Publié le 10 Mar 2019 - 17:03
UN INCENDIE RAVAGE 110 CASES DANS LE MYF

400 habitants désemparés passent leurs nuits à la belle étoile

 

Vingt-sept concessions, soit 110 cases, des vivres, du bétail, du matériel agricole, de l’argent, entre autres, entièrement réduits en cendre dans le village de Darou Pakathiar, commune de Bourouco, département de Médina Yoro Foula, région de Kolda. Depuis lors, les 400 victimes n’ont reçu ni aide financière ni matérielle de la part de l’Etat. Elles passent les nuits à la belle étoile.

Reportage

Les nuits sont devenues interminables pour les populations du village de Darou Pakathiar. Une localité située dans le département de Médina Yoro Foula et distante de 95 km de Kolda, sa capitale régionale. Difficile, pour les habitants, de trouver le sommeil. Ils dorment à la belle étoile, à la merci des moustiques, des rats et des insectes, en étalant juste un pagne à terre, sur les débris de ce qui reste de leurs maisons calcinées par un violent incendie dans la journée du vendredi 1er mars.

Le maire de Bourouco déplore le manque de soutien de l’Etat

Interrogé sur les conditions de vie des victimes, le maire de la commune de Bourouco, Mamadou Dame Cissé, se désole du manque de soutien des autorités. ‘’J’ai pitié des victimes. Elles n’ont ni nourriture ni habits, encore moins d’argent. J’essaie de leur porter secours, tous les jours, avec mes maigres moyens personnels’’. Il poursuit : ‘’Jusqu’à présent, il n’y a aucune aide de la part de l’Etat qui nous est parvenue. Ce qui n’est pas normal.’’

D’après lui, les victimes doivent être soutenues. ‘’Car leurs vies sont en danger. Imaginez quelqu’un qui dort à la belle étoile, il ne mange presque pas, il a un seul habit, ni argent. Qu’est-ce qu’il va devenir ? Si cette personne n’est pas soutenue, elle risque de devenir folle. Surtout, j’ai pitié de leurs enfants. Ces gamins qui ne savent pas la situation que vivent leurs parents. L’Etat doit faire quelque chose pour ces victimes’’, dit-il avec amertume.

La solidarité, le remède immédiat

Après l’incendie ravageur du vendredi, il ne reste plus rien du village. A la place des baraques, c’est la cendre, de vieilles tôles brûlées et des morceaux de bois. Les habitants sont assis par groupes ou par affinités, le regard hagard. Ils sont sans nourriture, ni habits encore moins de l’argent pour se prendre en charge. Ils ont tout perdu : appareils, documents administratifs, productions agricoles, etc. La plupart ne savent pas où aller. ‘’Depuis l’incendie, aucune autorité n’est venue s’enquérir de notre situation. Jusqu’au moment où nous vous parlons, nous n’avons pas vu une aide financière ou matérielle venant de la part d’une autorité’’, déclare l’un d’eux. Qui ajoute : ‘’Nous arrivons à nous nourrir grâce à la bonne volonté des habitants des villages voisins et du maire de notre localité.’’

Ils ne peuvent pas prendre de bain et n’ont pas d’habits de rechange. ‘’C’est vraiment terrible de tout perdre en une fraction de seconde. J’espère que des personnes de bonne volonté vont nous venir en aide’’, souhaite Moussa Guèye, le regard lointain. Comme lui, Moustapha Sène est un homme dévasté. Père de 6 enfants, il a du mal à retrouver ses repères. L’urgence, pour lui, ce sont ses enfants. ‘’Comment vont-ils retrouver le chemin de l’école ?  Nous n’avons pas pu sauver un seul document. Et je n’ai plus de ressources. Leur avenir m’inquiète. J’avais déjà payé toutes les fournitures. Et tout a brûlé. Qu’est-ce que je vais faire ? S’interroge-t-il. Lui aussi dort sur le site entre les vieilles tôles et l’odeur de brûlé.

L’origine du feu reste un mystère

Jusqu’à présent, les circonstances de l’incendie restent encore un mystère pour les habitants. Pour certains, tout est parti d’un tas de foin qui a chauffé et déclenché le feu. Tandis que certains rejettent cette thèse. Selon eux, tout est allé très vite. ‘’Tout à coup, nous avons vu le toit d’une case de notre voisin en flammes et le feu s’est vite propagé. Personne n’a eu le temps de sauver une aiguille. Dieu merci, nous n’avons pas enregistré de pertes en vies humaines. Néanmoins, il y a des brûlés, car certaines victimes, surtout les quelques jeunes qui ont essayé de sauver leurs affaires’’, expliquent-ils. 

Pour l’heure, les habitants du village de Darou Pakathiar cherchent une solution pour se loger. Certains ont contacté des proches, en attendant une aide des autorités.

EMMANUEL BOUBA YANGA

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