Publié le 5 Nov 2019 - 20:46
VOL DE POTS DE VERNIS A EMG

Baba Ndao écope de 2 ans dont 3 mois ferme

 

Un apprenti-peintre, âgé de 20 ans, Baba Ndao, a comparu hier au tribunal d’instance pour vol au préjudice de la société Emg Universal Auto. Le gérant d’une quincaillerie, Arona Gaye, était également attrait à la barre pour recel du butin.

 

Des pots de vernis de véhicule, utilisés comme couche finale après la peinture, provenant de la société Emg Universal Auto, circulaient illégalement dans le marché. Un des employés de ladite société a remarqué ce fait bizarre et l’a signalé à ses supérieurs. Une enquête a alors été ouverte à cet effet. C’est à l’issue de cette dernière que les sieurs Baba Ndao et Arona Gaye ont été arrêtés. Devant le tribunal, le jeune de 20 ans n'a pas nié les faits pour lesquels il a comparu. Il a prétexté la maladie de sa mère et a déclaré qu'il n'avait guère le choix, parce qu'il devait prendre en charge l’intervention chirurgicale de cette dernière.

‘’Je sais que ceci n'explique pas mon acte, mais je demande pardon à la justice. C’était la toute première fois et je le regrette amèrement‘’, s'est-il excusé. Mais, selon l’enquête préliminaire, Emg se plaint des histoires de vols de pots de peinture et de vernis depuis un bon moment. Interrogé sur comment il a procédé pour dérober ces pots, il a expliqué qu'il est allé dans le magasin de stockage, a mis des pots dans un sac en plastique et est allé les vendre à Arona Gaye à 3 mille francs l'unité.

Le chef de sécurité à Emg a soutenu qu’un certain Tounkara a appelé son supérieur qui l’a informé à son tour. ‘’Il lui a dit qu'un individu volait des pots de vernis et de peinture pour les vendre. On s'est donné rendez-vous, Tounkara et moi, pour aller au magasin où il les revendait. Une fois sur place, il a acheté les 4 pots qui y étaient. Je lui ai, à mon tour, demandé s'il avait des pots de peinture pour camion ; il m'a dit qu'il n’en restait plus. Je suis sorti pour retrouver Tounkara qui m'a remis les pots que j'avais laissés dans ma voiture. Je suis retourné au magasin, pour lui demander quand est-ce qu’il aura de nouveau la peinture pour camion, il m'a répondu qu'il ne savait pas pour le moment, mais celui qui le lui livrait travaillait à Emg‘’.

Le chef de sécurité, prétextant en avoir besoin, a pris le numéro d’Arona Gaye qui ne l’a pas trop fait attendre. Il l’a, en effet, appelé le lendemain pour lui dire qu’il avait trois pots de disponibles.

 Arona Gaye nie pourtant, mordicus, connaître l'origine frauduleuse de ces pots de vernis. À l'en croire, Baba s'est présenté à son magasin avec une marchandise qu’il n’avait jusque-là pas vu sur le marché. ‘’Il me les a présentés comme des restants du matériel avec lequel il travaillait et m’en a vendu trois à 3 mille francs le pot. Le lendemain, un individu est venu me dire que les pots que j’avais appartenaient à Emg et qu'ils étaient en train de mener une enquête. Quand je lui ai dit que c’est Baba Ndao qui me les a vendus, il n'en croyait pas ses yeux. Au final, il m’a fait savoir que si c’était vrai, il n'aurait pas pu le faire seul‘’, a-t-il expliqué.

Le délégué du procureur n’est pas du tout convaincu par cette explication. ‘’On aurait pu comprendre s'il vous avez amené des pots déjà entamés. Il vous a amené 6 nouveaux pots. Vous avez juste opté pour la facilité à vos risques et périls‘’, lui a-t-il rétorqué avant de requérir l’application de la loi.

Le juge, lui, est intrigué par comment Baba Ndao est arrivé à dérober les pots. ’Vos supérieurs savaient que c’est vous qui voliez ces pots. Ils attendaient de vous prendre la main dans le sac. Ils avaient même placé quelqu’un spécialement pour vous surveiller, mais rien. Avez-vous des amulettes ou récitez-vous des versets coraniques pour passer incognito ?’’.   Tête baissée, Baba Ndao a répondu par la négative.

Son avocat, Me Iba Mar Diop, a plaidé une application bienveillante de la loi. L’avocat de la partie civile, Me Idrissa Cissé, a demandé que les prévenus restent dans les liens de la détention et a réclamé 5 millions à titre de dommages et intérêts. Car il estime que pour Baba Ndao, ‘’la maladie de sa mère évoquée est juste un prétexte et que ce moyen de défense ne peut être retenu, puisqu'il n’y a aucune preuve attestant de son état de santé’’. Pour Arona Gaye, il soupçonne de la mauvaise foi. Pour lui, le commerçant savait que la vente exclusive du produit en question est réservée à Emg. Il a acquis le produit par un tiers. C'était un achat douteux, pis, il avait connaissance que le pot se vendait à 12 mille F Cfa et lui, l'a acheté quand même à 3 mille F Cfa.  Les infractions sont caractérisées, les faits constants. Même si on n’a pas fourni de facture, le préjudice est énorme‘’, a-t-il indiqué.

L’avocat d’Arona Gaye n’est pas du même avis. Maitre Ndiogou Ndiaye pense que si son client ‘’connaissait l’origine frauduleuse des produits, il n'allait pas les exposer dans son magasin, il allait bien les cacher‘’. Il a demandé la relaxe de Gaye au bénéfice du doute.

Mais le tribunal ne l’a pas suivi et a déclaré les prévenus coupables de tous les chefs d’accusation pour lesquels ils comparaissaient. Il a condamné Baba Ndao à 2 ans dont 3 mois ferme et 6 mois avec sursis pour Arona Gaye. Il les contraint à payer solidairement 500 mille francs à Emg pour causes et préjudices.

FAMA TALL (STAGIAIRE)

Section: