Publié le 7 Nov 2018 - 19:28
TRAFIC DE DROGUE

Le dealer mouille les policiers pour se défendre

 

Le procureur a requis, hier, une peine de 15 ans de travaux forcés contre le nommé Ibrahima Sy. Accusé de trafic de drogue, le dealer prétend que les policiers l’ont arrêté, parce qu’il a refusé de les corrompre.

 

Attrait hier à la barre de la Chambre criminelle de Dakar pour trafic de drogue, Ibrahima Sy n’a trouvé rien de mieux que de charger les policiers pour se tirer d’affaire. Pour sa défense, le dealer a déclaré à la barre qu’il a été arrêté, parce qu’il a décidé de ne plus corrompre les policiers. ‘’J’ai des précédents avec la police. Je leur offrais de l’argent pour exercer tranquillement mon commerce. Mais j’ai été arrêté parce que j’ai mis fin à la collaboration’’, s’est-il défendu. Aussi, a-t-il nié catégoriquement les faits. Mais ses dénégations n’ont pas convaincu le représentant du parquet qui trouve qu’Ibrahima Sy ‘’a une ligne de défense bizarre et curieuse, en jetant l’opprobre sur la police’’. ‘’Quand il dit qu’il a été appréhendé, parce qu’il ne voulait pas payer son reliquat, c’est faux, car il est bien connu des fichiers de la police’’, a-t-il martelé.

Revenant sur les faits, le maitre des poursuites a expliqué que l’accusé a été arrêté suite à des renseignements faisant état d’un trafic de drogue à Thiaroye. Munis de cette information, les policiers ont fait une descente chez lui et l’ont arrêté avec 26 kg de chanvre indien conditionnés ainsi que la somme de 20 000 F Cfa et une moto qu’il utilisait pour ses activités de trafic. D’après le parquetier, tout a été placé sous scellé et, lors de son interrogatoire, le dealer a fait des aveux circonstanciés. Il a confié que la drogue lui appartenait et qu’il l’avait reçue d’un certain Alé Diongue. Mieux, il a reconnu son statut de dealer en déclarant être un multirécidiviste, pour avoir été condamné au moins à une peine de 2 ans pour trafic. Au regard de ces éléments, il a requis 15 ans de travaux forcés et une amende de 10 millions de francs Cfa.

Cependant, pour Me Ndèye Fatou Sarr, son client comparait sur la base de simples déclarations consignées dans le procès-verbal. A son avis, lesdites déclarations ne peuvent pas constituer de preuves, puisqu’elles sont fabriquées par les enquêteurs. S’inscrivant dans la logique de son client, Me Sarr renchérit que c’est une réalité que les trafiquants ont toujours collaboré avec des policiers. Malheureusement, dit-elle, les véritables trafiquants ne sont jamais arrêtés.  Par rapport à la culpabilité de l’accusé, l’avocate estime qu’il n’y a pas de certitude sur la quantité de la drogue, car les scellés n’ont pas été produits. Par conséquent, il y a un doute sur la culpabilité d’Ibrahima Sy et il doit être acquitté au bénéfice du doute.

‘’Je déteste mentir’’

Son confrère Me Amadou Diallo a abondé dans le même sens, arguant que le doute est sérieusement permis dans cette affaire. Selon son analyse des faits, le procès-verbal ne renseigne pas sur les circonstances dans lesquelles la drogue a été saisie. Il indexe un problème de matérialité des faits, car on ignore la quantité exacte pour voir si elle est destinée à l’offre ou à la cession. Maitre Diallo est également revenu sur la personnalité de l’accusé, en révélant qu’Ibrahima Sy souffre de crises épileptiques et est père de 7 enfants. ‘’Si vous estimez qu’il est coupable, nous vous demandons de lui accorder une application bienveillante de la loi pénale’’, a-t-il conclu.

Invité à dire son dernier mot avant le renvoi des délibérés, Ibrahima Sy a persisté dans ses dénégations. ’’Je reconnais que j’ai un passé pénal, mais j’ai tourné la page depuis 2003. Pour cette affaire, je suis innocent. En 2003, j’ai plaidé coupable. Je vous en prie, Monsieur le Juge, je déteste mentir’’, a-t-il imploré.

La chambre rend son délibéré le 20 novembre prochain.  

FATOU SY

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