Publié le 25 Aug 2012 - 22:30
TRAQUE CONTRE LES BIENS MAL ACQUIS AU SÉNÉGAL

 Laurent Kasper-Ansermet, un «libéral rigoureux»

 

En Suisse, on le surnomme LKA. Politiquement classé à droite sur l'échiquier helvétique, le «chevalier blanc » de la Banque mondiale mis au service de la récupération de biens mal acquis au Sénégal est un ex-journaliste tombé dans la magistrature.

 

Membre de la commission internationale chargée de faire la lumière sur les détournements - auxquels aurait donné lieu le programme "Pétrole contre nourriture", qui accompagnait, en Irak, le régime des sanctions, ce magistrat suisse a dirigé l'enquête en Europe et au Proche-Orient. Les sommes en question étaient estimées à 44,2 milliards d'euros. Interpellé sur ces moyens d’action à l’époque, fin 2004, Laurent Kasper-Ansermet (LKA) disait dans une interview accordée aux médias occidentaux : «les entreprises suspectes seront invitées, le moment venu, à justifier des opérations auxquelles elles ont participé.» Ce juge qui aura accès aux archives sénégalaises ne se privera certainement pas des importants documents déjà ficelés sur les audits et en possession du gouvernement sénégalais.

 

Il disait également lors du même entretien que la composition d'une commission d'enquête est une sérieuse garantie, tout comme la personnalité de son président. C’est dire donc qu’avec les coudés franches, ce juge suisse peut aider à rapatrier bien des fortunes indûment accumulées.

 

Ancien avocat, procureur et juge à la Cour de justice de son pays, Laurent Kasper-Ansermet est une célébrité dans la lutte contre la fuite de capitaux et le blanchiment d’argent. Il sera à partir de ce lundi à la tête d’une mission de la Banque mondiale pour aider les autorités sénégalaises à rapatrier les fonds chipés par des pontes du régime du président Abdoulaye Wade. Consultant auprès des Nations unies, il a travaillé dans plusieurs dossiers parmi lesquels, la procédure contre les acteurs de la dictature cambodgienne, les fameux Khmers rouges. Il a officié en Sierra Léone en tant que membre du groupe d’experts suisses pour la promotion civile de la paix et de ‘’l’Assat recoyery’’ experts ‘’network’’.

 

Sur le dossier khmer, LKA a quitté en mars dernier ses fonctions de co-juge d'instruction international auprès des tribunaux d'exception cambodgiens, le tribunal spécial mis en place avec les Nations-Unies pour juger les Khmers Rouges.

 

Au rayon de son passif professionnel, «il a été blâmé par deux fois, publiquement, par le Conseil supérieur de la magistrature (suisse)», lit-on dans les archives électroniques de «L'hebdo» en ligne. Motifs : «soustraction de document, faux témoignage et entrave à l'action de la justice.» Des éléments qui datent de 2001 et œuvre de celui qui est considéré comme son formateur, Marc Bonnant, selon qui «un magistrat judiciaire, qui détient un pouvoir colossal, doit être irréprochable.»

Après un diplôme à l'Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Paris e, 1969, LKA à un moment travaillé comme assistant réalisateur à la Télévision suisse romande (TSR), selon la biographie lue sur son site internet.

 

AMADOU NDIAYE

 

 

 

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