Publié le 4 Oct 2017 - 13:12
VICTIMES DE MENACES DES COMMAUNAUTES ET GROUPES RELIGIEUX

Les droits-de-l’hommistes demandent la protection de l’Etat 

 

La Coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains (COSEDDH) veut que l’Etat protège ses membres afin qu’ils puissent mener à bien leur mission. A l’instar de la Côte d’Ivoire, elle demande qu’une loi pour la protection des défenseurs des droits humains soit adoptée.

 

Les droits-de-l’hommistes cherchent protection. Un projet de loi est en gestation. ‘’Nous sommes souvent l’objet de menaces. Dans ce genre de situation, nous ne pouvons que nous retourner vers l’Etat pour demander protection’’, a fait savoir, hier, le président de la Coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains (COSEDDH). Ceci, lors de l’atelier de renforcement des capacités des défenseurs des droits humains au Sénégal présidé par le Garde des sceaux ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall.

Ainsi, Seydi Gassama a exhorté le gouvernement du Sénégal, à l’instar de beaucoup de gouvernements africains comme la Côte d’Ivoire, à aller vers l’adoption d’une loi de protection des défenseurs des droits humains. D’autant plus que, relève-t-il, ‘’la déclaration de l’Assemblée générale des Nations unies de 1998 est claire. Elle définit les rôles et les responsabilités des défenseurs des droits humains et elle exhorte les Etats à prendre des mesures pour assurer leur protection et surtout leur permettre de travailler. Certains pays africains ont commencé à légiférer, à adopter des lois’’, a-t-il indiqué.

M. Gassama de lancer à l’endroit du ministre de la Justice : ‘'Notre coalition s’engage à soumettre, avant la fin de l’année, à votre département, un avant-projet des textes de lois que vous serez chargé de porter au sein du gouvernement. Nous ne demandons pas l’impunité, nous sommes pour le respect des lois et les règlements du pays’’. Selon lui, même s’ils n’observent pas d’actions de répression de la part du gouvernement, les menaces existent. Il en est, avance le président de la COSEDDH, de toutes les violations qui sont liées à la tradition, aux coutumes ; toutes les questions qu’on dit ‘’sensibles’’ dans ce pays. Mais pour Seydi Gassama, les menaces les plus dangereuses contre les défenseurs, ce sont les communautés, les groupes religieux et sociaux qui se sentent menacés dans leur culture par le discours universaliste des droits humains qu’ils prônent. ‘’Les campagnes d’injures, de dénigrement et des tentatives de discréditer les défenseurs des droits humains existent tous les jours’’, déplore-t-il.

‘’La situation des droits humains au Sénégal n’est pas mauvaise, mais…’’

Loin de vouloir réduire à néant les efforts considérables faits par l’actuel régime, Seydi Gassama soutient qu’actuellement, la situation des droits humains au Sénégal ‘’n’est pas mauvaise, mais il faut comprendre qu’elle n’est pas ce qu’elle devrait être dans un Etat démocratique’’, dit-il. ‘’Ici, on ne retrouve pas des défenseurs de droits humains en prison. Même si on le sait tous, il y a eu des moments difficiles’’, a-t-il noté. Le droit-de-l’hommiste a rappelé la période préélectorale de 2012 où les défenseurs ont été ciblés. ‘’Un d’entre nous, Alioune Tine, avait fait l’objet d’agressions.

Malgré les poursuites judiciaires, les plaintes sont restées impunies. Nous déplorons ces actions et nous continuerons à informer les Sénégalais de l’importance du travail des défenseurs dans une société démocratique’’, dit-il. Avant d’ajouter : ‘’C’est un travail d’alerte, de plaidoyer, mais surtout, tout Etat a besoin d’avoir une société civile qui, de temps en temps, alerte l’opinion publique qui est notre force. Il faut que les gouvernants puissent assumer leurs responsabilités qui sont de garantir les droits et les libertés des individus’’.

Donc, souligne M. Gassama, s’il y a des manquements, les gens sont là pour aider l’Etat à les corriger. ‘’Nous ne devrions pas être vus comme des ennemis’’, argue-t-il. Non sans déplorer les interdictions fréquentes de manifestations sur le territoire national. Président de la section Amnesty International au Sénégal, Diène Diagne a également laissé entendre que les défenseurs des droits humains ont besoin d’une protection contre les menaces et les abus. ‘’Le cadre juridique et institutionnel, dit-il, doit être renforcé au niveau national’’.

Le ministre Ismaïla Madior Fall ne s’est pas opposé à cette demande. ‘’Si nous considérons, de façon consensuelle, que le contexte du Sénégal le requiert, pourquoi ne pas le travailler dans ce sens’’, s’interroge-t-il. A l’en croire, pour adopter une loi, il faut toujours évaluer le contexte.

Hier, une quarantaine de représentants d’organisations de la société civile venant des 14 régions du Sénégal ont pris part à cet atelier de deux jours. Parmi eux, des militants qui défendent les droits environnementaux et les droits de propriété des communautés dans les zones minières et des zones affectées par l’agro-business (Kédougou, Niafrang, Diokoul, Dodel, etc.).  

AWA FAYE

 

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