Publié le 25 Nov 2016 - 21:00
UNIVERSITE ASSANE SECK DE ZIGUINCHOR

Au-delà des résultats probants, une instabilité permanente !

 

L’insuffisance du budget alloué à l’Université Assane Seck de Ziguinchor qui, d’ailleurs, n’a pas connu d’augmentation depuis trois (03) ans,  semble constituer le goulot d’étranglement à partir duquel naissent tous les écueils et contraintes multiformes  qui gangrènent la bonne marche de la jeune institution.

 

En décembre dernier, au moment de rendre un vibrant hommage aux 14  enseignants-chercheurs de l’Université Assane Seck de Ziguinchor lauréats des différents concours  du CAMES 2015 (agrégation et Comités Consultatifs Interafricain), le Recteur de l’Université, le Professeur Kourfia Diawara, avait annoncé de nouvelles mesures pour accompagner la recherche au sein de l’institution. Il s’agit, entre autres dispositifs incitatifs, de la mise en place d’une formation doctorale ou d’une école doctorale,  l’instauration du prix du meilleur doctorant pour une meilleure production et animation scientifique, celui du meilleur chercheur avec comme récompense une prise en charge d’une participation à une conférence internationale du lauréat.

En outre, il avait promis que tous les nouveaux lauréats de rang magistral bénéficieront désormais de deux (02) millions de FCFA pour encadrer de nouvelles thèses et réussir des publications scientifiques dans les revues de spécialités. A ces mesures édictées, venaient  s’ajouter d’autres déjà en cours. « Nous avons très tôt compris la nécessité d’accompagner nos enseignants dans leur carrière et c’est dans ce cadre qu’une politique de soutien à l’avancement du personnel a été mise en place », avait indiqué le Professeur Kourfia Diawara.  Parmi ce dispositif, il avait cité la mise en place de fonds des Maîtres Assistants Associés (MAA) pour faciliter la participation à des conférences internationales, mais aussi à des séjours de recherche et des publications. Ceci, disait-il, dans le but de répondre aux exigences du Conseil Africain et Malgache de l’Enseignement Supérieur (CAMES). Le recteur avait  aussi annoncé la création d’un fonds commun de soutien aux enseignants devant terminer leur cycle doctoral ainsi que l’accompagnement des enseignants aux différents concours du CAMES.

A en croire le Recteur, toutes ces mesures incitatives ont permis d’engranger des résultats « satisfaisants » qui font la fierté de toute l’institution. Evoquant ces résultats, le Professeur Kourfia Diawara a souligné que, de 2012 à 2015, le nombre de rangs magistraux est passé de 07 à 21 dont 06 en Médecine. Il a aussi relevé qu’en 2015, l’UASZ a obtenu au CAMES 80% pour l’inscription aux CTS avec 07 Maîtres Assistants, 03 Maîtres de conférences et un Professeur Titulaire, mais également 60% par concours d’agrégation en Sciences économiques, juridiques et politiques, alors que ce pourcentage était de 20% en 2013. Il a en outre rappelé le cas de l’étudiant Papa Séga Wade reçu à l’école Polytechnique de Paris où seulement 12 places étaient réservées au monde entier, mais également de celui de Saliou Diouf reçu à l’université Senghor d’Alexandrie (Egypte) où seulement une bourse internationale était en compétition.

Mieux, en marge d’un meeting de soutien au chef de l’Etat organisé par l’Association des ressortissants de Bignona établis à Dakar, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mary Teuw Niane, avait indiqué que  dans le cadre de la nouvelle carte universitaire, le pôle Casamance bénéficie d’un soutien particulier par des infrastructures importantes. « Rien que l’université Assane Seck, au moment où je vous parle, c’est 10 milliards d’infrastructures nouvelles qui sont en train d’être construites », avait-il souligné.  Pour l’année 2016, le Professeur M. Teuw Niang avait annoncé  la construction du  projet d’espace numérique ouvert de Ziguinchor, financé par la BAD (Banque africaine de développement), celui d’Oussouye financé par l’État du Sénégal ainsi que le grand projet de construction de l’institut d’enseignement professionnel de Bignona  pour un montant de 4 milliards. Selon lui, les ressources additionnelles générées par les fonctions de services sont modiques et ne permettent pas la prise en charge des objectifs essentiels de formation et de recherche. « Il y avait nécessité d’agir et urgence à le faire. C’est pourquoi le président de la République vient d’augmenter de 12% le budget du ministère pour l’année 2016, afin d’aller résolument vers l’équilibrage des budgets de fonctionnement des universités », avait-il annoncé

Le ver est dans la modicité du budget

Tous ces efforts de l’Etat et les mesures prises par le Recteur de l’Université n’ont pas encore eu les effets escomptés. Sinon, comment comprendre ce remue-ménage permanent qui installe l’Université Assane Seck de Ziguinchor (UAS/Z) dans une situation presque chaotique. A en croire aussi bien le personnel administratif, technique et de service (PATS) que le Syndicat autonome des travailleurs des universités et des centres/UAS/Z, les maux qui paralysent l’UAS/Z sont transversaux. Ils se déclinent en termes de budget insuffisant, de bonne gouvernance et de respect des accords issus des négociations.

« Notre université souffre d’un budget trop insuffisant ; notre université croule sous le poids de la dette qui s’élève à plus de deux (02) milliards ; notre université souffre de sa mal gouvernance ; notre université descend aux enfers ; notre université agonise », ont scandé hier les travailleurs du SATUC qui organisaient une marche avant de remettre un mémorandum au Gouverneur de région. Selon eux, l’Université de Ziguinchor n’a pas de ligne téléphonique fixe. Elle est rayée de la carte du WEB à cause de l’inaccessibilité de son  site. Ce sont tous ces écueils combinés à d’autres contraintes multiformes, notamment l’autonomisation de l’Université à travers l’installation d’un Centre Régional des Œuvres Universitaires de Ziguinchor (CROUZ) qui engendre cette instabilité permanente.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

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