Publié le 19 Sep 2012 - 21:03
VISITE DES SITES INONDÉS

Après les eaux, les moustiques

 

Le Ministère de l’Intérieur a procédé hier à une visite des sites inondés pour constater l'évolution du plan Orsec. Du Cices au lac Thiourou, en passant par Grand-Yoff, Guinaw Rail Nord, Yeumbeul et Keur Massar, il y a eu une nette évolution de la situation, avec le système de pompage mis en place par les sapeurs-pompiers. Toutefois, les eaux ont laissé place nette aux moustiques.

 

Après les inondations, les populations de la banlieue doivent faire face aux moustiques qui ont trouvé refuge dans les maisons libérées des eaux. Oumar Fall est un jeune habitant de Grand Yoff. La taille élancée, ce trentenaire vêtu d'un tee-shirt jaune et d'un jean de couleur bleue se désole de la propagation des moustiques dans le quartier. ''Nous sommes vraiment fatigués, dit-il. Il faut que le service d’hygiène intervienne, parce que les moustiques nous fatiguent. Aujourd'hui, les centres de santé sont remplis des habitants de Grand-Yoff. Après l'évacuation des eaux, il faut pulvériser des insecticides contre les moustiques. Si le service d'hygiène n'est pas disposé à le faire, qu'on nous explique comment faire, nous nous le ferons''.

 

Dalifort : ''On entend des dons remis aux sinistrés...''

 

A Dalifort, la situation est pareille, sinon pire. Les populations demandent des moustiquaires pour se protéger du paludisme. ''Il faut pulvériser contre les moustiques. A peine sort-on des inondations qu'un autre problème survient. Comme il n'y a plus d'eau dans les maisons, les moustiques ont fait surface'', raconte Fatou Gning. En outre, la dame s'étonne de ce que les dons aux sinistrés ne leur soient pas parvenus. ''Nous n'avons reçu aucune aide, fustige-t-elle, à part ce plan Orsec. Tous les jours, on entend des dons remis aux sinistrés et jusqu'à l'heure où je vous parle, nous n'avons rien reçu''. De son côté, l'adjoint au maire de la commune de Dalifort, Alioune Sy, s'est réjoui de l'évacuation des eaux des maisons. ''Certes le problème n'est plus entier, mais il reste des choses à solutionner''. Selon l'élu, les sinistrés peuvent rejoindre leurs maisons, puisque ''les maisons ont été libérées, nettoyées et asséchées. Mais il faut qu'on pense à la sécurité de la population, en installant des poteaux électriques'', ajoute Alioune Sy.

 

Guinaw Rail : ''Une répartition très partisane des dons''

 

Ailleurs, à Guinaw Rail, le problème des inondations reste entier. ''Je déplore le manque de vivres et de non assistance aux populations de Guinaw Rail. Nous avons écrit aux autorités, en vain. Il y a des gens qui sont toujours dans les eaux et ont besoin d'assistance et d'un appui financier. Il faut des canalisations d'urgence. Nous n'avons même pas eu de carburant pour évacuer les eaux. Heureusement que les sapeurs-pompiers nous ont aidés'', a fustigé Assane Diop, le deuxième adjoint au maire de la commune de Guinaw Rail Nord. Et d'ajouter : ''Sur les 12 communes, 11 sont inondées et seules 51 personnes ont reçu 4 sacs de riz et de l'huile. C'est une répartition très partisane''. A Médina Fass, les habitants réclament des canaux et l'intervention du service d'hygiène pour éradiquer les moustiques. Teint noir, de petite taille, la dame Makane Diom a la cinquantaine bien sonnée. Cette mère de famille ne souhaite qu'une chose, des canaux pour évacuer l'eau. ''Nous vivons sous les eaux 12 mois sur 12. Il faut une canalisation. Nous n'avons pas besoin des dons dont on parle et que nous n'avons jamais vus. Nous voulons juste qu'on nous sort de ce pétrin'', déclare la dame.

 

Keur Massar : ''Le plan Orsec, c'est zéro''

 

A Keur Massar, la situation est différente. Les eaux sont toujours stagnantes et pourtant, une motopompe est à l’œuvre. Les populations sont ici exposées à d’énormes dangers. Selon Issa Ndione, enseignant de profession, emmitouflé dans son grand boubou de couleur dorée, depuis une semaine, il n'y a pas eu de pompage d'eau. ''C'est aujourd'hui que la motopompe a été allumée, dénonce-t-il. Ils ont juste attendu votre arrivée pour le faire. C'est pour cette raison que le niveau de l'eau a un peu baissé. Dans cette zone, le plan Orsec, c'est zéro. Nous ne l'avons pas senti. Il nous faut un canal''. Une thèse défendue par Ndiaga Ndiaye. ''Je viens de comprendre pourquoi la machine a été allumée. Rien n'a bougé ici. C'est du vrai cinéma. Ils attendent juste une visite pour faire évacuer l'eau. On ne sait même pas l'utilité de ce plan Orsec. Nous sommes exposés à des dangers à cause du manque d'électricité et des maladies'', a dit Ndiaga Ndiaye.

 

 

Viviane DIATTA

 

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