Publié le 27 Mar 2015 - 14:30
VIOLENCES PRÉÉLECTORALES DE 2012

Les victimes vont internationaliser le combat 

 

Le Collectif des victimes de violences préélectorales de 2012 entend internationaliser son combat pour mettre l’Etat du Sénégal face à ses responsabilités.

 

Déception ! C’est le constat qui s’impose aux membres du Collectif des victimes de violences préélectorales, trois années après les événements de 2012. Ainsi, après avoir buté sur la ‘’mauvaise foi’’ d’un Etat qui se plaît à les oublier, ils entendent porter le combat à l’international. Face à la presse hier au siège de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO), il s’est agi de faire l’état de la mise en œuvre de la plainte des victimes de violences préélectorales de 2012 au Sénégal devant la Cour commune de Justice de la CEDEAO. Dans ce cadre, Me Abdoulaye Tine, avocat du Collectif, a informé que l’affaire revient à la Cour de justice de la CEDEAO, le 23 avril prochain.

Selon l’avocat, la prochaine étape consiste à saisir le Comité des Nations unies contre la torture, ensuite le Conseil des Nations unies pour les droits de l’Homme. Mandaté par le Centre pour la défense des droits humains de Pretoria en Afrique du Sud, le Docteur Horas a soutenu que ce combat appartient aux valeurs des droits humains. ‘’Les périodes électorales ne peuvent pas continuer à être un exutoire par lequel les dirigeants ouvrent la voie aux dérives marquées par des règlements de comptes’’, a-t-il déclaré. Il souligne que dans ce dossier, les processus national et international seront joints à travers un mécanisme de front commun. ‘’Cette affaire va laisser des traces, car nous amènerons devant la Cour de justice des victimes témoigner en direct. Les martyrs ne seront pas oubliés’’, dit le militant des droits humains.   

8 morts, 24 torturés et une piètre indemnisation

La présidente du Collectif, Rokhaya Gassama, est longuement revenue sur les points d’achoppement qui les opposent à l’Etat sénégalais. Elle est d’emblée partie du constat d’échec qui s’impose, trois années après ces malheureux événements qui ont fait 8 morts répertoriés par le Collectif et 24 victimes de torture. L’Etat du Sénégal a voulu donner une indemnisation forfaitaire, notamment 10 millions F CFA aux familles des personnes ayant perdu la vie et 4 millions F CFA aux victimes de tortures ou sévices. Ce qui n’est pas normal, de l’avis du Collectif qui réclame un traitement au cas par cas, comme le préconise la justice internationale.

Au lieu de régler le problème en entier, l’Etat du Sénégal s’est contenté de semer le trouble, regrette Mme Gassama qui renseigne que sur les 8 personnes tuées, 4 ont été indemnisées, les autres ont refusé. Parmi les personnes torturées, trois seulement ont été indemnisées. ‘’Il n’y a pas que l’indemnisation qui est réclamée, il y a aussi le souci de mettre fin à l’impunité dont bénéficient les auteurs de ces actes’’, a fait remarquer le président de la RADDHO, Aboubacry Mbodji. Le Collectif, qui entend se battre, promet de ne rien ménager pour atteindre ses objectifs.  

AMADOU NDIAYE

 

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