Publié le 28 Jun 2019 - 19:48
TARIF DE L’ELECTRICITE AU SENEGAL

Des écarts de revenus d’environ 70 milliards notés en avril dernier 

 

L’exercice du 1er avril de la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse) a permis de noter des écarts entre le revenu maximum autorisé avec l’indexation et les tarifs d’électricité en vigueur, d’environ 70 milliards de francs CFA. L’annonce a été faite hier, par le président de cette commission, Ibrahima Amadou Sarr, lors d’un atelier.

 

Dans le cadre de la révision des conditions tarifaires de la Senelec pour la période 2020-2022, la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse) a lancé depuis le 27 mai 2019, la première consultation publique. Une rencontre qui porte notamment, sur le bilan de la période tarifaire 2017-2019, les nouvelles normes et obligations fixées à la Senelec pour la période sous-revue et la méthodologie de révision de la commission. En effet, la Crse fixe un revenu maximum autorisé à l’opérateur Senelec pendant une période de 3 ans. ‘’Chaque année, on détermine ce revenu. Mais puisqu’il y a des facteurs exogènes sur lesquels l’entreprise n’a pas tellement d’influence, notamment l’évolution de la demande, l’inflation sur le prix du combustible, qui représente environ 80% des charges de la Senelec, nous sommes obligés de faire des indexations de manière trimestrielle’’, explique le président de la Crse. Ibrahima Amadou Sarr s’exprimait hier, face à la presse à l’occasion d’un atelier de lancement du processus de révision des conditions tarifaires de la Senelec pour la période 2020-2022.

Sur ce, le président de la Cres indique qu’au 1er janvier de l’année 2019, ils sont arrivés à des situations où ils ont eu un écart de revenus par rapport au revenu maximum autorisé avec l’indexation et les tarifs qui étaient en vigueur. ‘’Normalement, on aurait dû ajuster les tarifs de 39% à l’époque. Cependant, le contrat de concession fait obligation à la commission, en cas d’ajustement brusque important de tarifs, de faire recours à l’Etat pour recueillir son avis. Et, l’Etat nous a recommandé de maintenir les tarifs en vigueur et qu’il se chargerait de compenser la Senelec pour environ 33 milliards de francs CFA au cours du 1er trimestre de 2019’’, explique M. Sarr.

Le même exercice a été fait au 1er avril. ‘’Compte-tenu de l’inflation, on est toujours dans une phase où il y a un écart entre les tarifs de référence et les revenus maximums autorisés tenant compte de l’indexation. Là aussi, on est arrivé à des écarts de revenus d’environ 70 milliards de francs CFA. Et l’Etat nous a également demandé de maintenir les tarifs en vigueur’’, renchérit le président de la Crse. Ainsi, M. Sarr fait savoir qu’ils vont vers la revue du 1er juillet. Et, Senelec fera ses calculs qu’elle soumettra à la Commission. Une fois déterminé, ils prendront cet écart pour le soumettre à l’Etat. D’après lui, c’est au gouvernement, dans le cadre de sa politique, de décider s’il va le prendre en charge. Une autre solution aussi peut consister à dire à la Commission d’ajuster la tarification ou l’Etat fait une compensation partielle.

‘’Aucune hausse du tarif d’électricité exercée depuis plus de 10 ans’’

En réalité, le Directeur de cabinet du ministre du Pétrole et des Energies, Abdoulaye Dia, a relevé que depuis plus de 10 ans, le pays ‘’n’a procédé à aucune hausse’’ de tarif de l’électricité. Ceci, malgré l’augmentation au niveau mondial des intrants qui sont le coût du baril. ‘’La politique initiée par l’Etat du Sénégal, c’est de supporter les consommateurs, surtout les plus démunis. A chaque trimestre, la Commission calcule le manque à gagner ou le surplus de gain de la Senelec. Elle le soumet à l’Etat du Sénégal. Puisque notre pays a la chance d’avoir découvert d’importants gisements de gaz et de pétrole, nous pensons que toutes les parties doivent faire des efforts nécessaires’’, soutient l’ancien Secrétaire général de la Senelec.

Pour ce faire, M. Dia, estime que d’abord l’opérateur Senelec doit faire des efforts pour ‘’engranger des gains’’. Ce qui va lui permettre de ‘’réduire’’ les coûts de production de l’électricité, de ‘’dénicher’’ toutes les mauvaises performances afin de ‘’reverser’’ ces gains aux consommateurs. ‘’Il faut que le consommateur qui bénéficie d’un service de qualité puisse payer ses factures. (…) Il ne s’agit pas de subvention, mais de compensation tarifaire. C’est un élément de revue auquel la Senelec a droit. Mais l’Etat, au lieu de répercuter cette hausse sur le consommateur, a trouvé d’autres mécanismes d’atténuer toute hausse sur le consommateur’’, précise le Directeur de cabinet du ministre du Pétrole et des Energies.

Cependant, M. Dia pense que la période tarifaire 2020-2022 revêt un caractère particulier pour le secteur de l’électricité. Car, elle sera marquée par la consolidation des actions en cours en matière d’investissement et l’adaptation de la structure du secteur aux nouveaux défis. Cette période sera également marquée entre autres par la mise en œuvre du programme du MCA d’un montant de 600 millions de dollars, le début de l’exploitation du pétrole et du  gaz local et son utilisation pour la production de l’électricité. Mais aussi, l’entrée en matière du marché de l’électricité du Wapp, la fin du monopole de Senelec dans l’achat en gros, la réforme institutionnelle du secteur, l’opérationnalisation de l’accès des tiers au réseau et la poursuite de la mise œuvre de la stratégie de l’accès universel.

MARIAMA DIEME

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