Publié le 18 Dec 2015 - 22:17
TUBERCULOSE AU SENEGAL

Le nouveau traitement est efficace

 

Le taux de multi résistance chez les nouveaux cas de tuberculose est en baisse au Sénégal, selon l’enquête nationale de résistance aux antituberculeux. Il est à 0,5%, tandis que celui des patients en traitement a augmenté. Il est de 17,9% contre 16,9% en 2006.

 

Pour une prise en charge optimale des malades de tuberculose et avoir une meilleure maîtrise de la situation, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande à tous les pays de faire une enquête périodique afin d’évaluer la pharmaco-résistance des médicaments antituberculeux. Le Sénégal l’a fait, de mars 2014 à avril 2015. Les résultats de l’enquête nationale de résistance aux antituberculeux ont été présentés hier par la coordinatrice du Programme National de Lutte contre la Tuberculose (PNT). Selon docteur Marie Sarr, il y a deux catégories de patients tuberculeux : les nouveaux cas et les retraitements. Les premiers n’ont jamais eu de tuberculose ; les autres sont essentiellement des rechutes, des gens qui ont abandonné et reprennent leur traitement, et les échecs. 

Il ressort de l’enquête que, dans la première catégorie, la prévalence de la résistance a baissé. Elle est passée de 2,1 en 2006 à 0,5% en 2015. ‘’Cela veut dire qu’au moment où on faisait l’enquête antérieure, il n’y avait pas au niveau du pays un dispositif de prise en charge de la tuberculose multirésistante. Entre-temps, le ministère de la Santé a mis en place un traitement pour les malades et le résultat est que cette résistance primaire est beaucoup plus maîtrisée maintenant. Parce que le traitement de la tuberculose multirésistante a permis de réduire la chaîne de transmission. Ce qui fait qu’il y a eu une meilleure gestion des cas de contact au niveau des maisons, et également la transmission a été fortement maîtrisée au niveau de la communauté’’, explique Docteur Marie Sarr.

 Dakar, Thiès et Diourbel  les plus touchés

Par contre, en ce qui concerne les retraitements, la résistance persiste. Les résultats de l’enquête révèlent une augmentation de la résistance qui est passée de 16,9% en 2006 à 17,9% en 2015. ‘’On a l’habitude de dire que ce groupe a une résistance très élevée, pratiquement dans tous les pays. Le Sénégal n’a pas échappé à cette situation. Cela veut dire que nous devons veiller à ce que ces cas de retraitement diminuent considérablement. Nous devons les tester, parce qu’à chaque fois qu’on prend 10 cas de retraitement, 2 sont des potentiels résistants, d’où la nécessité de les dépister avant qu’on applique le protocole de retraitement. C’est une décision importante et le ministère de la Santé, à travers le PNT, devra y veiller pour diminuer la chaîne de transmission au niveau de cette catégorie à risque très élevé’’.

Selon la coordinatrice du PNT, l’enquête a permis de voir là où il faudrait le plus investir spécifiquement pour maîtriser la tuberculose multirésistante. ‘’On s’est rendu compte que, sur les 25 cas que nous avons eus dans l’enquête, les 12 proviennent de la région de Dakar, soit 48% des cas. Après, c’est la région de Thiès 12% et Diourbel 12%. Ce qui amène des réaménagements, des réorientations stratégiques, pour pouvoir accompagner ces régions à mieux maîtriser leurs cas de tuberculose qui sont déjà sous traitement et particulièrement les cas de tuberculose MDR’’, explique Dr. Sarr.

’Intégrer les cas de tuberculose multirésistante dans le programme de bourses familiales’’

Les hommes sont plus touchés que les femmes en matière de tuberculose. Pour Docteur Marie Sarr, cela s’explique par le fait que les hommes sont dans des situations à risque beaucoup plus élevées, surtout les risques environnementaux.  ‘’Ils sont souvent dans des endroits clos qui les exposent plus à la tuberculose, parce qu’il n’y a pas d’aération. Alors que les femmes sont toujours dans les maisons, il y a l’aération, le soleil’’, dit-elle. La tuberculose est aussi liée à la pauvreté, c’est pourquoi la directrice du PNT propose d’intégrer les cas de tuberculose multirésistante dans le programme de bourses familiales. ‘’C’est important.

C’est une proposition qui va parvenir au ministre. Il faut mieux traiter les cas. Parce que ce groupe où il y a un risque plus élevé, ce sont des gens qui ont abandonné leur traitement, après deux ou trois mois. Il y a également des gens qui se sont réinfectés. Ce sont des rechutes. Quand on développe une tuberculose dans certaines conditions environnementales, si on reste dans ces mêmes conditions, on va être réinvesti. Donc, dans la gestion de la tuberculose, il faut que l’environnement soit pris en compte. Si on veut que la tuberculose soit réduite de matière drastique, il faut regarder nos locaux, nos maisons, insister sur l’aération, l’ensoleillement et il faut faire en sorte que le malade qui se traite le fasse régulièrement.’’

VIVIANE DIATTA

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