Publié le 6 Dec 2018 - 03:52
TRANSPORT AERIEN

En route vers le maintien de la Rdia

 

La ministre des Transports aériens et du Développement des infrastructures a été, hier, devant les députés pour défendre son projet de budget 2019 qui a connu une hausse de plus de 100 %.

 

Chassé le naturel, il revient toujours au galop. Il a fallu, hier, à l’Assemblée nationale, qu’un député de la majorité, en l’occurrence Boubacar Biaye, prenne la parole pour fustiger vigoureusement la gestion du président Abdoulaye Wade, pour réveiller la passion des uns et des autres. L’honorable n’a pas mis de gants pour s’en prendre aux libéraux qui, à ses yeux, sont coupables de beaucoup de maux dans la gestion des finances publiques, particulièrement de la redevance pour le développement des infrastructures aéroportuaires. Il fulmine : ‘’Madame le Ministre, je me demande pourquoi vous n’avez pas ouvert des poursuites contre l’ancien président Abdoulaye Wade ou son fils. Ces derniers, entre 2007 et 2011, ont amassé plus de 235 milliards au titre de la Rdia. Il faut nous dire où est passé cet argent. Moi, je pense qu’il faut porter plainte pour clarifier tout ça.’’

Et comme on pouvait s’y attendre, la réponse n’a évidemment pas tardé. ‘’C’est comme si vous n’avez pas de chose à dire. Si vous voulez faire le buzz, essayez une autre méthode. Abdoulaye Wade n’est pas votre égal. Karim Wade, non plus, n’est pas votre égal. Vous n’avez qu’à porter plainte et cessé le bavardage. Abdoulaye Wade vous attend’’, a répliqué le député Mor Kane. Très furieux, le libéral ajoute : ‘’Moi, je souhaite vraiment que vous laissez Abdoulaye Wade se reposer tranquillement. C’est lui qui a construit cet aéroport. Il a construit ce pays et il est parti. Le respect que vous vouez à Abdou Diouf, il le mérite plus. Car ce qu’il a fait ici, en 12 ans, les socialistes ne l’ont pas fait en 40 ans. Interrogez-vous plutôt sur les termes de l’accord avec les repreneurs turcs. C’est cela qui est d’actualité.’’

17 milliards pour la réhabilitation des aéroports régionaux

Cette question sur la Rdia a cristallisé l’essentiel des discussions sur le vote du budget du ministère des Transports aériens et du Développement des infrastructures aéroportuaires. La plupart des parlementaires se sont exprimés pour sa suppression, en vue d’alléger le prix des billets d’avion. Mais même si aucune décision n’est encore arrêtée, du côté de l’Etat, on milite plutôt pour son maintien. Même au-delà du remboursement des financements de l’Aibd, objet pour lequel il a été mis en place pour la construction de nouvelles infrastructures.

Revenant sur les accusations contre l’ancien régime, la ministre a carrément pris le contre-pied du parlementaire Biaye, même s’ils sont tous de la même mouvance. Elle explique : ‘’Il n’y a pas un dossier plus transparent que la gestion de la Rdia. Et toutes les informations sont disponibles à ce sujet. Depuis sa mise en place, 333 milliards de francs Cfa ont été collectés, logés dans un compte séquestre au niveau de Bnp Paribas. A ce jour, 294 milliards ont été payés en remboursement des financements. Nous avons 36 millions de solde.’’

Outre cette question, les débats ont porté sur le développement des aéroports régionaux, les droits de stationnement, Sénégal Air… La ministre, sur toutes ces interrogations, a été intransigeante. Estimant que le développement a un coût. Par ailleurs, en ce qui concerne les 2 500 ha de terre réservés à l’Aibd, les commissaires ont suggéré ‘’que le reliquat non occupé de cette superficie soit concédé aux privés nationaux pour l’édification de sites hôteliers à proximité’’. Ils ont également interpellé le gouvernement ‘’sur la nécessité de réhabiliter les aéroports régionaux qui, selon eux, souffrent. Tout comme les agents qui y sont affectés’’.  Sur ce plan, la ministre a annoncé un important programme de réhabilitation des aéroports régionaux. D’un coût de 17 milliards de francs Cfa, le programme sera lancé le 23 décembre à Saint-Louis par le chef de l’Etat.

Le projet de budget 2019 du ministère des Transports aériens et du Développement des infrastructures aéroportuaires est arrêté à la somme de 19 448 713 477 F Cfa, contre 9 643 337 880 F Cfa en 2018. Soit une hausse de 101,7 %. L’Anacim qui, de l’avis même des parlementaires, joue un rôle important, a vu son portefeuille augmenter de 250 millions.

MOR AMAR

 

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