Publié le 30 May 2017 - 00:02
TRACTATIONS AU SOMMET DE MANKO

Oumar Sarr et Khalifa Sall à couteaux tirés

 

Pour diriger la liste nationale, trois candidats se sont déclarés au sein de Manko. Il s’agit de Oumar Sarr du Pds, Khalifa Sall de Initiatives 2017 et Mansour Sy Djamil de Bés du ñakk. Au terme des discussions qui ont été menées hier, Mansour Sy a été mis en minorité. Khalifa Sall et Oumar Sarr sont dos à dos. S’étant abstenu lors du vote, Modou Diagne Fada pourrait départir les deux candidats en lice.

 

Les négociations en vue de la confection des listes électorales pour les élections législatives du 30 juillet prochain s’annonçaient rude au sein de Manko Taxawu Senegaal. Elles le sont. La coalition ira-t-elle en rang soudé et dans sa configuration actuelle ? Rien n’est moins sûr, si on sait que le maire de Dakar Khalifa Sall, le président du conseil départemental de Kébémer, Modou Diagne Fada, par ailleurs, président du parti Les démocrates réformateurs/Yessal et les autres leaders alliés du PDS, chacun en ce qui le concerne, ont déposé séparément la caution leur permettant de participer aux élections législatives du 30 juillet prochain. Cela, dans le but de parer à toute éventualité, en cas de désaccord. Car les écueils sont bien là.

Les leaders de la coalition Manko n’arrivent toujours pas à trouver des consensus forts sur certains points. En dépit de leur besoin d’aller en rang soudé à ces élections pour avoir une majorité confortable à l’Assemblée nationale afin d’y imposer au régime en place une cohabitation pouvant permettre un équilibre des pouvoirs, Oumar Sarr, Secrétaire général adjoint du Parti démocratique sénégalais (PDS) et Khalifa Sall, leader de la coalition Initiatives 2017, ne parviennent toujours pas à transcender leurs divergences sur certaines questions. Le fossé qui sépare ces leaders de l’opposition est de plus en plus profond, au fur et à mesure qu’on s’achemine vers les investitures sur les listes électorales. Hier, les tractations menées au sein de la commission installée à cet effet et qui regroupe tous les leaders des partis membres n’ont rien pu donner.

Dès l’entame des discussions, trois candidatures se sont déclarées pour diriger la liste nationale. Il s’agit de celles de Mansour Sy Djamil, Khalifa Sall et Oumar Sarr. Au terme des tractations, Cheikh Bamba Dièye, Malick Gakou et Idrissa Seck se sont déclarés favorables à Khalifa Sall. Quant à Mamadou Lamine Diallo de Tekki, Mamadou Diop Decroix et Pape Diop de Bokk gis gis, ils ont porté leur choix sur la candidature du Pds. Mansour Sy Djamil, lui, a été mis en minorité. Il n’a reçu le soutien d’aucun des partis qui composent MTS. Pour sa part, Modou Diagne Fada s’est abstenu.

Aussitôt après le terme de cette rencontre, des informations comme quoi le Pds a quitté la coalition MTS ont circulé sur la toile. Mais selon les libéraux du Pds contactés par EnQuête, il n’en est rien. ‘’Le Pds serait la dernière formation politique à quitter le Manko pour l’avoir initiée, après l’adresse de Abdoulaye Wade pour une unité de l’opposition pour faire face à Macky Sall. La position du PDS reste la même’’, a déclaré d’emblée Mayoro Faye. ‘’En tant qu’initiateur principal, nous avons encore espoir que les différents partis qui prennent part à cette coalition auront l’intelligence et la sagesse de comprendre que le PDS, étant la première force politique de l’opposition, donnerait plus de chance de gagner en étant devant. Certainement, cette coalition n’est pas mise en place pour perdre. Elle est mise en place pour gagner. Et pour gagner, il faut les forces les plus représentatives devant, sans pour autant sous-estimer le rôle des uns et des autres’’, ajoute le chargé de la communication du PDS.

Mayoro Faye voit derrière cette rumeur une fuite orchestrée par certains de leurs alliés pour écarter le PDS et récupérer ce qui reste de MTS. ‘’Les gens tentent d’organiser des fuites et c’est malheureux. L’essentiel pour le Pds, c’est de rester sur ses positions, garder intactes ses intentions, c’est-à-dire travailler à mettre en place une coalition tout en demandant aux parties prenantes de respecter la position que chacun devrait avoir dans celle-ci, afin de jouer le rôle qui sied. Les gens veulent anticiper pour récupérer la coalition en disant que le Pds a boudé. Mais nous ne leur donnerons pas cette opportunité’’, fulmine-t-il

Outre cette question de la tête de liste nationale, d’autres points opposent également les différentes composantes de MTS. Même si les tractations sont toujours en cours et qu’il n’y a pas jusque-là une rupture du dialogue, libéraux et alliés de Manko n’arrivent pas à s’entendre au moins sur deux autres questions. D’abord, la répartition des 7 sièges impartis à Dakar oppose Khalifa Sall aux autres leaders de MTS. Le maire de Dakar, jusque-là derrière les barreaux dans le cadre de l’affaire de la caisse d’avance, réclame 5 des 7 sièges octroyés à la capitale sénégalaise, au motif qu’il y est plus représentatif que ses alliés. Ce que les autres leaders de Manko n’entendent pas accepter. ‘’Avec la loi sur la parité, si Khalifa Sall et sa coalition prend 5 sur les 7 sièges alloués à Dakar, cela risque de poser un gros problème aux autres partis de Manko. Je pense que, s’il veut que les choses avancent, il doit revoir sa position. On pourrait comprendre qu’il prenne au moins 3 ou 4 sur les 7 sièges’’, confie un responsable de MTS à EnQuête. Mais ce dernier ne désespère pas que le maire de Dakar lâche du lest sur ce point pour permettre aux leaders de Manko d’avancer, puisque le temps presse.

Pape Diop ou Barthélémy Dias ?

Le deuxième écueil sur lequel butent le maire de Dakar et les autres leaders de Manko, c’est sur le choix de la tête de liste départementale à Dakar. En effet, le président de la Convergence libérale démocratique/Bokk gis gis (CLD/BGG), Pape Diop, dispute cette position au dauphin de Khalifa Sall, Barthélemy Dias, par ailleurs maire de Mermoz-Sacré-Cœur. Au moment où Khalifa Sall estime que le fils de Jean Paul Dias pourrait faire l’affaire de la coalition à Dakar, Pape Diop lui, pense le contraire. En tant qu’ancien maire de Dakar, l’ex-président du Sénat sous le régime d’Abdoulaye Wade croit qu’avec le soutien indéfectible des autres partis alliés, il est le plus apte à conduire la coalition MTS au niveau du département de Dakar pour venir à bout de la liste de la mouvance présidentielle regroupée au sein de la coalition Benno bokk yaakaar (BBY).

Ainsi les points de divergence demeurent, malgré l’entregent du président de Rewmi, Idrissa Seck, et d’autres leaders de MTS comme Cheikh Bamba Dièye du Front pour le socialisme et la démocratie/Benno jubbël (FSD/BJ), pour amener tout le monde à faire des concessions et obtenir des consensus forts. 

ASSANE MBAYE

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