Publié le 14 Aug 2015 - 15:14
TUERIE A YOFF VIRAGE

Le mari abat sa femme et se suicide

 

On se serait cru dans le synopsis d’un film dramatique. Emmanuel Sanchez, un ressortissant espagnol, a tué son épouse Fama Diop,  hier, par arme à feu et a retourné l’arme contre lui. Un massacre que raconte la voisine Arielle, qui a entendu une bonne partie de la scène.

 

Arielle* (nom d’emprunt) se trouvait sur le seuil de sa maison pour faire entrer son jardinier qui sonnait à la porte. Les cris de sa voisine Fama Diop, en wolof, l’intriguaient, surtout que c’était une femme très calme. Elle n’était pourtant pas au bout de sa surprise quand quelques instants plus tard, elle a entendu un coup de feu. ‘’On ne pouvait pas se tromper avec ce bruit. En France, je vivais près d’un village de chasseurs donc je sais reconnaître le bruit d’une arme à feu. C’était épouvantable’’, nous raconte-t-elle.

Deux, trois autres coups de feu plus tard, c’en était fini. Un silence lourd suivi d’une angoisse intenable tenaillait cette dame toujours dans l’incertitude de ce qui passe chez ses ‘’voisins sans problèmes’’. L’irruption des deux filles du couple, sorties en trombe de chez elles, la réveillèrent de son apesanteur et confirmèrent le pressentiment désagréable qui l’habitait en entendant ces bruits insolites. Un couple s’est entretué. Ou plus précisément, l’époux, un ressortissant espagnol, a tué son épouse, une jeune femme sénégalaise. ‘’Leurs filles sont sorties en courant, elles se sont jetées dans mes bras et je sentais le cœur de la plus petite qui battait, battait, battait’’, raconte-t-elle, ne sachant toujours pas si  c’était Maelis ou Anaïs.

Ce drame comme l’on en voit qu’à la télé a secoué ce cadre coquet de Yoff virage. Les faits se sont passés dans une demeure nichée dans les dédales de ce quartier résidentiel calme. A 17 heures, les choses s’étaient un peu tassées, mais la tension était palpable dans l’air. Une jeune femme, coiffée comme un garçon,  pleurait à chaudes larmes en criant à tue-tête ‘’Ce n’est pas possible. On était ensemble hier.’’ Suffisant pour qu’elle soit engouffrée de force dans une voiture Range Rover noire par ceux qui semblaient être des parents de la victime sénégalaise. La voiture démarra aussitôt en trombe. L’apparence douillette  de la maison ne laissait rien transparaître du drame familial qui a eu lieu  entre 10 heures et 10 heures 30, selon Arielle. Des palmiers débordent du mur d’enceinte de la villa blanche aux portes métalliques noires. Malgré un ciel lourd et la proximité de la mer, on sue à grosses gouttes. Un homme en casquette, probablement apparenté à la victime, est en face de la maison. Il reste évasif à nos questions. Tout juste consent-il à lâcher que la gendarmerie est à l’intérieur. C’est donc Arielle qui a tout entendu qui continue son témoignage devant quelques passantes, en désignant la maison.

‘’Elle devait avoir entre 30, 32 ans, et l’autre, son mari, un peu moins de la soixantaine, 58 peut-être. C’était une famille sans histoires, je ne les voyais pas je ne les entendais pas. Ils habitaient là avant moi’’, raconte-t-elle encore sous le choc de cette tragédie familiale. ‘’On vivait en bon voisinage. Jamais, jamais je ne les ai entendus se disputer. D’ailleurs je disais que cette famille-là peut rester longtemps à coté de nous. Même les enfants sont bien élevées, très mignonnes, toujours bien mises. Il n’y avait vraiment pas de problèmes dans cette famille, vu de l’extérieur’’, poursuit-elle.

 Essayant de recoller par bribes éparses les péripéties de cette matinée, elle affirme qu’il y a eu une vive dispute et des cris de la victime en wolof qu’elle ne comprenait pas. ‘’Je ne suis même pas sûre qu’ils ont parlé, c’étaient des cris, il n’y avait pas de mots mais des cris de la femme. Pas une seule fois, je n’ai entendu la voix du mari’’, relate-t-elle. Après quoi, ‘’trois à quatre coups de feu ont été tirés’’. Les enfants du couple, choquées, ont été amenées chez des amis qui habitaient plus haut pour les éloigner de tout cela, selon elle. Le mobile de ce crime qui a secoué ce quartier calme ? Arielle ne souhaite pas s’aventurer dans des réponses hasardeuses et invite à la retenue. ‘’C’est un drame. C’était dans l’intimité d’une chambre, d’un couple ; ils emportent avec eux leur secret’’, dit-elle.  

Du côté de la brigade de recherche de la gendarmerie de Colobane à qui l’enquête est confiée, l’on refuse (pour le moment) de se prononcer sur les causes  de ce drame conjugal.  

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