Publié le 10 Aug 2019 - 20:43
VIOL SUIVI DE GROSSESSE & PEDOPHILIE

Le parquet requiert 3 ans ferme contre deux ‘‘Cheikh’’

 

Cheikh Tidiane Gassama et Cheikh Oumar Diouf, deux amis d’un même ‘’dahira’’ âgés respectivement de 36 et 33 ans, ont comparu hier, devant le tribunal des flagrants délits, pour viol suivi de grossesse, pédophilie et détournement de mineure. La victime est enceinte de 5 mois et ignore lequel des deux est le père.

 

Hier, devant la juridiction des flagrants délits, ont comparu Cheikh Tidiane Gassama et Cheikh Oumar Diouf, deux amis domiciliés à Jaxaay et faisant partie d’un même ‘’dahira’’. Les deux prévenus sont accusés de viol suivi de grossesse, d’acte de pédophilie et de détournement de mineure sur la personne d’O. Ndiaye, une adolescente de 16 ans, faisant partie de la même association religieuse.

En effet, les faits ont eu lieu courant mars. La victime, O. Ndiaye, explique qu’elle entretenait une relation amoureuse depuis quelques mois avec Cheikh Tidiane et qu’un dimanche, après une séance du ‘’dahira’’, ce dernier l’avait invitée dans la chambre de Cheikh Omar. Elle y est allée sans méfiance, puisque ce dernier lui avait promis le mariage. Mais ce jour-là, poursuit-elle, Cheikh Tidiane l’a forcée et a sauvagement abusé d’elle.  ‘‘Je suis rentrée chez moi avec des maux de ventre et de dos, en plus des saignements. Quelques jours après, il m’a appelée pour me donner rendez-vous quelque part dans le quartier pour parler de ce qui s’était passé. J’y suis allée ; il m’a de nouveau violée en pleine rue. C’était aux alentours de 21 h. Trois mois après, j’ai su que j’étais enceinte et je n’en ai parlé à personne jusqu’à ce que ma tante le découvre d’elle-même’’.

Elle poursuit en disant que l’autre Cheikh (Omar Diouf) l’avait interpellée pour lui parler du comportement de son meilleur ami et trouver une solution avec elle. Ce dernier l’a aussi invitée dans sa chambre ; une fois sur place, il l’a violée à son tour. ‘‘Ma déception est grande. Je croyais qu’on avait les mêmes croyances quand je les fréquentais’’, dit-elle en pleurant à chaudes larmes.

Les deux ‘‘Cheikh’’ nient le viol

L’oncle de la victime soutient que sa nièce a des problèmes psychiques et qu’il n’avait rien vu venir jusqu’au jour où sa femme a remarqué la grossesse de sa nièce et lui en a fait part. Elle en était déjà à 5 mois. Le couple a insisté pour connaitre l’auteur et elle s’est décidée à dénoncer ses violeurs.

Devant le tribunal, Cheikh Tidiane ne nie pas avoir entretenu des rapports sexuels à deux reprises avec la victime, mais réfute le viol. ‘‘Elle m’a dragué, m’a invité chez Cheikh Omar, parce qu’elle disait vouloir me voir et elle m’a proposé de coucher avec elle et on l’a fait’’, s’est-il défendu.

De même que Cheikh Omar qui avoue l’acte sexuel, mais dit ne l’avoir jamais violée et que les rapports sexuels étaient consentis. ‘‘Elle m’indexe après quelques mois, disant que je suis l’auteur de la grossesse, alors qu’elle couchait avec d’autres hommes’’, argue le présumé accusé.

Me Cheikh Tidiane Seck, l’avocat de la partie civile, ne disposant pas de document pouvant attester de sa minorité, demande au tribunal de se focaliser sur les faits. ‘‘Les prévenus ont reconnu avoir entretenu des rapports sexuels à plusieurs reprises avec la victime qui se retrouve enceinte, ne pouvant pas connaitre le père de son futur enfant parce que les viols ont eu lieu à une semaine d’intervalle. Elle en est à 5 mois, va bientôt accoucher et elle ne vient pas d’une famille aisée. Elle est déficiente mentale et cela n’a pas touché leur sensibilité. Ils en ont, au contraire, profité. Ces garçons sont sans cœur’’, martèle-t-il.

Il conclut en demandant de les retenir dans les liens de la prévention et réclame pour la famille éplorée 5 millions de francs Cfa en guise de dommages et intérêts.

Le représentant du parquet se dit outré du comportement des deux Cheikh qui, au lieu de se focaliser sur leurs études coraniques et leur quête de spiritualité, se sont mis à faire ces choses infâmes. Il estime les faits constants et les trouve coupables des chefs de viol, pédophilie et détournement de mineure, et a requis une peine de 3 ans ferme.

Le conseiller des prévenus plaide, pour sa part, la carence de la procédure et soutient que la seule chose constante est qu’il y a eu des rapports sexuels et une grossesse. ‘‘Dès lors qu’on ne peut prouver sa minorité, on ne peut retenir la pédophilie, ni le détournement de mineure. Et pour ce qui est du viol, les prévenus ont avoué avoir entretenu des rapports sexuels avec O. Ndiaye, mais qu’elle avait consenti à le faire. Donc, il n’y a pas eu de viol’’. Il demande la relaxe au bénéfice du doute.

La décision sera rendue aujourd’hui.

FAMA TALL (STAGIAIRE)

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