Publié le 6 Feb 2015 - 13:10
TRAFIC INTERNATIONAL DE DROGUE

Le Bissau-Guinéen et le Nigérian condamnés, le Malien acquitté 

 

Un Bissau-Guinéen, un Nigérian et un Malien se sont succédé à la barre,  hier. Ils ont été jugés pour trafic international de drogue. Le Malien a été acquitté, faute de preuves.

 

74 boulettes de cocaïne, l’équivalent d’un kilogramme, c’est ce poids que le Bissau-Guinéen Abdulaï Candé avait avalé. Le prévenu a reconnu les accusations portées contre lui, avant de se défausser sur un ami. Il a affirmé avoir été contraint par son ami Philipe, d’origine nigériane, à avaler la drogue. Ce dernier l’aurait battu et violenté, avant de lui donner la marchandise à acheminer à Dakar où l’attendait un « contact ».

Immigré au Portugal et maçon de profession, l’accusé a soutenu que son calvaire a débuté lorsqu’il a demandé une aide financière à son ami nigérian, pour soigner sa maman malade, aujourd’hui paralysée. Ce dernier lui a répondu qu’il n’avait pas d’argent, mais qu’il allait l’aider à trouver un travail qui puisse lui permettre de gagner de l’argent. C’est ainsi que le Nigérian lui a acheté un billet d’avion pour le Brésil, où il l’a retrouvé 3 jours après. Sans travail, ni soutien, il a accepté de devenir une mule, en échange de 300 000 francs Cfa. Il a ajouté que son ventre avait changé de forme et qu’il était resté plusieurs heures sans manger ni boire.

Il restait deux heures de vie au prévenu pour expulser les boulettes, faute de quoi il allait mourir, a précisé l’avocat général hier. Ensuite, il a relevé que les différents accusés de trafic international de drogue disent tous la même chose ou presque, comme s’ils s’étaient passé le mot. Il a ensuite rappelé pourquoi les trafiquants transitent par Dakar, plutôt que par les autres pays voisins. Dans les autres pays comme la Gambie, c’est une peine minimum de 50 ans qui va lui être infligée, sans omettre que son procès peut attendre 20 ans et qu’ils ont plus de chance de mourir en prison. En Guinée Conakry, les conditions de détention sont inhumaines. Ils risquent de perdre leurs marchandises et mourir en prison, sans être jugés.

Mais au Sénégal, ils ont la chance d’être bien traités, sans être violentés par la police, de bonnes conditions de détention et des avocats pour les défendre. S’il a été d’accord sur la dernière assertion du représentant du Parquet, l’avocat de la défense a déploré les conditions de détention des prisonniers qu’il trouve inhumaines. Vu que son client a montré sa bonne foi en collaborant avec la justice, il a demandé à la Cour de lui faire bénéficier de circonstances atténuantes. L’avocat a aussi accusé la police de n’avoir pas fait son travail et croit savoir que son client est poursuivi par le mauvais sort.

N’empêche que l’avocat général a réclamé une peine de 20 ans de travaux forcés et une amende équivalente au triple du prix de la marchandise. Après la plaidoirie de la défense, le président de la Cour, Ousmane Chimère Diouf, a condamné Abdulaï Candé à 10 ans de travaux forcés et une amende de 150 millions de francs Cfa. Après la lecture de sa sentence, le condamné a salué son avocat et levé ses deux mains pour saluer le public avec un large sourire, comme s’il venait d’être acquitté. Un geste qui a fait rire l’assistance et les membres de la Cour.

‘’L’accusé demande la clémence de la justice’’

Cette autre « mule » devait quant à elle transporter la drogue, 20 boulettes de 300 grammes de cocaïne, d’une valeur de 15 millions de francs Cfa, en Allemagne. ‘’Je devais convoyer la drogue en Allemagne, pour la revendre et acheter des appareils électroménagers pour les envoyer à Dakar’’, a-t-il déclaré à la Cour. Dans ce cas aussi, l’accusé Charles Okoli, de nationalité nigériane, résidant au Sénégal, a reconnu les faits de trafic international de drogue. Il a sollicité la clémence de la cour. Il aurait reçu la drogue de la part d’un ressortissant guinéen. L’avocat général, quant à lui, a demandé que l’accusé soit condamné à une peine de 10 ans de travaux forcés et une amende de 45 millions. La confiscation et la destruction de la drogue.

‘’L’acquitté’’

Le convoyeur de marchandise, Yaya Diawara, accusé de trafic international de chanvre indien, a été acquitté faute de preuves. Au cours du procès, l’accusé a réfuté toutes les accusations portées contre sa personne. Le prévenu a été arrêté après sa descente du train de marchandise Dakar-Bamako. Il venait de remettre à la dame Saly Camara un colis dont le contenu était resté un mystère pour les enquêteurs. Toujours est-il que les policiers ont trouvé à 10 mètres du lieu d’arrestation de Yaya Diawara un sac contenant 10 kilogrammes de chanvre Indien. Entendu, l’accusé a déclaré avoir remis à la dame deux canaris et que le sac de drogue ne lui appartenait pas. Une version qu’il a à nouveau servie devant la Cour.

C’est pourquoi l’avocat général a dit sa perplexité sur l’appartenance du colis de chanvre indien. Soutenant que cela ne suffisait pas pour donner la paternité du sac à l’accusé, il a déclaré s’en rapporter à la sagesse de la Cour. Pour l’avocat de la défense, n’importe qui pouvait avoir déposé le sac là-bas, vu que le train disposait de plusieurs wagons. Il a demandé et obtenu l’acquittement de son client. 

ABDOUL GOUDOUSSY DIALLO (STAGIAIRE)

 

 

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