Publié le 21 Sep 2015 - 18:25
UN FILM DE MANSOUR WADE A KHOURIBGA

‘’Le prix du pardon’’ fortement payé

 

Ils sont trois jeunes, deux hommes et une femme, Mbagnik, Yatma et Maxoye. Ils habitent dans le même village. Un exploit du premier nommé ne plaira pas au deuxième et les deux sont amoureux de la même femme, Maxoye. L’histoire se terminera mal.  

 

Le cinéma sénégalais étant à l’honneur à la 18ème édition du festival de cinéma africain de Khouribga, chaque jour est diffusé un film signé par un réalisateur du pays de la teranga. Après ‘’Le mandat‘’ de Sembène, ‘’TGV’’ de Moussa Touré, ‘’Tey’’ d’Alain Gomis, c’était au tour du premier long métrage de Mansour Sora Wade ‘’Le prix du pardon’’, hier. C’est le centre culturel de Khouribga qui a reçu la projection.

 Le film traite de différentes thématiques dont celle de la jalousie qui mènera au meurtre ainsi que certains torts que subissent les femmes africaines. En effet, en pure fiction, ce film raconte une histoire très près du mythe qui se déroule dans un village lébou. Pendant 90 minutes, Mansour Sora Wade nous promène dans une ambiance de village de pêcheurs vivant dans la pénombre depuis des lustres. Une pénombre due à un brouillard qui recouvrait la communauté lébou vivant dans ce patelin. Mbagnik, fils de marabout, arrive à sortir la population de cette situation.

Ainsi, il gagne en sympathie et en notoriété. Ce qui ne plaît pas à son ami Yatma car les deux sont amoureux de la même femme qui s’appelle Maxoye. Et cette dernière n’a d’yeux et d’oreilles que pour le héros du village. L’œuvre de Mbagnik obligera les deux amoureux à mettre au grand jour leur liaison. Ce qu’il ne fallait pas faire. La jalousie aveuglante de Yatma l’amènera fatalement à tuer son ami Mbagnik. Portant l’enfant de Mbagnik assassiné et ne voulant pas s’exposer aux critiques de la société, Maxoye accepte de se marier avec le meurtrier de son amoureux afin qu’il élève son enfant. C’est ‘’le prix du pardon’’.

‘’Construit sur le récit d'un griot, traversé d'amour, de jalousie, de meurtre, de souffrance et de haine, le film se rattache directement au mythe. Histoire bien sûr de donner force à son message qui se veut clair et actuel, face aux conflits qui déchirent notre époque : rien n'est figé et si l'on veut bien y mettre le prix, le pardon peut succéder à la vengeance, mais attention ! Car le requin lui ne pardonne pas.

Volontairement épuré pour accéder à l'essentiel, il élimine tout détail inutile : les décors sont réduits au minimum, la mer est le principal horizon, les sentiments s'expriment par des regards plutôt que par des mots, les pagnes sont de couleurs unies, les lumières tamisées, la caméra souvent centrée sur les visages. Et atteint ainsi une incontestable beauté plastique : on retrouve dans certaines scènes soulignées par la forte musique de Wasis Diop la qualité d'image et d'évocation de Picc Mi, court-métrage du même réalisateur qui avait marqué en 1992’’, indique un journaliste d’africultures.

Dans la même veine, il ajoute : ‘’Mais c'est sans doute aussi là que se situe le problème de ce film trop beau et prévisible pour déclencher une véritable émotion : comment restaurer dans une image si picturale les failles qui font la vie ? Comment trouver dans une histoire si léchée l'inquiétude et l'incertitude qui motiveraient l'adhésion ? Alors que Picc Mi réussissait ses évocations symbolisées, Le Prix du pardon propose une élégante chorégraphie, mais les danses et les jeux de corps restent extatiques. Le drame qui se joue a du mal à pénétrer une image très construite et on en vient à regretter de ne pas voir davantage le village se rassembler sur la plage et les pêcheurs pêcher, c'est-à-dire ce qui aurait pu conférer à l'histoire le poids de la vie’’.

Ce film est une adaptation du roman du même nom de l’écrivain sénégalais Mbissane Ngom. L’actrice sénégalaise Rokhaya Niang y joue le rôle de Maxoye. Elle est belle et captivante à l’écran comme d’habitude. 

BIGUE BOB

 

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