Publié le 22 Oct 2016 - 10:06
TRAFIC D’ARMES EN DIRECTION DU SOUDAN DU SUD

Le Sénégal cité comme zone de transit

 

Si l'on en croit un rapport confidentiel d'experts commis par les Nations unies, le Sénégal serait l'un des points de transit du trafic d'armes qui alimente la guerre civile au Soudan du Sud. Le rapport obtenu par nos confrères de l'Agence France presse (AFP) révèle que des armes venues d’Europe de l’Est et d’Israël sont parvenues aux parties en guerre au Soudan du Sud par l’intermédiaire de l’Ouganda et du Sénégal. Et pour comprendre comment le nom du Sénégal s'est retrouvé au cœur des révélations de cette enquête onusienne, il faut remonter à juillet dernier, lors de l'arrestation en Espagne d’un millionnaire polonais résidant sur l’île espagnole d’Ibiza, soupçonné d’avoir fourni des armes lourdes au Soudan du Sud.

Une histoire relayée par EnQuête qui informait, alors, que le trafiquant d'armes arrêté en possession d'un faux passeport diplomatique bissau-guinéen et qui s'est avéré être un ancien militaire polonais, se procurait beaucoup d'armes sur le marché noir, notamment en Europe de l'est et en Israël, à travers un groupe de sociétés ayant des liens avec l’Allemagne, la Belgique, la France et le Royaume-Uni.

Selon toute vraisemblance, l'arrestation de ce marchand d'armes a permis aux enquêteurs espagnols de mieux cerner les circuits qu'empruntent ces marchandises de la mort. Et le Sénégal, parmi d'autres pays comme l'Ouganda et la RDC, est l'un des points de transit de ce trafic pas comme les autres. L'information a été filée par la police espagnole aux experts commis par l'ONU. Il a fallu plus d'un mois d'enquête aux limiers espagnols, à partir de l’arrestation du trafiquant polonais. Car, l'on apprend du rapport confidentiel des experts commis par l'ONU que l'information sur le passage des armes par le Sénégal leur est parvenue, il y a seulement un mois. Les policiers espagnols y indiquent que les armes trafiqués ont été commandées par les partisans de Riek Machar en passant par un intermédiaire au Sénégal et que la commande "a été au moins partiellement livrée".

Et les experts de souligner que ce sont là de "nouvelles informations sur les transferts d’armes", dont les plus récents datent de 2014, à la fois vers l’armée gouvernementale et vers les partisans de l’ex-vice-président Riek Machar. On peut dès lors se poser la question de savoir comment ces armes parviennent-elles, sans encombre, à leurs acheteurs sud soudanais ?

L’avion presidentiel de Jammeh

Une chose reste certaine, c'est que le Président gambien Yahya Jammeh a formellement été identifié par les enquêteurs espagnols comme étant l'une des personnes qui aident le trafiquant polonais à acheminer ses commandes à bon port. Dans une édition de juillet dernier, EnQuête citait un haut responsable de la police espagnole qui avait fait cette déclaration au journal espagnol ‘El Pais’: "Nous enquêtons sur ce suspect, depuis 2012, et on sait qu'il a utilisé l'avion du Président de Gambie dans ses multiples déplacements pour livrer des armes". En effet, les limiers espagnols, aidés par la police européenne Europol, avaient bien découvert que l'un des quatre avions présidentiels de Yahya Jammeh a souvent été utilisé par le trafiquant polonais pour ses déplacements au Soudan du Sud.

Entre le Sénégal cité comme point de transit et les avions de Yahya Jammeh utilisés pour le transport des armes, il y a encore une grosse zone d’ombre que les experts onusiens vont sûrement éclaircir dans cette affaire qui reste à suivre.

 

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