Publié le 4 Jun 2014 - 05:36
TOURISME SUR LA PETITE COTE

Saly se ‘’Salit’’ et se meurt

 

Le ‘’dernier souffle’’! c’est ce que semble vivre, hélas, le tourisme à Saly-Portudal. L’unique station balnéaire de l’Afrique de l’Ouest reste confrontée à de sérieuses difficultés qui menacent sa pérennité. Entre autres, l’érosion côtière, la baisse constante du chiffre d’affaires, la problématique de l’instauration du visa et du renchérissement des coûts de la destination Sénégal. D’où le cri de détresse de nombre d’acteurs touristiques. 
                                                       
La station balnéaire de Saly-Portudal, sur la Petite-Côte, vit des jours sombres. Et pourtant. ‘’Depuis 2000, nous n’avons cessé d’alerter l’autorité sur les menaces qui pèsent, non seulement sur nos activités, mais, essentiellement, sur la station balnéaire dont la disparition est à craindre fortement'', renseigne, d’une voix presque étranglée, le directeur de Safari hôtel, Pathé Dia.
 
Seulement, poursuit-il, la réaction des autorités demeure timide pour ne pas dire vaine. C’est dire  que le tourisme à Mbour comme à Saly n’a pas de perspective. Un cri de détresse qui mesure à sa juste valeur l’ampleur du désespoir qui s'est emparé de la paisible commune de Saly, face à la mort programmée dudit secteur, lequel, constitue le deuxième pilier de l’économie du pays.
 
En effet, la station balnéaire de Saly risque d’être engloutie par les eaux. L’érosion côtière ayant presque ‘’avalé’’ tout le littoral. ‘’L’érosion côtière a emporté tout sur son passage. On avait  sollicité l’installation de digues, mais la mer a tout bouffé. Avant 2000, on avait de belles plages, à perte de vue, avec la mer. Sur la berge, étaient innombrables les touristes et autres visiteurs. Mais aujourd’hui, nous avons tous perdu notre travail. Et pire, on ne parvient plus à écouler nos œuvres’’, se désole Ndiaga Sarr Mboup, un guide touristique converti en sculpteur du fait de la crise.
 
A la station balnéaire de Saly-Portudal, la saleté règne en maître. La plage est rendue malpropre, invivable, dégoûtante du fait des filets des pêcheurs emmêlés aux algues marines déposées sur le rebord par les vagues. ‘’Pour passer mes vacances, je viens toujours à Saly Hôtel. C’était l’une des plus belles plages. Mais aujourd’hui, il n’y a presque plus de plage. Pire, le tourisme est freiné parce qu’il y a le problème du Mali, le virus Ebola qui fait un peu peur et bien sûr le prix des billets.
 
Mais encore, la réciprocité du visa y est pour beaucoup’’, nous balance à la figure Francine, une Française croisée à l’hôtel les Filaos. Sur la question des visas, les acteurs touristiques restent d’ailleurs unanimes. Aux yeux de Boubacar Sabaly, Directeur de l’hôtel ‘’Les Bougainvilliers’’, ‘’la réciprocité du visa aux pays qui ne sont pas membres de la Cedeao participe à cet état de fait’’. 
 
Et de poursuivre : ‘’l’autorité n’a jamais mis la bonne personne à la place qu’il faut. Nous n’avons eu que des ministres politiques qui ne vendent pas la destination Sénégal. C’est le premier obstacle du tourisme’’. M. Sabaly pense que ‘’ce manque de volonté politique affiché des autorités est exacerbé par des décisions dont les conséquences renchérissent le coût de la destination (fiscalité et taxes aéroportuaires) et affectent lourdement la compétitivité par rapport à la concurrence internationale de plus en plus difficile’’. Ndiaga Sarr Mboup, sculpteur de son état, de soutenir, sans ambages, que ‘’cette année, il n’y a même pas eu de saison touristique.
 
l’élaboration d’un plan d’urgence de relance
 
De l'avis de ce dernier, ‘’la situation à Saly Portudal est telle qu’on pourrait estimer la baisse du tourisme à près de 50 %’’. Et comme solution, le Directeur de l’hôtel Les Filaos, Ibrahima Sarr, de faire remarquer : ‘’Pour renverser la situation, nous sollicitons le maintien de l’exemption des visas d’entrée aux touristes. Aussi, une mise en œuvre rapide des recommandations et décisions du Conseil interministériel du 23 juillet 2012 consacré au tourisme.
 
De même que l’accélération de la mise en place du Fonds de relance et la mise en place, dans les meilleurs délais, d’une structure dédiée à la promotion du tourisme sur la base d’une gestion paritaire, la requalification de la station de Saly, l’élaboration d’un plan d’urgence de relance, la promotion, entre autres, du tourisme en Casamance.  Ce, comme facteur de paix et de développement économique et social’’. 
 
''Tout compte fait, un mémorandum a été déposé sur la table des autorités ''pour soigner la plaie qui ronge la station balnéaire de Saly, à présent salie par un chapelet de maux'', confie Ibrahima Sarr. En attendant que des solutions soient apportées aux complaintes des acteurs du tourisme, la station balnéaire de Saly-Portudal naguère ‘’paradis terrestre’’ a perdu de son lustre d'antan.
 
NDEYE FATOU NIANG (THIES)

 

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