Publié le 15 Sep 2017 - 12:44
VINGT ANS APRÈS LA DISPARITION DE MAME ABDOUL AZIZ DABAKH

Les Sénégalais se souviennent du ‘’patriote modèle’’

 

Rappelé à Dieu le 14 septembre 1997, le prédécesseur de Serigne Mansour Sy «Borom Daara ji», El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabakh ne sera pas oublié de sitôt par les Sénégalais, du fait de son discours qui est toujours d’actualité. Pour tous, le défunt Khalife général des Tidianes fut un ‘’patriote modèle’’.

 

‘’Quand on fait une chose, on doit à penser à Dieu, à ses recommandations. Nous sommes tous venus de Dieu. Et un jour, nous retournerons à Lui. Il faut aimer faire du bien. Si tu le fais, tu auras une vie éternelle. Il faut que vous vous donniez la peine de travailler. « Aduna du kër, aduna du kër, aduna du kër » (nous ne sommes pas venus pour rester éternellement sur terre). Il faut que vous travailliez et vous contentiez de ce que vous procure le Bon Dieu. Je ne suis pas là pour juger les politiques. « Jaamu leen Yàllà » (croyez en ce que vous faites et soyez les dignes représentants du peuple). « Bayi leen caaxaan »’’, lançait El Hadj Abdoul Aziz Sy Dabakh, le 11 juin 1968, à l’occasion des funérailles du président de l’Assemblée, Lamine Guèye. Hier, le 20ème anniversaire marquant la disparition du défunt Khalife général des Tidianes, El Hadj Abdoul Aziz Sy Dabakh, a coïncidé avec l’installation de la 13ème législature.

Justement, dans un de ses discours, le fervent défenseur de la cause humaine demandait aux représentants du peuple de penser à leurs concitoyens, avant de procéder au vote d’une loi à l’Assemblée nationale. Rappelé auprès de son Seigneur, le 14 septembre 1997, Mame Abdoul Aziz Dabakh demeure toujours dans les cœurs des Sénégalais. A Thiès, les fidèles se rappellent ses prises de parole, son franc-parler, sa connaissance de l’Islam. Il est conté dans la cité du Rail et son discours est toujours d’actualité. Selon son petit-fils Abdoul Aziz Diop, l’homme avait une dimension ‘’spirituelle et patriotique hors pair’’. ‘’Sa vie et son œuvre sont gravées dans la mémoire collective de tous les Sénégalais et de toute la Umma islamique. Le 14 septembre est un jour inoubliable. Même l’atmosphère avait compati, ce jour-là, pour marquer la disparition de ce sage’’, se souvient Abdoul Aziz Diop.

‘’Il n’a jamais réclamé le titre de Khalife’’

Mame Aboul Aziz Sy Dabakh fut le troisième Khalife de son père El Hadji Malick. Né en 1904 à Tivaouane et fils de Sokhna Safiétou Niang, cet originaire du Djolof est décrit comme un ‘’grand intellectuel et un grand connaisseur’’ de l’Islam. De l’avis d’Abdoul Aziz Diop, les Sénégalais auront du mal à oublier le discours du défunt Khalife. ‘’Il a vécu 93 ans sur terre et a fait 40 ans (1957-1997) de califat. Pendant tout ce temps, il avait axé son discours sur l’entraide, la bonne pratique de la religion, etc. ‘’Dabakhi’’, qui peut signifier « le tanneur de peau » en arabe, fut un grand homme de Dieu. Ce sont les Wolofs qui l’ont surnommé « Daa baax » qui signifie « généreux ». Mame Abdou était quelqu’un de très sociable. Les Sénégalais retiennent de lui le citoyen ou encore le patriote modèle’’, ajoute le coordonnateur du Forum civil à Thiès.

De son vivant, El Hadji Abdoul Aziz Sy a consacré sa vie à son mandat divin. ‘’C’était un homme de consensus, un régulateur social et un homme de bien. Mame Abdou était le trait d’union entre les confréries, les religions et les ethnies. Cet homme a su anticiper et juguler pas mal de crises, tant au plan national qu’international (la guerre Iran-Irak). Il était au service de sa nation, de sa communauté et de la Umma islamique. Durant les 93 ans qu’il a vécu, il n’y a jamais eu de dissonances entre ses intentions, ses propos et ses actes. Mame Abdou fut un des hommes de Dieu, un des élus de Dieu sur terre. Il n’a jamais réclamé le titre de Khalife. Pour lui, il n’avait que la mission divine à accomplir sur terre’’, rappelle d’emblée son petit-fils.

Aussi, pense-t-il qu’il est temps qu’un symbole porte le nom du défunt Khalife. Au niveau national, dit-il, l’université de Thiès devrait porter le nom de cet ‘’illustre penseur’’ pour léguer son patrimoine aux générations actuelles et futures sur le plan de la morale et du vivre ensemble. Ce sont, ajoute-t-il, des valeurs adossées au Coran et à la Sunna. Croisé en face de l’hôtel de ville de Thiès, ce vendeur de café-Touba estime que les Sénégalais ‘’n’oublieront jamais cet érudit de l’Islam’’. D’après Ousmane Faye, qui a connu Abdoul Aziz Sy Dabakh par le biais de ses écrits, ce dernier était un ‘’vrai défenseur’’ des valeurs islamiques. ‘’Cet homme est inoubliable. Personnellement, je le porte dans mon cœur. Il était comme un père pour nous. Par conséquent, on doit reconnaître la grandeur de l’homme, qu’on soit Tidiane ou Mouride. Cet homme de Dieu avait une parfaite maîtrise de la langue arabe, et son discours est toujours d’actualité’’, renseigne-t-il. Appelant tous les Sénégalais à la prière pour le repos éternel de l’âme du défunt Khalife général des Tidianes.

Cela fait 20 ans, jour pour jour, que le célèbre agriculteur repose à Tivaouane, capitale du Tidianisme, laissant derrière lui une communauté ‘’orpheline’’.  

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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