Publié le 10 Feb 2016 - 16:13
UNION D’ACTIONS ET MÉTHODES ALTERNATIVES À LA GRÈVE

Les nouvelles voies du Grand cadre et de l’Useq 

 

Un nouveau Front unitaire est né dans le secteur de l’Education. Le Grand cadre et l’Union syndicale pour une éducation de qualité (Useq) ont décidé de mener ensemble la lutte par de nouvelles méthodes. Leur objectif est d’engager le combat tout en restaurant l’image de l’enseignant. Ils ont par ailleurs fustigé l’attitude du gouvernement, notamment le ministère de l’Économie et des Finances.

 

L’Union syndicale pour une éducation de qualité (Useq) et le Grand cadre dirigé par Abdou Faty ont mis en place un Front unitaire. Le nouveau cadre vise à rassembler davantage les enseignants afin de rendre la lutte plus efficace, ont révélé les organisateurs lors d’un point de presse hier à la cité Soprim. Des contacts sont d’ailleurs noués avec le SAES et le CUSEMS. L’objectif est d’avoir une force de frappe assez dissuasive pour obliger le gouvernement au respect des accords.

‘’Nous avons mené plusieurs actions isolées, chaque syndicat est allé en grève, mais ça n’a donné aucun résultat. C’est toujours l’éternel recommencement’’, constate avec regret le coordonnateur de l’Useq, Amadou Diaouné. La recherche d’autres partenaires sera donc sans exclusive. D’après Abdou Faty, le problème de leader ne se pose pas. L’essentiel est d’avoir une unité forte et des gens guidés par l’objectivité. Ainsi, il se dit prêt à céder la place si un enseignant est capable de fédérer toutes les énergies.

Cependant, les initiateurs comptent changer de méthode de lutte. Ils veulent privilégier d’autres moyens à la place des grèves intempestives qui ont fini d’écorner l’image des enseignants auprès de l’opinion. Ainsi, les deux intersyndicales vont opter surtout pour la rétention des notes, l’organisation d’une grande marche d’envergure nationale. Amadou Diaouné envisage même de rassembler 25 000 enseignants dans les rues de Dakar. Le but recherché dans cette nouvelle forme de lutte est de redorer le blason des syndicats d’enseignants auprès de la population. ‘’Nous allons mener une campagne pour inverser l’appréciation de l’opinion. Mais pour cela, il faut lutter en préservant les fondamentaux de l’école’’, souligne Abdou Faty. 

Toutefois, l’adoption d’une autre stratégie n’est pas synonyme de renonciation à la grève. D’ailleurs, le Front va déposer un préavis dans les jours à venir, sur la base d’une plate-forme commune. Les enseignants estiment que le gouvernement ne leur laisse pas un autre choix que celui de la confrontation. Certes les syndicats reconnaissent des avancées non négligeables, mais dans l’ensemble, ils affirment que ‘’les résultats sont encore largement en deçà des attentes légitimes’’.

‘’Pas question de finir comme les entreprises publiques’’

Selon eux, il se pose encore un réel déficit de volonté politique du gouvernement, particulièrement le département de l’Economie et des Finances. ‘’Ce ministère gagnerait à dire la vérité, au lieu de faire dans la langue de bois’’, soupire Abdou Faty. ‘’C’est un ministère qui n’est pas dans la logique du dialogue social. Il se livre à un jeu de cache-cache’’, renchérit Amadou Diaouné. Ce dernier ne comprend pas d’ailleurs comment Amadou Ba peut se permettre de ne respecter ni la parole du Premier ministre, ni celle du président de la République censée être sacrée.

En attendant l’arrivée d’autres ‘’bataillons’’, les deux troupes vont travailler à l’élaboration de stratégies d’actions communes. Les enseignants réclament la mise en solde, l’alignement indiciaire, la fin des lenteurs administratives et l’équité dans la rémunération des agents de la Fonction publique. Abdou Faty précise qu’il ne s’agit pas d’indemnités à réclamer. C’est de l’argent que l’Etat doit aux enseignants ; une dette à payer. Et lui et ses camarades ne comptent pas connaître le même sort que les entreprises publiques qui ont été toutes englouties par la dette publique restée longtemps impayée. 

BABACAR WILLANE

 

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