliards à une société sans expérience aucune dénommée Envol immobilier. Et selon toujours ses dires, une loi de finance rectificative a déjà permis de dégager 9 milliards. ‘’Si vous faites un peu de recherches, vous verrez qui sont les personnalités qui se cachent derrière Envol immobilier. C’est un scandale de plus d’autant que cette entreprise a été créée en décembre 2015 et n’a que six mois. Cette société n’ayant aucune référence pour construire les cités ministériels de Diamniadio, a sous-traité la réalisation de ces chantiers à une entreprise chinoise’’, a-t-il dénoncé.

Ces révélations ne sont que la suite d’une logique dans laquelle s’était engagé l’homme. On se rappelle que c’est lui qui avait révélé que l’Assemblée nationale n’avait pas payé ses impôts. Moustapha Niasse le président de l’institution avait démenti avant de se faire contredire par le ministère de l’Economie. Lors de son dernier passage à l’Assemblée nationale, le ministre Amadou Ba avait soutenu que  les députés  ne devaient pas et ne peuvent pas devoir de l’impôt à l’Etat.  Ce qui est logique, puisque les parlementaires sont soumis à un régime de retenus à la source. L’Assemblée par contre devait belle et bien des millions  au Trésor. Autant de dossiers mis sur la place publique et que les responsables de l’Apr ne pouvaient plus supporter, en premier lieu Moustapha Diakhaté, le président du groupe parlementaire majoritaire qui s’est violemment attaqué à M. Sonko.

 Reste à savoir la suite qui sera donnée à ce dossier et celui qui en sortira vainqueur.   

BABACAR WILLANE

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