Publié le 17 Nov 2017 - 16:27
VENTE ET TRAFIC DE FAUX MEDICAMENTS

Les pharmaciens exigent la criminalisation de l’activité

 

Le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal a réclamé, hier, la ratification de la médicrime au Sénégal, afin de criminaliser la vente illicite de médicaments. En conférence de presse, il a demandé au président de la République de se prononcer sur cette question qui ‘’perdure et porte atteinte à la santé des populations’’.

 

Ce sont des pharmaciens amers qui ont fait face, hier, à la presse. Ces derniers, après la conférence de presse tenue à Diourbel, dénoncent le trafic et la vente des produits contrefaits et l’exercice illégal de la médecine.  Selon la présidente du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal, la saisie de médicaments contrefaits a battu le record en termes de volume, de surface, de coût et de diversité de formes. ‘’Nous avons trouvé des formes injectables, pommade, collyres et des formes comprimés. Ce tri effectué par les confrères pharmaciens de Diourbel montre que ce sont des produits prétendument destinés à traiter le paludisme, les infections microbiennes, les maladies de l’œil, les troubles de l’érection et les douleurs musculaires’’, a expliqué  le docteur Khady Cissé.

Le syndicat dénonce ‘’l’inertie’’ de l’Etat du Sénégal et son manque de volonté notoire à enrayer ce fléau. Selon le Dr Cissé, c’est contradictoire de parler de couverture maladie universelle, de gratuité, en mettant de l’argent dans le système de santé et en même temps laisser ce marché illicite s’établir et se développer. ‘’Nous demandons la ratification sans délais de la convention médicrime qui oblige les Etats signataires à ériger en infraction pénale la fabrication et le trafic des médicaments contrefaits. Le syndicat ne peut tolérer l’existence de zone de non droit sur le territoire sénégalais, en ce qui concerne l’exercice de la pharmacie. Nous exigeons la fermeture des dépôts illégaux de Touba qui constitue la plaque tournante de ce trafic, à cause de l’impunité qui y règne et du fait de puissants lobbys politique et maraboutique. Il faut oser le dire’’, a pesté la pharmacienne.

Outre la cité religieuse, ces syndicalistes réclament la fermeture de l’ensemble des points qui ne répondent pas aux normes. ‘’Il y a Touba, Keur Serigne bi, le marché de Thiaroye, les loumas. Ça se développe à une vitesse fulgurante  sur tout le pays.  Nous exigeons la criminalisation de la vente de médicaments illicites. Parce que ce sont des tueurs professionnels’’, a asséné la syndicaliste.

Le syndicat n’exclut aucune action pour que la manipulation du médicament par les profanes prenne fin dans ce pays. Il exige que le président se prononce sur cette question qui perdure et porte atteinte à la santé des populations dont il est le garant.

De l’avis du Dr Cissé, les faits sont d’autant plus graves que les deux gros camions transportant les médicaments ont pu, avec leurs grosses cargaisons, traverser la frontière et tous les cordons douaniers, pour arriver à Touba. ‘’C’est la grosse question que nous nous posons par rapport à la porosité de nos frontières. On s’offusque de l’ampleur de cette saisie, au moment où on n’a pas fini de déplorer l’affaire de Darou Mousty.

L’Etat avait ordonné, sous l’égide d’Interpol, de faire cette saisie sur tout ce qui est marché illégal de la pharmacie, les dépôts illégaux de vente dans tous les pays de la Cedeao. Interpol a fait l’évaluation de cette opération Heera et aucun mot n’a été dit sur le Sénégal’’, a expliqué la présidente du syndicat. A l’en croire, quand Interpol a été informée de la libération des interpelés, elle n’a pipé mot sur le Sénégal. ‘’Ils ont donné des tonnages dans les autres pays, mais rien pour le Sénégal, parce qu’ils étaient offusqués de la décision. Laquelle décision n’est autre qu’une façon de légitimer l’activité de ces vendeurs de la mort. On les appelle vendeurs de la mort parce qu’ils ne vendent que du poison’’, fulmine-t-elle.  

Par ailleurs, le syndicat attire l’attention des autorités, mais aussi des citoyens sur ces faux médicaments ayant un impact désastreux pouvant poser de graves préjudices sur la santé des populations (insuffisance rénale, hépatite cardiaque et surtout en termes d’échec de traitement).

Embouchant la même trompette, le président de l’Ordre des pharmaciens du Sénégal, Amath Niang, a demandé la réhabilitation du monopole du pharmacien, en vue d’assurer l’indépendance de la profession et la défense de son honneur.   

VIVIANE DIATTA

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