Publié le 11 Dec 2012 - 11:02
TIVAOUANE ENTERRE SON MANSOUR DANS LA DOULEUR

Dans la chaleur d’une aube douloureusement vécue

 

Tivaouane la sainte a pleuré toute une nuit. Et si on devait résumer ce qui s’est passé, on dirait simplement que ''dans cette ville, les gens ont souffert dans leur chair’’. C’est à 22h que la douleur a atteint son paroxysme, lorsqu’un cercueil vide a été introduit dans la maison du défunt Khalife.

 

''Nous avions voulu tromper la vigilance des gens, pour qu’ils quittent tôt les lieux, afin qu’on enterre le khalife dans la sobriété'', confiera un membre proche de la famille du défunt. Toutefois, la stratégie fera flop. Puisque, les accompagnateurs du cercueil sont restés à l’intérieur de la demeure du défunt Khalife. Flairant donc la simulation, les talibés aussi sont restés.

 

A l’intérieur de la mosquée, c’est la grosse débandade, difficilement gérée par des GMI à bout de nerfs. Les gens tombent par dizaines, donnant ainsi aux agents de la Croix-rouge un travail herculéen. Il en sera presque ainsi toute la nuit. Les heures passent et les commentaires vont bon train. ‘’Le corps est là’’, ‘’non il n’est pas là’’, ‘’si, il a déjà été enterré’’.

 

On spécule sur le sujet, mais personne ne veut quitter les lieux. A Tivaouane, l’incertitude est la chose la mieux partagée. C’est à 4h du matin que le cortège funèbre débarquera sur les lieux. Auparavant, les chaînes de radios avaient déjà vendu la mèche. Scotchés à leurs postes, les talibés accourent sur le lieu de l’enterrement. Après la prière mortuaire, les choses s'accélèrent et vers 5h 20mn, tout est déjà fait.

 

Les fidèles, perchés sur les murs, les arbres, les balcons et les terrasses, ont tenu à assister à l’événement. Les larmes ont perlé avec abondance et des cris de détresse se sont fait entendre tout le long de cette aube. Après cela, dans une ferveur inouïe, les fidèles ont assisté à la prière du ‘’Fadjr’’. Les coqs ont chanté et le jour a paru, mais les fidèles tidianes n’ont pas fermé l’œil de la nuit.

 

Le lendemain, les cernes autour des yeux rougis, portés par des silhouettes fatiguées et attristées, ils ont pullulé dans Tivaouane. A l’image des jeunes Seynabou Seck, adja Awa Mbaye qui se réjouissent d’avoir accompagné, dans leur ‘’cœur’’, le défunt Khalife. Les candidats à cet enterrement ont senti du baume dans leur cœur. La foule a grossi et les gens n’ont cessé de venir de partout du Sénégal. Ni la chaleur, ni la faim n’ont pu venir à bout de leur ferveur et de leur détermination.

 

 

Amadou NDIAYE (Envoyé spécial)

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