Publié le 18 Feb 2020 - 20:48
URBANISME REGION DAKAR

Un nouveau plan pour contrôler la croissance urbaine

 

Dans l’optique d’accélérer la décentralisation et le désengorgement de la région de Dakar, le Plan directeur d’urbanisme lancé hier par le ministère de l’Urbanisme, s’étend jusque sur une partie de la région de Thiès. D’ici 2035, il est visé une urbanisation raisonnable et résiliente de cette partie du pays.

 

La région de Dakar étouffe. Selon les prévisions du ministère en charge de l’Urbanisme, dans dix ans, sa population sera obligée de s’établir à Thiès. Au sein de cette capitale asphyxiée par sa population, l’eau (accès, disponibilité), l’assainissement, la mobilité et le foncier constituent de véritables énigmes pour ses habitants.

Dans le but, donc, de corriger les manquements de l’urbanisation dans cette partie du Sénégal et de mieux la planifier, un plan directeur d’urbanisme (PDU) a été mis sur pied. Conçu en 18 mois, avec le soutien technique et financier du Japon, il devrait permettre d’organiser l’occupation du sol dans la région de Dakar et ses environs. ‘’Ce sont des outils de planification urbaine constituant une grande mise à jour pour revoir le plan d’occupation des sols, mais également l’organisation de la vie urbaine sur toute la région de Dakar et ses environs.

La région a beaucoup évolué et avec une densité croissante, il était nécessaire, de façon récurrente et planifiée, l’organisation de l’espace. Nous avons des défis importants tels que l’habitat, des défis économiques, les écosystèmes à préserver, l’agriculture et le maraîchage. De grandes infrastructures naissent pour accompagner l’urbanisation de Dakar, mais cela doit se faire selon une planification. Voilà ce à quoi sert le PDU’’, déclare le ministre de l’Urbanisme Abdou Karim Fofana qui n’a toutefois pas livré le montant affecté à ce plan d’urbanisation.

Le PDU résulte, entre autres, de travaux d’évaluation de géomètres et de sociologues nationaux et internationaux. Aussi, les différentes collectivités territoriales concernées ont participé à son élaboration.

Selon M. Fofana, ‘’pour organiser une ville, il faut prendre en compte beaucoup de paramètres tels que l’hydraulique. Aussi, il faut éviter que les populations s’installent dans des zones interdites et considérer les activités de reforestation. Il faut, certes, laisser de la place à la ville, mais aussi à la nature, aux activités économiques et artisanales. Si, aujourd’hui, on parle de l’encombrement, c’est parce qu’on n’a pas planifié des espaces pour mettre les mécaniciens, les artisans et les vendeurs de véhicules’’.

‘’On doit chercher à garder cette cohérence spatiale’’

Au regard de la croissance urbaine, il est d’avis que la limitation s’impose, car elle permettrait d’atténuer l’agrandissement de certaines villes jusqu’aux abords d’autres. Et les villes se trouvent imbriquées les unes dans les autres. Par exemple, l’axe Dakar – Thiès - Mbour ne connait plus de limitation, du fait de l’accroissement de la population combinée à la densité, empêchant ainsi toutes limites administratives. ‘’On doit chercher à garder cette cohérence spatiale, urbanistique et prévenir nos villes du péril. Le PDU, en ce sens, organise l’occupation spatiale et la spécialisation des localités. Il y a des infrastructures qu’on ne peut avoir qu’à l’échelle d’une région. Et vu la densité de Dakar, on ne peut se permettre de construire des zones industrielles dans chaque commune. Penser à cela revient à anticiper sur le développement urbain, planifier toutes ces infrastructures et tous les espaces’’, poursuit-il.

Dans le cadre des activités de la Jica (Agence de coopération internationale du Japon), le ‘’pays du soleil levant’’, partenaire du projet, souhaite une démarche participative qui inclut les communautés et collectivités territoriales ainsi que la prise en compte de l’environnement.

Ainsi, le projet devrait faire de Dakar une ville durable et résiliente, de même que ses environs. Or, la région concentre, à elle seule, 50 % de la population urbaine du pays pour un taux d’urbanisation de 97,2 %, en plus d’une immigration soutenue. Ce, sans compter un système de transport de masse inadapté, responsable, d’une part, des changements climatiques. Pour une meilleure qualité de vie, les autorités entendent miser sur la réappropriation du projet par les populations.

Le dernier plan d’urbanisme de la région de Dakar remonte à 2001. Et là encore, bon nombre de projets n’ont pas été réalisés. Avant cette année, trois plans sont nés en 1946, 1957 et 1967. A ce jour, la population urbaine est à 45 % constituée des moins de 20 ans, une raison de plus d’assurer la sécurité dans la gestion de l’espace.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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