Publié le 19 Jul 2012 - 22:06
SYRIE

Le troisième veto russe signe l'échec du plan Annan

Kofi Annan, mardi à Moscou, a été reçu par Vladimir Poutine au Kremlin. Il n'a pas réussi à infléchir la position russe sur la question syrienne.

 

Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan s'est déclaré, jeudi, «déçu» par le blocage d'une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU qui aurait fait pression sur le gouvernement syrien.

 

En octobre 2011, lorsque la Russie avait, une première fois, opposé son veto à une résolution du Conseil de sécurité sur la Syrie, la répression exercée par le régime de Bachar el-Assad avait déjà fait 3000 morts. Ce chiffre atteignait 6000 tués, quatre mois plus tard, quand Moscou avait mis une deuxième fois son veto à l'ONU, en février dernier.

 

Le bilan dépasse actuellement 17.000 victimes, au moment où la Russie vient de dire une nouvelle fois niet à une déclaration enjoignant Bachar, sous peine de sanctions, à cesser le feu et à s'éclipser pour permettre une transition politique. Ainsi résumée jeudi par l'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud, la chronique de l'intransigeance russe sur la Syrie s'apparente à une litanie funèbre.

 

Le vote négatif émis jeudi par la Russie et par la Chine signe la mort, largement annoncée, du plan de paix de Kofi Annan et constitue plus généralement un grave échec pour la diplomatie onusienne. La première conséquence sera le non-renouvellement pour 45 jours, ainsi que le prévoyait la résolution, du mandat de la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus). Déployé depuis la mi-avril sur le terrain, ce contingent de 300 hommes avait dû suspendre son activité en juin en raison de la poursuite des combats.

 

Son chef, le général norvégien Robert Mood, a quitté Damas jeudi pour rejoindre Genève. Le Conseil de sécurité devrait se prononcer avant vendredi soir - échéance du mandat de la Misnus - sur un simple renouvellement «technique» de 30 jours permettant à la Misnus de faire ses bagages dans des conditions décentes.

 

«En dehors» du Conseil

 

Même s'il était attendu, le veto russo-chinois a semé la consternation dans les chancelleries occidentales. La paralysie du Conseil de sécurité se révèle au grand jour. Les Américains ont annoncé qu'ils allaient travailler «en dehors» de cette instance. À New York, les responsabilités, russes en l'occurrence, sont clairement pointées du doigt. «Ce troisième veto signifie que pour la Russie et la Chine il n'y aura pas de conséquences au non-respect par le régime syrien de ses obligations», a souligné l'ambassadeur Gérard Araud.

 

Il signifie «que les crimes resteront impunis. Que leurs auteurs pourront continuer de vaquer à leurs desseins nauséabonds», a poursuivi le diplomate français. Dans ces conditions, l'annonce jeudi d'un renforcement des sanctions européennes (avec la possibilité d'inspecter les navires et les avions susceptibles de violer l'embargo sur les armes) apparaît bien dérisoire.

 

À Paris, on entend néanmoins poursuivre les efforts diplomatiques dans deux directions, l'appui à l'opposition syrienne et la mobilisation internationale. Une quatrième réunion des «amis du peuple syrien» aura lieu début septembre à Rabat, au Maroc.

 

«En Syrie, il n'y a pas de plan B, explique le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valéro. Le choix est entre le chaos, ce que nous refusons, et une transition politique. Nous n'avons pas d'autre choix que de continuer», ajoute-t-il.

 

 

Lefigaro

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