Publié le 29 Aug 2018 - 14:51
TRAVAUX FORCES REQUIS CONTRE DEUX CAMBRIOLEURS

Les deux amis voulaient voler les médailles en or du pilote français  

 

Le parquet a requis, hier, les travaux forcés à perpétuité contre les deux présumés meurtriers du pilote de moto course François Gaillard. Les accusés, Idrissa Ndiaye et son ami gambien Ahmadou Diallo, ont tué le Français en voulant lui dérober ses médailles d’or.

 

Agé de 45 ans et père d’un enfant de 7 ans dont il avait la garde, François Gaillard s’apprêtait à rentrer en France, son pays. Hélas, sa famille n’a reçu que sa dépouille. Car, le 10 novembre 2013, il a été retrouvé mort dans son domicile sis à la cité des Magistrats, à Ouakam. Il avait été ligoté et avait des traces de sang sur le corps. Ayant eu vent de cette découverte macabre, le parquet de Dakar avait ordonné à la Section de recherches de la gendarmerie d’ouvrir une enquête. Un transport sur les lieux a permis aux gendarmes de relever des empreintes de pas avec leurs dimensions, le long du mur de la clôture de la maison jusqu’à l’entrée principale.

Une effraction de la porte de la cuisine donnant accès à l’intérieur du domicile. Dans la chambre à coucher, la victime gisait près de la porte. Le défunt avait les fesses non couvertes, les deux bras pliés sur la tête, le genou gauche replié. Il présentait un hématome au menton, un filet de sang sortait de sa bouche de même qu’un liquide blanc de ses parties intimes. Les hommes en bleu ont relevé également, sur les lieux, des traces de lutte, puisque le lit était complètement défait, le caleçon de la victime déposé sur l’oreiller, une corde en nylon entravant ses membres inférieurs et supérieurs, et des effets vestimentaires éparpillés sur le plancher. 

En cherchant à élucider cette affaire, les gendarmes ont suivi les traces de pas de chaussures de marque Adidas. Celles-ci les ont conduits au domicile où Idrissa Ndiaye était employé comme gardien. Ce dernier, interrogé, s’est dit étranger aux faits. Il n’a pas pu convaincre les gendarmes qui lui ont demandé de les conduire à son domicile pour une perquisition. Le déplacement n’a pas été vain, puisque les enquêteurs ont découvert les chaussures ainsi qu’un T-shirt tacheté de sang. Sur place, il y avait son co-accusé et ami gambien Ahmadou Diallo qui détenait un cornet de chanvre indien. Face à ces éléments suspects, le vigile est passé aux aveux, en confessant avoir commis le crime avec son ami. Ce dernier a eu l’idée de cambrioler le ressortissant français pour lui dérober ses médailles en or, afin de pouvoir financer son voyage en Libye. Mais n’ayant pas vu les médailles en question, il s’était contenté de dérober l’ordinateur de la victime.

Devant le juge d’instruction, Idrissa Ndiaye a varié dans ses déclarations, en alléguant avoir acheté l’ordinateur à Colobane, avant de finir par reconnaitre qu’il s’agissait bien de celui du défunt. 

Les accusés se rejettent la balle à la barre

Hier, à la barre, il a reconnu les faits, mais a tenté de limiter sa responsabilité pénale, en mettant tout sur le dos de son co-accusé. Selon Idrissa, l’idée du vol provenait d’Ahmadou Diallo. Ce dernier lui avait confié que le sieur Gaillard, qui était le plus souvent en état d’ébriété, possédait plusieurs médailles en or. Ainsi, ils avaient défoncé la porte de la cuisine pour accéder à l’appartement. C’est ainsi qu’ils se sont mis à la recherche de leur butin. Poursuivant, c’est au moment où ils pénétraient dans la chambre de François que celui-ci s’est réveillé et les a pourchassés. Au moment de sortir, il a vu des vigiles dehors. Il est retourné dans l’appartement. ‘’J’ai trouvé Ahmadou Diallo sur le défunt en train de lui asséné de violents coups. Je ne l’ai pas assisté, mais je l’ai aidé à le ligoter. Et c’est le lendemain qu’il m’a informé de la mort du Blanc’’, a allégué Idrissa Ndiaye.

Son récit a été battu en brèche par son co-prévenu qui l’a accusé d’avoir eu l’idée du vol. ‘’Vers 3 h du matin, il m’a appelé pour l’accompagner dans la maison du Français. J’avais refusé, avant d’accepter’’, s’est défendu Ahmadou. Et de poursuivre : ‘’Bien que nous ayons défoncé la porte pour accéder dans l’appartement, moi j’ai refusé de céder et je suis ressorti. Une trentaine de minutes après, il m’a retrouvé à la station avec un sac. Je n’ai été témoin de rien.’’ 

Pourtant, à l’enquête, le Gambien avait expliqué que c’est Idrissa Ndiaye qui donnait des coups de poing au visage et dans les côtes. Pour sa part, il s’était emparé d’un oreiller qu’il appliquait contre le visage de la victime. Il précisait l’avoir allongée sur le ventre, à même le sol, et lui avait enroulé une serviette au visage. Des aveux qu’il a contestés à la barre de la chambre criminelle de Dakar.  ‘’Tout ce qu’il dit est faux. Il a voulu travestir mes propos, mais j’ai pris la décision de dire la vérité.  Je n’ai jamais connu Gaillard. C’est lui qui le connaissait’’, a rétorqué Idrissa. Diallo de répliquer s’être rendu chez le défunt une seule fois. ‘’Ce jour-là, la domestique était venue nous appeler au secours, car Gaillard était ivre et voulait incendier la maison. Tout comme les personnes qui étaient venues, je me suis arrêté dans le couloir’’.

 Cependant, les dénégations des accusés ont été balayées d’un revers de la main par le témoignage du fils de la victime qui avait 7 ans à l’époque. J. A. Gaillard a identifié Idrissa Ndiaye comme étant l’auteur des faits. Selon lui, ce dernier lui avait recouvert le visage à l’aide d’un drap. Il a déclaré qu’au moment où le susnommé fouillait le salon, son père, alerté par le bruit, avait accouru. Ainsi, l’intrus, accompagné d’un complice, l’avait saisi pour le conduire dans la chambre, en fermant la porte.

Compte tenu de ce témoignage et des aveux faits par les accusés qui, depuis l’enquête, ont admis avoir violenté la victime, le substitut Saliou Ngom a demandé que les accusés soient déclarés coupables pour association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit avec escalade et violences ayant entrainé la mort. Il estime que Idrissa et Ahmadou ne méritent aucune circonstance atténuante, mais plutôt les travaux forcés à la perpétuité.

La défense pense le contraire, au motif que leurs clients n’avaient aucunement l’intention d’ôter la vie à François Gaillard. Aussi, les avocats ont-ils plaidé l’application bienveillante de la loi.

L’affaire sera vidée le 18 septembre prochain.

FATOU SY

Section: