Publié le 26 May 2014 - 18:06
VIOLENCE À L'UNIVERSITÉ

Le ''Master pour tous'', la mère de toutes les batailles 

 

Depuis deux jours, l’université Cheikh Anta Diop est à feu et à sang. Une vraie guérilla estudiantine s’est installée au campus, s’opposant ainsi aux forces de l’ordre. Les conséquences des dernières réformes de l’enseignement supérieur s’ajoutant aux problèmes du système LMD avec la réclamation du «Master pour tous» ont réveillé les démons à l’université.

 

Payement des bourses, ''Master pour tous''…, un chapelet de revendications ayant abouti à une paralysie des enseignements à l’Université Cheikh Anta Diop depuis mercredi dernier. Un mouvement d’humeur d’un collectif d’étudiants réclamant l’admission en ''Master'' que le doyen de la faculté des Lettres qualifiait de ''groupuscule'' s’est intensifié, regroupant des étudiants de tout bord et de tout niveau. 

''Je soutiens le ‘’Master pour tous’’, ce combat vaut même plus que celui des bourses'', affirme Ndoumou Touré, étudiant en deuxième année au département d’Anglais. Abattu par les lancers de pierres, étalé à même le sol, torse nu, il ajoute : ''Je suis prêt à mourir. Je suis écœuré par le comportement des forces de l’ordre qui, depuis des jours, investissent les amphis et la faculté des Lettres.''

Même les étudiants sélectionnés sont descendus battre le macadam. Apollinaire Diatta, étudiant en Master 1 à la fac des Lettres et Sciences humaines explique : ''C’est une injustice qu’on ne puisse pas sélectionner certains de mes camarades alors que ceux-ci ont obtenu leurs licences''. Le plus désolant, dit-il, c’est la violation des franchises universitaires par les forces de l'ordre.

Pourtant, c’est l’Assemblée de la faculté des Lettres et Sciences humaines (FLSH) qui avait permis aux forces de l’ordre d’investir les amphis et la faculté des Lettres. Elle s’était réunie le vendredi 16 mai, d’abord pour confirmer le maintien de la sélection pour le Master suivant les critères retenus par les chefs de départements et les responsables de la faculté. Mais également, pour demander la présence des forces de l’ordre pour la sécurité des enseignants, des personnels administratifs et techniques et des étudiants.

''C’est nous-mêmes qui avons demandé la présence des forces de l’ordre dans le campus pédagogique, car, nous ne pouvons pas assurer la sécurité au sein de cette faculté», disait le doyen de la FLSH. Il en avait profité pour rappeler le décret qui autorise la sélection. Il s’agit, dit-il du décret 2013-875 du 20 juin 2012 abrogeant le décret 2102-11-15 Chapitre 8. Dans l’alinéa dudit décret, il est mentionné que les modalités d’admission aux études sont arrêtées par les instances délibérantes des institutions d’enseignement supérieur.

La désolation consistant à croiser les GMI dans le hall des amphis et couloirs, revêtus de leurs armures et boucliers, a débouché sur de vives réactions. Pour l’étudiant en Master Apollinaire Diatta, tous les moyens d’expression pacifique  ont été utilisés en vain. ''Si  l'on assiste aujourd’hui (NDLR: mercredi 21 mai) à ces scènes de violence, c'est parce que nous sommes dos contre le mur. Nous n’avons plus le choix'', conclut-il.

Les autorités elles, ne semblent pas lâcher du lest. Tout au contraire, les forces de l’ordre consolident leur état de siège obligeant ainsi les étudiants à plier bagages et à rentrer chez eux. L’université se vide de ses occupants habituels, laissant la place aux ''intrus''. L’État quant à lui a durci le ton et menace de ses foudres les fauteurs de troubles. ''Nous n'accepterons plus que des étudiants, sous quelque prétexte que ce soit, saccagent des édifices publics'', a averti hier le ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo.

192 enseignants pour 29 000 étudiants à la FLSH

 Au Département d’Anglais, le nombre d’étudiants ayant obtenu la licence sur une période comprise entre 3 ans et 4 ans est de 1 370 et 870 ont été sélectionnés pour s'inscrire en Master. Au Département de Sociologie, sur 75 étudiants 66 ont été sélectionnés alors qu'au  Département d’Arabe, sur 70 étudiants licenciés, 56 ont été sélectionnés.

Cependant, au Département de Géographie sur 645 étudiants licenciés, 254 ont été autorisés à faire le Master. Sur 51 étudiants en Russe ayant réussi la licence, 46 ont été sélectionnés. 

Il y a au total 192 enseignants tous départements confondus pour environ 29 000 étudiants, 61 professeurs et directeurs de recherche, 97 Maîtres-assitants et 34 assistants.

 Seydina Bilal DIALLO

 

 

Section: