Publié le 18 Aug 2017 - 11:25
TERRORISME

Barcelone frappé à son tour

 

Une camionnette a percuté la foule hier après-midi sur les Ramblas, lieu le plus fréquenté de la ville espagnole, faisant au moins 13 morts et plus de 100 blessés. L’Etat islamique a revendiqué l’attentat dans la soirée. Le conducteur est en fuite.

 

Des corps immobiles et ensanglantés étendus sur la chaussée, une poussette abandonnée, des passants affolés : jeudi après-midi, une fourgonnette a semé la mort et la panique sur les Ramblas, épicentre touristique de Barcelone. Des images qui rappellent les attentats commis en Europe depuis treize mois à Nice, Berlin, Londres et Stockholm, selon un mode opératoire préconisé par l’organisation jihadiste Etat islamique depuis 2014.

Vers 17 heures, selon le récit des médias espagnols, une fourgonnette blanche s’est engagée sur la portion centrale et piétonnière des Ramblas, au niveau de la place de Catalogne. D’après le quotidien régional La Vanguardia, le véhicule a parcouru environ 600 mètres, heurtant les passants ‘’en faisant des zigzags afin de causer le plus de victimes’’. Peu après 20 heures, le gouvernement catalan faisait état de 13 morts et plus de 100 blessés dont 15 très gravement. La police régionale a indiqué de son côté qu’elle ‘’traitait l’événement comme un attentat terroriste’’, en précisant qu’elle ne connaissait pas le motif de l’attaque. Peu après 21 heures, l’Etat islamique, via son agence de propagande Amaq, a revendiqué l’attentat. La situation demeurait toutefois confuse.

Un suspect identifié

Les autorités ont confirmé l’arrestation de deux suspects. Aucun des deux n’est le conducteur de la camionnette, qui est toujours en fuite, a annoncé dans la soirée la police catalane. L’un des deux hommes aurait été identifié comme Driss O., né au Maroc en 1989. Il aurait loué une des deux camionnettes impliquées dans l’attaque. Sur sa page Facebook, il se présente comme originaire de Marseille et habiterait à Ripoll, près de la frontière française. Or, selon le site du quotidien El País plus tard dans la soirée, le ‘’véritable’’ Driss O. se serait présenté dans un commissariat pour démentir être l’auteur de l’attaque et déclarer le vol de ses papiers.

Selon El Periodico, le suspect aurait été interpellé à Manlleu, à environ 70 kilomètres au nord de Barcelone, où une seconde fourgonnette aurait été saisie. D’après El País, l’homme arrêté aurait loué le véhicule-bélier dans une commune de la banlieue nord de la ville. Dans un premier temps, des sources policières citées par les médias catalans ont indiqué qu’un ou deux hommes armés se seraient retranchés dans un bar. Une information démentie dans la soirée. Les autorités cherchaient un homme mesurant environ 1,70 mètre et vêtu d’une chemise blanche à rayures bleues. Un passeport espagnol aurait été retrouvé dans le véhicule abandonné sur les Ramblas.

Albert Tort, un habitant du quartier de 47 ans, a décrit l’attaque à El País : ‘’La police ne me laissait pas passer, mais je leur ai dit que j’étais infirmier et j’ai pu approcher. J’ai vu une véritable catastrophe. J’ai compté au moins six morts, j’ai tenté de ranimer un jeune, mais c’était impossible’’. En quelques minutes, les Ramblas ainsi que l’immense place de Catalogne ont été évacuées par les forces de sécurité, lancées par ailleurs à la recherche du ou des auteurs de l’attentat. Les stations de métro ont été fermées, le quartier entièrement bouclé. Un défi logistique dans ce quartier extrêmement fréquenté.

Chaque année, des dizaines de millions de personnes, dont de nombreux touristes étrangers, visitent les Ramblas. La police locale a demandé aux habitants de ne pas sortir de chez eux ‘’à moins que ce soit nécessaire’’, et a ordonné aux restaurants et aux hôtels de la zone, à l’intérieur desquels se sont réfugiées des dizaines de personnes, de fermer leurs portes. Cristian, un touriste chilien d’une vingtaine d’années, a ainsi raconté à la télévision nationale espagnole TVE être resté barricadé plus de deux heures dans un immeuble de bureaux : ‘’J’étais en train de marcher sur les Ramblas. J’ai vu la camionnette arriver et commencer à heurter les gens. Tout le monde s’est mis à courir. Je me suis caché dans un immeuble avec une trentaine de personnes et le garde de sécurité. Il y avait un Français avec le pied cassé, une femme s’est évanouie’’.

‘’Ce sont des assassins’’

D’après El Periodico, la CIA aurait prévenu, deux mois plus tôt, les autorités espagnoles que Barcelone, et plus précisément les Ramblas, pourrait être la cible d’une attaque terroriste. Depuis 2015, le niveau 4 pour ‘’un risque élevé’’ sur une échelle de 5 a été fixé par le gouvernement espagnol. L’Espagne avait été meurtrie le 11 mars 2004, quand plusieurs bombes posées dans des trains de la banlieue et dans des gares de Madrid par des jihadistes affiliés à Al-Qaeda avaient tué près de 200 personnes et fait 1 900 blessés.

La maison royale espagnole a réagi : ‘’Ce sont des assassins, simplement des criminels qui ne vont pas nous terroriser. Toute l’Espagne est Barcelone’’. Le Premier ministre, Mariano Rajoy, a aussitôt interrompu ses vacances. ‘’Les terroristes ne vaincront jamais un peuple uni qui aime la liberté face à la barbarie’’, a-t-il tweeté. Rajoy était attendu dans la soirée à Barcelone, accompagné du ministre de l’Intérieur. A l’étranger, Donald Trump a offert l’aide des Etats-Unis. ‘’Soyez durs et forts, nous vous aimons’’, a lancé le président américain sur Twitter. ‘’Toutes mes pensées et la solidarité de la France pour les victimes de la tragique attaque de Barcelone, a quant à lui réagi Emmanuel Macron. Nous restons unis et déterminés’’.

Libération.fr

 

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