Publié le 28 Jul 2012 - 15:39
TRANSHUMANCE AU SÉNÉGAL

La sarabande des politiciens

 

 

 

Le phénomène est vieux mais au Sénégal comme dans d'autres pays africains, il atteint des proportions stratosphériques. Avec l’alternance de 2000, la transhumance politique avait désintégré le champ politique pendant douze ans, ceux de Wade. Aujourd'hui, elle semble également réinstaller ses quartiers avec la chute du dinosaure libéral et la montée en puissance de Macky Sall.

 

De type individualiste, elle tendrait à se globaliser au travers des coalitions transformées en couloirs de passage de l'opposition au pouvoir, et à l'intérieur même du pouvoir. Au moment où l'on parle de moralisation de la vie politique, il est peut-être temps que les textes en la matière soient appliqués. Si elles existent.

 

Il est bien mentionné dans la Constitution Sénégalaise qu’un député qui quitte son parti politique perd son mandat. Une mention que l’on retrouve dans le règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Seulement, personne ne semble respecter cette disposition de la loi, faisant ainsi de la transhumance politique une pratique courante de nos jours. Déjà à l’approche des législatives du 1er juillet dernier, le secrétaire général de l’Union pour le renouveau démocratique (URD) Djibo Kâ, en appelait à l’adoption d’une loi organique permettant de ’’combattre la transhumance politique’’. Un phénomène qui, selon lui, ‘’plombe la démocratie sénégalaise’’.

 

Djibo Kâ d’ajouter que «au Sénégal, tous les partis politiques sont secoués par la transhumance. Un phénomène qu’on doit réglementer pour assainir les mœurs politiques. Les gens valsent et fuient comme ils veulent chaque fois qu’il y a changement de régime.» Le leader du renouveau de dire alors : «ces pratiques n’honorent pas notre démocratie. Je suis foncièrement contre la transhumance qui est une tare pour la démocratie, c’est un manque de citoyenneté.»

 

«Prostitution politique»

 

Interpellé sur la question, le député de l’Alliance pour la République, Me Djibril War indique, lui, que la transhumance est une pratique répandue qui est ‘’déroutante et constitue une contre-valeur’’. Car «c’est à la limite de la prostitution.» Ce qu’il déplore le plus, c’est qu’au Sénégal, c’est pratiquement le même personnel politique qui valse.

 

Or, l'idéal de conviction voudrait que chacun reste à sa place et que les gens apprennent à s’opposer. Pour stopper le phénomène, il propose que les transhumants soient mis à l’ombre une fois qu’ils rejoignent un parti. «On ne doit pas leur donner des responsabilités car ils créent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent», déclare le néo-député de l'Alliance pour la République (APR).

 

Les coalitions favorisent-elles la transhumance ?

 

Partant du fait que toute personne jouissante de ses facultés est libre d’intégrer une association, la loi présente ainsi une contrainte à la réduction où à l’éradication de la transhumance. Sur le plan juridique, rien n’empêche à une personne d’intégrer un parti politique mais cela ne doit pas être pris comme prétexte pour transgresser les règles de la morale, explique l'avocat. Le plus compliqué souligne-t-il, c’est la nouvelle formule de transhumance portée par les coalitions.

 

A la prochaine législature, plusieurs députés sont élus sur la base de coalitions et cela pose problème, selon le député de l’APR, qui perçoit à ce niveau un vide juridique. ‘’Avec les coalitions nous avons une porte d’entrée aux dérives’’, a-t-il déclaré avant de décréter qu’avec les coalitions, la transhumance à de beaux jours devant lui.

 

 

AMADOU NDIAYE

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