Publié le 19 Oct 2012 - 19:22
UN AN FERME POUR VOL

Adji Fatou, spécialiste des excréments enduits sur le corps

 

Voleuse multirécidiviste, menteuse et spécialiste de la simulation, Adja Fatou Guèye va séjourner à Rebeuss pendant douze mois.

 

 

Lorsque Adji Fatou Guèye se présente avant-hier à la barre du Tribunal départemental de Dakar, statuant en matière de flagrants délits, elle donne l’air d’une personne qui ne jouit pas de toutes ses facultés mentales. Surtout à cause de son attitude et de son accoutrement. Vêtue d’un tee-shirt blanc usé qui a viré au beige à cause de la saleté, Adja Fatou porte un pagne aux motifs colorés (bleu et blanc). Avec un foulard de tête gris posé négligemment sur la tête, elle n'arrête pas de gratter sa peau crasseuse. Ce qui fait croire à l’assistance que la prévenue serait une folle, donc incapable de commettre un vol. Or, cette dame âgée de 36 ans et mère d’un enfant est plutôt un as du vol, au regard de ses multiples comparutions devant les juridictions pénales.

 

«Avant, elle soulevait son pagne et déféquait devant ses victimes»

 

À ses débuts, lorsqu’elle est surprise dans son forfait, elle soulève son pagne et se soulage sur place. Les quartiers résidentiels de Sacré-Cœur, Amitié et autres étaient la cible de Adja Fatou, demeurant à Guédiawaye. Il a fallu beaucoup de temps à ses victimes pour comprendre les ruses de cette voleuse particulière. Traduite en justice à deux reprises, elle change de stratégie. Cette fois-ci, quand elle entre dans une maison pour subtiliser quelque chose, elle enduit son corps d’excréments. La famille Fall de Sacré-Cœur en a fait l’amère expérience.

 

Un jour, raconte Ndèye Dior Fall, son père dépose une sacoche contenant 120 000 francs Cfa et entre dans les toilettes. A sa sortie, l’argent a disparu. Après avoir fouillé en vain, la dame entre dans sa chambre. Sur place, c’est l’horreur. «Mon armoire était grandement ouverte et mes habits éparpillés. J’ai vu des excréments sur la moquette», dit-elle sur un air de dégoût. Debout loin de la prévenue, Ndèye Dior en rajoute : «Lorsque je suis entrée dans les toilettes, je l’ai trouvée le corps enduit d’excréments». Stupéfaite, elle referme la porte de sa chambre et ameute la famille. Et alors que tous les regards sont braqués sur la voleuse, son complice en profite pour disparaître avec les objets volés dont un Iphone, des boucles d’oreilles et des liasses d’argent.

 

«Les excréments, vous les mettez dans un panier ou dans un récipient ?»

 

Rien n'ayant été retrouvé sur elle, Adji Fatou Guèye conteste les faits de vol. Larmes aux yeux, elle déclare être entrée chez les Fall uniquement pour faire ses besoins. Malheureusement, dit-elle, «j’ai été prise pour une voleuse et lynchée puis conduite à la police», dit-elle au tribunal. «Je vous jure sur la tête de mon enfant que je n’ai rien fait.» Agacé, le président lui rétorque : «Vous savez que vous n’êtes pas folle. Comment pouvez-vous jurer sur la tête de votre enfant alors qu’au début de l’interrogatoire, vous avez dit que vous n’en avez pas ?».

 

Indifférente à la remarque, la prévenue se perd en propos incompréhensibles. Ce qui ne distrait pas le président Babacar Ngom. «Je voudrais savoir où est-ce que vous mettez les excréments. Dans un sachet ? Un récipient ? Je suis sûr que vous venez avec car une personne ne peut pas tout le temps se soulager aussi facilement que vous le faites.» Une question qui fait se tordre de rire la salle d’audience, mais pas pour longtemps. «Quand j’entre dans une maison, répond Adji Fatou Guèye en toute décontraction, je vais dans les toilettes pour faire mes besoins. Après je prends les excréments pour les mettre sur mon corps.» Alors que le délégué du procureur requiert trois mois ferme, la prévenue a finalement été condamnée à un an ferme et à des dommages et intérêts de 100 000 francs.

 

FATOU SY

 

 

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