Publié le 15 Jun 2018 - 02:11
VISITE PHARMACIE NATIONALE D’APPROVISIONNEMENT

Dans l’univers du médicament

 

A la pharmacie nationale d’approvisionnement, c’est un travail de chaîne qui se fait. Après la réception et le stockage des produits, ils sont distribués dans les régions pour assurer l’accessibilité aux populations. Une visite hier de l’association des journalistes en santé population et développement a permis de découvrir l’univers du médicament.

 

Créée en 1954 pour répondre aux besoins médico-pharmaceutiques de l’Afrique Occidentale Française (AOF), la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement est devenue un service public. Elle dépend du Ministère de la Santé et de l’Action sociale. Sa mission principale est d’assurer aux populations l’accessibilité financière et géographique des médicaments et autres produits essentiels de santé. L’accessibilité financière implique que la Pna puisse acheter sur le marché national et international à des prix suffisamment bas pour assurer aux populations des médicaments de qualité à moindre coût. L’accessibilité géographique suppose la rationalisation de sa fonction de distribution de manière à ce que les populations, à travers les structures sanitaires publiques et les Pharmacies régionales d’approvisionnement (PRA), aient accès aux médicaments dans les zones géographiques les plus reculées du pays.  

Aujourd’hui, c’est un travail de chaîne qui se fait dans cette entreprise. ‘’La réception des stocks, c’est des procédures. Dès que le conteneur arrive, on fait le contrôle des stocks pour voir s’il n’y a pas des produits endommagés ou mouillés. Après cela, nous vérifions le numéro de stockage et les dates de péremption. On fait le pré-comptage’’, explique Docteur Ndèye Rokhaya Thiandoum, chef de la division réception, lors de la visite guidée hier, des locaux de la Pna à l’intention de l’association des journalistes en santé population et développement. Selon Dr Thiandoum, quand on découvre que des produits sont endommagés, ils sont conservés et détruits. ‘’Quand le produit est endommagé, on informe le fournisseur. Son représentant pays vient faire le constat avec nous. Mais on ne lui restitue pas le produit pour des raisons de sécurité’’, dit-elle.

282 médicaments distribués dans les centres de santé, 118 dans les postes et 52 dans les cases

Nous sommes au magasin central de la Pna. Dans ce lieu sont stockés tous les produits. Ils sont placés par lots. ‘’Le stockage se fait selon certaines normes. Tout dépend des médicaments et du nombre d’années. Il y en a qui sont ventilés, d’autres qui dans des chambres froides’’, explique Docteur Sokhna Gaye, chef du service gestion des stocks. A l’en croire, pour les produits anticancéreux, les produits sont achetés, selon les malades suivis dans les hôpitaux. ‘’C’est différent des médicaments de lutte contre le paludisme qu’on peut stocker pendant deux ans. Pour les anticancéreux, le stockage se fait selon la demande’’, informe Dr Gaye.

Tous les jours, la Pna livre les produits dans les régions demandeuses. ‘’Il arrive qu’une commande arrive le matin, et le soir, on fait la livraison. Nous faisons tout pour assurer l’approvisionnement des Pra’’, rassure-t-elle. Après le magasin central, nous sommes à la chaîne du froid. Dans ces chambres froides, explique le chef du service distribution, Dr Lam Toro Mamadou Seck, sont gardés tous les vaccins du pays. ‘’Dans l’année, pour chaque antigène, on reçoit deux stockages. Tous les types d’insulines, les réactifs, les anticancéreux de 2 à 8° se trouvent ici. Nous faisons une distribution compte de qualité avec les 964 produits que compte la gamme de la Pna. Nous délivrons 282 produits dans les centres de santé, 118 dans les postes de santé et 52 dans les cases’’, souligne-t-il.

 Baisse de plus de 50% des anticancéreux

Selon la directrice de la Pna, à l’unité de chaîne de froid, les conditions de stockage des produits thermolabiles sont importantes à respecter. ‘’La Pna met tout en œuvre pour que ces conditions de stockage, particulièrement pour les produits sensibles, soient respectées. Nous gérons tous les produits des programmes prioritaires (la tuberculose, le paludisme, le sida, la dialyse). Tous ces programmes prioritaires de santé de l’Etat sont intégrés dans le système d’approvisionnement de la Pna.  Nous faisons dans la prise en charge des maladies chroniques, mais aussi aujourd’hui, de plus en plus, dans les maladies non transmissibles’’, soutient Docteur Annette Seck Ndiaye.

 Selon elle, l’entreprise a introduit, depuis quelques années, de nouvelles molécules dans son portefeuille. Tout ceci pour rendre accessibles financièrement les médicaments essentiels. ‘’L’introduction des anticancéreux dans le secteur public est une nouveauté. Beaucoup de pays ne l’ont pas encore fait. Cela a permis d’avoir des baisses de prix de plus de 50% et de rendre de plus en plus accessibles ces médicaments, même si on sait que les personnes atteintes du cancer sont très vulnérables. Mais nous avons bon espoir, parce que lorsque le président a reçu la ligue, il a annoncé 1 milliard pour la prise en charge des médicaments du cancer.’’

Ce qui est important, souligne la directrice, c’est la prospective. Car, depuis quelques années, les stockages disponibles sont de plus en plus importants, la demande est forte, les structures sanitaires s’ouvrent et il faut répondre à la demande de manière adéquate. C’est la raison pour laquelle, soutient Docteur Seck, ils ont pensé à délocaliser leurs entrepôts pour aller vers le site de Diamniadio, destiné à la construction d’une nouvelle centrale d’achat. ‘’Il devrait être un bijou pour la sous-région, parce que le Sénégal est une plateforme importante dans la sous-région. Il est important que ces médicaments essentiels soient stockés dans les meilleures conditions. Nous ne ménageons aucun effort pour répondre à la demande des populations. Cette demande s’attache à trois principes et la disponibilité des produits en quantité suffisante dans les lieux adéquats’’, souligne-t-elle. Avant d’ajouter que le principe, c’est aussi l’accessibilité financière et également l’accessibilité géographique.

‘’Après la réception, explique-t-elle, il s’agit du transfert des produits dans les différentes régions du pays et ensuite de leur distribution au niveau des différents points de prestations de santé. C’est important que le médicament soit le moins cher possible, mais c’est encore plus important qu’il soit à l’endroit qu’il faut au moment où les populations en ont besoin. C’est dans ce cadre que nous avons plus d’une vingtaine de pharmaciens pour gérer et assurer l’approvisionnement et l’accessibilité.’’

VIVIANE DIATTA

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