Publié le 10 May 2024 - 15:36
VIOLENCE DANS LE MILIEU DU TRAVAIL

Les femmes syndicalistes montent au front

 

La violence dans le milieu du travail est devenue une problématique de gouvernance du secteur du travail dans certains pays africains. Au Sénégal, le ministère du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions veut trouver une solution. C’est dans ce sens qu’il a regroupé plusieurs femmes responsables syndicales pour les outiller sur la négociation.

 

La représentativité féminine dans les instances de dialogue et de négociation constitue toujours un défi à relever par les autorités du Sénégal. De ce fait, pour renforcer la présence des femmes autour des tables de négociation, le ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions a ouvert un atelier de renforcement de capacités. Il est destiné aux femmes des syndicats les plus représentatifs du pays, en vue de mieux les outiller en techniques et stratégies de négociation et de dialogue social. Cependant, pour les représentantes des syndicats venues participer à la rencontre, les problématiques dont il faut discuter sont nombreuses.

‘’Aujourd’hui, confie Yaye Khady Dia Samba, nous mettons en exergue la ratification de la 590, parce que c’est un point qui fait allusion aux violences et aux harcèlements de l’être humain dans le milieu du travail’’.

En effet, explique la secrétaire générale nationale du Syndicat des agents de l’Administration publique et parapublique affilié à la CNTS et mandataire du Comité national des femmes travailleuses de la CNTS, ‘’le constat est que nous femmes, nous subissons plus, raison pour laquelle nous l’avons porté. Et nous disons qu’il est temps que cette convention soit ratifiée et cela va nous permettre de réajuster notre arsenal juridique’’.

De plus, ajoute-t-elle, ‘’l’accès des femmes aux instances est une bataille interne que nous devons mener au sein de nos centrales syndicales. Mais le fait de nous convier à cette rencontre en tant que femmes, montre que nous avons des revendications qui nous sont spécifiques et qu’aucun homme ne peut porter ni défendre’’.

D’ailleurs, précise Mme Samba, ‘’dans plusieurs secteurs, nous réclamons l’égalité des chances si les compétences sont égales. À responsabilités égales, rémunération égale. Or, tel n’est pas le cas et nous l’avons noté’’. Pour cette raison, la responsable syndicale estime que ‘’le dialogue n’est pas franc et  il faut changer de paradigme’’.

Il s’agit, pour elle, ‘’de faire tout pour privilégier la prévention afin d’éviter le maximum de conflits, de veiller pour que dans les entreprises, les structures et ministères, dans le milieu du travail, que des comités de dialogue social soient installés comme le code l’a dit et qu’il ne s’agit pas d’installer ces comités-là pour les installer, mais de veiller à ce qu’ils soient opérationnels’’. Et pour ce faire, préconise-t-elle, ‘’il faut renforcer le dispositif, mais également le nombre d’inspecteurs du travail. Il faut aussi qu’il y ait des inspectrices du travail et en application du code, que ces inspecteurs soient effectifs dans les 14 régions du pays pour que justice soit faite dans les entreprises au moment des recrutements, au moment du traitement qu’on priorise la compétence et nous avons bon espoir avec ce gouvernement. C’est pourquoi nous avons demandé au ministre de transmettre nos doléances qui portent sur la ratification de la 590. Car elle va nous permettre d’avoir plus de rentabilité avec la gestion axée sur les résultats’’.

Répondant sur ces différentes interpellations, le ministre Yankhoba Diémé, venu présider la cérémonie d’ouverture de cette session de formation, a indiqué que les interpellations tournent autour de la ratification de certaines conventions, dont la 590 qui lutte contre le harcèlement sexuel. Elles demandent aussi de renforcer la lutte contre les inégalités sociales dans le cadre du travail, notamment les discriminations. Il faut aussi un point d’attention sur la promotion des femmes.

Dans cette dynamique, souligne le ministre, ‘’le Sénégal est un pays qui n’a pas de problème avec la ratification des conventions. Nous reprendrons le sujet et nous allons voir sa portabilité pour que le sujet revienne après avoir fait l’objet d’un large partage. Le président de la République a déjà indiqué la direction au Premier ministre pour l’initiation d’un dialogue social. Et c’est déjà un véhicule qui doit embarquer toutes ces questions, parce que c’est l’une des priorités que le chef de l’État a fixées au gouvernement. Le travail est en train d’être fait’’, a assuré le ministre.

À l’en croire, ‘’ces sujets seront abordés dans le cadre de ce dialogue social et la revue du Code du travail pour que tout soit réorienté vers les nouvelles orientations des autorités qui s’inscrivent dans le cadre de la revue d’une transformation de ce pays au plan systémique’’, promet-il.

De plus, poursuit-il, ‘’le chef de l’État envisage de renforcer le pouvoir juridique des inspecteurs du travail. Il envisage également de travailler à renforcer leurs moyens. Cela explique, en grande partie, l’interpellation d’aujourd’hui. Il a des défis à relever pour assurer le maillage du territoire’’.

Selon Yankhoba Diémé, ‘’globalement, le diagnostic montre qu’on a plus d’inspecteurs qui ne sont pas dans leur corps. Le problème est systémique et il faut le revoir, partant de l’employeur, de l’employé, du syndicat au gouvernement. Il s’agit d’un problème qui nécessite des discussions autour du dialogue social. Nous pensons que si on discute sincèrement, nous trouverons des solutions pour tout le monde’’, espère-t-il.

IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)

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